Chapitre quarante six

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Chapitre quarante six : Astrid





Allongée sur l'herbe mouillée et fraîche, je sentais du sang s'écouler le long de mon visage. Les yeux rivés au ciel, la pluie battante qui tombait m'aveugla quelques instants. Léchant le sang qui maculait mes lèvres, j'allais me redresser lorsqu'une masse lourde s'abattît sur mes hanches tandis que deux mains fermes me soulevaient mes bras pour m'attraper les poignets pour ensuite les rabattre violemment sur le sol, m'ôtant ainsi toute mobilité.

Au dessus de moi, me cachant des nuages et de l'eau, Aeden me sourit avec satisfaction. Lui renvoyant un sourire sadique, je vis sa moue se faner et ses sourcils se froncer. D'un geste sec et maitrisé, j'envoyais ma tête vers l'avant pour infliger au loup un coup de boule magistrale. Effectuant un vol plané sur plusieurs mètres, le loup était assis sur le sol, sonné. J'allais me jeter sur lui pour l'immobiliser quand la cloche marquant la fin du combat retentit. Rigolant de façon spontanée et joyeuse, je regardais Aeden continuer de tenir son front entre ses mains. C'était la première fois que je terminais un combat debout alors j'étais plutôt fière de moi et en plus de mes capacités au combat, mes compétences d'ombre aussi se développaient. Depuis hier, ma peau était devenu aussi résistante que des écailles de dragon si bien que les coups physiques que je recevais voyaient leur impact amoindri tandis que les armes blanches rebondissaient carrément sur ma peau sans faire le moindre dégât.

Rien que de repenser à l'expérience que l'on avait dû faire pour déterminer ce fait fit repartir mon rire de plus bel.

J'étais dans la cuisine en train de préparer le dîner avec certains loups lorsque mon couteau avait dérapé sur mon doigt. Et il avait rebondi, partant valser sur le plan de travail. Alors bien sûr, à cause de la curiosité maladive des lycans, la meute avait décidé de voir jusqu'où s'étendait ma protection et si elle avait un point de rupture. Ils avaient commencé par des coupures aux bras à l'aide de couteaux de cuisine mais voyant leurs inefficacités, ils étaient passés à mes jambes, puis au hachoir, ensuite à mon visage, après avec une épée et des lames. En bref, ils s'étaient carrément éclatés avec mon corps tandis que moi je flippais de ouf au cas où ma peau redevienne transpersable. Et enfin était venu l'heure du dernier test : le lancé de couteau en plein entre mes deux yeux. Malheureusement pour moi, Sacha était parti je ne savais où et mon instinct de survie avait décidé de mettre les voiles. L'adrénaline parcourant mon corps, j'avais incité cette dernière épreuve. Sans surprise, beaucoup de monde s'étaient portés volontaire malgré le risque de me tuer : Orion, Honey, Awëna qui avait débarqué de je ne savais où et bien sûr, Aeden. D'après lui, c'était pour se venger de tous les coups vicieux que je lui infligeais aux entraînements. Avec cet argument que les autres avaient qualifié de « légitime », il avait été jugé juste que ce soit Aeden qui me balance le couteau. Alors, on allait pas se mentir, quand je l'avais vu se mettre en position, j'avais commencé à flipper. Le problème, c'était qu'en tant que femme forte et caractérielle, je pouvais pas revenir sur un truc que j'avais moi même initié, c'était totalement contraire à mes principes et en plus, ça me foutrait la honte devant tout un tas de loups garous sauvages et affamés. Du coup j'avais juste fermé ma gueule et mes yeux. Pendant longtemps. Tellement longtemps que ça avait été les exclamations des lycaes autour de moi qui m'avaient fait soulever mes paupières. Quelle n'avait pas été ma surprise lorsque, retourné à l'envoyeur, le couteau n'avait été maintenu qu'à quelques centimètres du visage d'Aeden que grâce à la main d'Auxanne. Ah bah putain, l'alpha avait rattrapé la lame juste à temps. Il avait de bons réflexes ce bougre.

M'enfin, le plus drôle restait quand même la tronche qu'avait tiré le mercenaire, la même qui l'affichait maintenant depuis qu'un match nul avait été déclaré suite à notre combat. C'était une expression à mi cheval entre l'ébahissement totale et la confusion. J'essayais tant bien que mal de calmer mon rire lorsque Cyriel, le loup cuisinier de la meute du Clair de Lune, siffla l'heure du repas. En un instant, tous les lycaes présents autour de moi et dans la cour disparurent pour aller s'engouffrer dans la salle à manger.

Les Ombres des Mondes : la reine dragonne et le mercenaire noirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant