Chapitre trente huit

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Chapitre 38 : Magnus



J'entendais en écho la foudre s'abattre près du château, l'orage gronder et le vent souffler si fort que toute la bâtisse en tremblait. Autour de moi, tout n'était que ténèbres et désordre mais cela ne me dérangeait guère. Cela devait faire des heures voir des jours que je me trouvais dans ce souterrain secret et miteux à chercher parmi tous ces cartons et ces ouvrages un indice pouvant me mener au trésor des dragons.

Pendant près de dix décennies, j'avais cherché et convoité son pouvoir et enfin, je touchais à présent au but. Et pourtant... Dans un grand fracas, j'envoyais valser les objets et les meubles près de moi tout en poussant un hurlement de rage. Cela faisait près de vingt cinq ans que j'avais pris possession de ce putain de château, et malgré toutes mes recherches, malgré le fait que j'ai fouillé tout ce tas de pierre de fond en comble, je n'arrivais pas à mettre la main sur ce foutu trésor.

J'étais en pleine crise de nerf et de colère lorsque j'entendis la porte de la salle grincer. Ne prenant même pas le temps de distinguer la silhouette qui s'avançait vers moi, je lui envoyais une décharge électrique qui la fit retourner à l'état de poussière. Reprenant mon souffle, je tentais sans grande conviction de maîtriser mes pouvoirs. Près de moi, se répandant dans la pièce tel des serpents, des éclairs blancs, des flammes bleues et de fines paillettes rouges m'entouraient. Face à moi, descendant tout juste les escaliers de béton, une ombre à la forme humanoïde ploya un genou en courbant l'échine. Cherchant dans les méandres chaotiques et désordonnés de ma mémoire l'identité de cet être, rien ne me parvint mais au vu de l'attitude qu'il adoptait envers moi, il devait être l'un de mes sous fifres, aussi je décidais d'attendre qu'il me livre ses informations avant de le tuer.

Fixant sur son cou un regard glacial et hanté par la folie, il frissonna avant de commencer son rapport, ne prêtant même pas un regard aux cendres de son ancien comparse.

- Mon seigneur, pardonnez cette intrusion mais la princesse Meldy m'a demandé de vous transmettre le rapport de son espion. D'après lui, l'héritière au trône d'Ouranos, alliée à l'armée céleste et à certains lycaes, aurait décidé de guerroyer contre vous en fin d'hiver.

Avec le temps, il me devenait de plus en plus difficile et suivre une conversation et encore plus de me souvenir de mes actes ou des personnes que j'avais pu croiser au fil des siècles.

- L'héritière au trône d'Ouranos ?

D'après le peu que je me rappelais, l'armée d'Ouranios était une sorte de groupe révolutionnaire qui refusait mon autorité et chercher à me reprendre le trône. Leur niveau de dangerosité était si peu important qu'un unique geste de ma main aurait suffit à tous les tuer. Un simple rassemblement de vermines sans importance. Cependant, je n'avais aucune idée de l'identité ni des pouvoirs de cette prétendue princesse.

- Astrid Vasilikos, la fille du roi Davidson Vasilikos.

À la simple mention de son nom, la douleur fantôme venant de mon bras droit arraché se réveilla. Si il y avait bien un adversaire que je ne pourrait oublier, c'était bien ce roi dragon. Je ne me rappelais plus vraiment des détails, je me souvenais juste qu'une rumeur sur un mystérieux trésor aux pouvoirs infinis caché dans le château d'Ouranos m'avait conduit devant ce souverain aux ailes rouges. J'étais entré dans sa demeure, j'avais sûrement tué tous ses gardes et massacré certains de ses sujets et c'était ainsi qu'il était apparut devant moi, fou de rage. Je me souvenais d'avoir perçu son aura meurtrière autour de son corps et d'avoir vu ses ailes rougeoyer et se déployer de manière menaçante derrière lui. Le combat entre nous, j'en gardais presque aucun souvenir, il ne me restait que des sensations. Mes poils qui se hérissaient sur mes bras, les frissons que je ressentais sur ma colonne vertébrale, cette puissance écrasante, ce souffle brûlant, une sensation de douleur extrême.

Au terme d'un combat féroce, ce fut moi qui remporta le duel. Je me souvins encore qu'il m'avait fallu près d'un mois pour récupérer l'entièreté de mes pouvoirs. Mais mon bras lui... son souffle de feu me l'avait carbonisé, si bien qu'aucune magie dans ces mondes n'avait pu me le restaurer. Aujourd'hui, un bras mécanisé remplaçait mon ancien membre droit, réduisant considérablement l'usage que je pouvais faire de ma magie. Alors comme ça, cet adversaire maudit avait une descendance. Qu'elle vienne, je lui ferais subir le même sort que son père, je lui couperais la tête. Mais n'était ce pas le cœur que j'avais arraché à Davidson ? Cette époque de ma vie était trop vague dans mon esprit.

Cela faisait quelques temps que je divaguais lorsque je remarquais que mon admirateur n'avait ni quitter sa place, ni sa position de soumission. Arrêtant d'arpenter la pièce de long en large, je me plantais devant ce pauvre serviteur en arborant un sourire cruel. Derrière moi, mon pouvoir s'échappait de mon corps et se condensait à tel point que ma magie commença à prendre forme humaine telle une ombre maléfique. Devant moi, l'homme commença à trembler et à suer et j'attendis patiemment plusieurs minutes, me régalant de sa souffrance et de sa peur avant de me pencher à son oreille et de lui murmurer d'une voix désincarnée et vide d'émotion.

- Petit être insignifiant, n'ai je pas débourser des sommes folles pour me payer une ribambelle de mercenaires sanguinaires à la demande de Carrie la Voyante ?

D'une voix suintant la terreur et chevrotante, mon jouet répondit en chuchotant.

- Si mon seigneur.

- Alors va annoncer aux combattants qu'une guerre se tiendra cette hiver et qu'une coquette somme sera versé aux soldats qui se montrerons les plus violents.

Je ménageais une pause dans ma tirade avant de prendre une voix grave et menaçante.

- Et va aussi dire à Meldy que la prochaine fois qu'elle me dérange dans mes recherches je lui arrache les membres.

Apeuré, l'être surnaturel détala hors de ma vue à une vitesse folle et pendant son ascension des escaliers, j'en profitais pour rappeler ma magie dans mon corps, faisant ainsi disparaître ma création menaçante.

De nouveau seul, je me re concentrais sur ma quête du trésor draconien, oubliant bien vite la prétendue menace qui pesait tel une épée de Damoclès au dessus de ma tête. Après tout, j'étais Magnus l'Ensorceleur, un être immortel qu'aucune arme ni aucun pouvoir ne pouvait supprimer et sûrement l'une des plus vielles et des plus puissantes Ombres ayant jamais foulée les mondes. Qu'est ce qui pouvait m'arriver, qu'un être arrive à me tuer ? Si seulement.

Les Ombres des Mondes : la reine dragonne et le mercenaire noirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant