Chapitre cinquante quatre : Orion
Ses yeux s'écarquillèrent sous la surprise. Elle pensait vraiment que je n'allais pas le deviner ?
Poussant un léger soupir sifflant, elle détourna ses yeux tandis que je me contentais de la fixer.
Après quelques secondes, elle ramena ses iris de flammes vers mon visage et prit une longue inspiration.
- Si tu savais que j'allais mourir, pourquoi t'es resté ? Il n'y a plus rien à faire pour moi, tu aurais dû aller aider la Princesse et le louveteau.
Elle avait du mal à parler mais elle faisait des efforts.
Pourquoi j'étais resté ? La question était intéressante. Peut être parce que je voulais voir les derniers instants d'une des plus grandes combattantes qui m'ait été donné de rencontrer ? Peut être pour amoindrir le poids de la culpabilité qu'Aeden allait ressentir après la bataille ? Ou peut être parce que, simplement, de façon incontrôlable et irrémédiable, j'étais tombé amoureux de cette dragonne énervante, sarcastique et d'une beauté à couper le souffle qui répondait toujours à mes provocations débiles ?
Je savais qu'aucune de ces réponses ne satisferaient la fière et puissante Sacha Epanastasi, aussi, je lui énonçais la dernière qui me restait.
- Peut être parce que, si j'étais à ta place, je ne voudrais pas mourir seul.
Une larme coula le long de sa joue. Comme à chaque fois que je me retrouvais confronté à une situation délicate, j'enfermais mes sentiments dans une bouteille que je cachais tout au fond de mon être. Ainsi, malgré le moment, je le vivais comme déconnecté et heureusement d'ailleurs. Je n'aurais pas supporter la scène autrement.
Attrapant l'une de mes mains, Sacha la serra fortement en plongeant ses yeux dans les miens.
- Tu sais le cabot, j'ai toujours dis que je n'avais pas peur de la mort ... mais maintenant que ça m'arrive ...
Sa voix se brisa. Laissant passer quelques secondes, elle prit une profonde inspiration en fermant ses paupières.
- Je suis contente que tu sois avec moi.
Au fond de mon cœur, la bouteille commença à se fissurer, menaçant de tout détruire sur son passage.
- Tu sais le cabot, je sais bien qu'on se déteste et tout ça mais ... est ce que tu peux rester là et me tenir la main ? Juste pour cette fois, le temps que ... tu sais ?
Les fissures s'agrandirent. D'un simple hochement de tete, je lui montrais mon accord. Me renvoyant un faible sourire, elle cala plus étroitement sa tête sur mon torse. Plusieurs minutes s'égrenèrent ainsi, tous deux main dans la main. Finalement, ce fut moi qui rompit ce silence.
- Je ne te déteste pas tu sais.
Elle rouvrit ses paupières et dans ses yeux, je pouvais y lire de l'amusement.
- Enfin, pas trop quoi.
Enfaite, je ne la détestais pas du tout! Comment j'aurais pu! Cette femme était parfaite pour moi. Elle et moi on était pareil. Des acharnés de la vie qui se méfiaient de tout et de tout le monde. Des êtres qui ne connaissaient qu'une seule manière de se protéger : en attaquant les premiers. On était toujours dans la confrontation, toujours dans l'attente du moment où, forcément, on nous trahirait. Elle et moi, on était deux âmes errantes qui avaient enfin fini par se rencontrer. Mais tout ça était en train de voler en éclat.
- T'as entendu les paris qui ont été lancé sur notre compte ?
Sur notre future relation. Elle voulait vraiment aborder ce sujet là ? Je me contentais de ne rien répondre.
VOUS LISEZ
Les Ombres des Mondes : la reine dragonne et le mercenaire noir
Paranormal« Mais dans quelle merde je m'étais encore fourrée ? ». Lorsque Astrid Vasilikos voit débarquer dans le cabinet vétérinaire glauque dans lequel elle travaille de nuit Auxanne Archigos, couvert de sang et de blessures, elle pense que son heure de mou...