Les Ombres des Mondes : la reine dragonne et le mercenaire noir

Chapitre trente neuf

Chapitre 39 : Astrid 

Avec ma lame, je parais son coup près de mon flanc droit puis celui visant mon flanc gauche. Une danse effrénée se jouait entre nous et elle ne me laissait même pas reprendre mon souffle ni me re positionner entre ses attaques. Elle était forte mais surtout rapide, aucun de ses mouvements n'étaient superflus ni sans effet. Mon épée me gênait tandis que, de son côté, sa lame paraissait être une extension de son bras. J'étais à bout de souffle alors qu'elle ne semblait même pas essoufflée, mon corps était strié d'entailles lorsque le sien n'arborait qu'un bleu sur sa pommette gauche, une blessure que je n'avais même pas causé! Cette fille était vraiment une guerrière aguerrie, limite un monstre.

J'étais en train de pester contre elle intérieurement, m'exprimer à haute voix étant littéralement impossible pour moi à cet instant tellement j'étais à bout de souffle lorsque Sacha s'accroupît au sol, pivota sur elle même une jambe tendu et me faucha aux chevilles si bien que je m'étalais par terre, mon dos claquant durement sur l'herbe. J'eus à peine le temps de relever la tête qu'elle se trouvait déjà sur moi, sa lame posée sur ma gorge en une menace simulée. Autour de moi, les loups qui assistaient à mon combat en pleine air rigolèrent et applaudirent la vainqueur et pendant quelques secondes, j'envisageais de leur balancer mon épée dans leurs gueules. Face à ma capitulation, Sacha m'aida à me relever en me tendant sa main. Remise sur mes jambes, je dépoussiérais mon legging couvert de saletés.

Cela faisait près d'une semaine que je m'entraînais à l'épée, au combat au corps à corps, aux lancées de couteaux et à l'activation de mes pouvoirs draconiens et bien qu'on pouvait observer une nette amélioration dans ma pratique de ces disciplines, j'étais loin, très loin, d'être du niveau de Sacha ou même des loups combattants, à dire vrai, je pouvais même pas tenir plus de cinq minutes dans un combat individuel. Dire que d'après Sacha j'étais sensée être là plus puissante dragonne de ces mondes ... Eh bien ils c'étaient bien gourés sur ce coup là! Nan mais sérieusement j'étais au bout de ma vie, j'avais des courbatures partout, des bleus sur tout mon corps, j'étais fatiguée de me lever à cinq heure du mat' pour finalement me coucher que vers minuit et plus que tout, j'en avais marre qu'on se foute de ma gueule à chaque fois que je finissais rétamé au sol! Mais quelle idée j'avais encore eu de vouloir combattre un tyran fourbe, et un sorcier qui plus est, qui maîtrisait mille et un tours de magie. Je levais mes yeux au ciel. J'étais limite déjà morte quoi.

Devant ma démotivation évidente, Sacha tapa dans ses mains avant de proclamer qu'il était temps pour moi de faire une pause. En nage et en sueur, je ne pris même pas la peine de bouger et m'assis directement dans l'herbe, là où je me trouvais. J'étais encore en train de chercher à reprendre mon souffle lorsque Aeden me tendit une bouteille d'eau. Levant mes yeux vers lui, je détournais bien vite le regard tout en prenant rageusement son offrande. Dévissant le bouchon, j'avalais de grandes lampées d'eau jusqu'à finir la bouteille.

Depuis près d'une semaine, j'avais décidé d'éviter Aeden comme la peste tandis que lui me suivait comme mon ombre car mon mentor dragon avait eu la brillante idée d'assigner ce maudit loup à mon entraînement au combat au corps à corps. Cependant, bien que la perspective de me faire passer à tabac par un presque inconnu, car bon, soyons réaliste, avec mon mètre cinquante et mes cinquante kilos les chances pour que je mette un loup d'un bon mètre soixante cinq et de soixante quinze kilos de muscles au tapis était faible, ce n'était pas ça qui me dérangeait le plus. Non, le plus embarrassant pour moi, c'était de me retrouver cloué au sol avec à califourchon sur moi un loup que j'avais failli embrasser il y avait moins de sept jours. Surtout que mon corps avait tendance à réagir au sien de façon très déplacé sachant que beaucoup de loups de sa meute nous regardaient combattre. Or, quand mon corps réagissait sans mon consentement, j'avais tendance à avoir des réactions violentes pour masquer ma gêne, réactions qui se traduisaient souvent par des coups placés sous la ceinture ou des gros coups de boule en plein dans sa tête qui me sonnaient plus moi que lui.