Cela faisait un mois. Un mois que John était enfermé dans sa chambre. Son père avait installé toutes sortes de verrous à sa porte et des barreaux à sa fenêtre. "Tu ne retourneras pas dans cette foutue école !" avait-il dit. John ne pouvait sortir que deux fois par jour pour utiliser la salle de bain, pas plus, et Harry lui glissait deux repas sous la porte à midi et en fin d'après-midi.
La voisine, Mrs Figg, s'était inquiétée de voir ces barreaux de fer depuis la maison d'en face. Elle avait alors toqué chez les Watson. Vernon avait demandé à Harry de servir le thé et avait expliqué que John avait tenté d'escalader le mur par la fenêtre et qu'il s'était blessé : c'était pour s'assurer qu'il n'aurait plus ce type d'accident il avait mis des barreaux. Elle avait entendu des bruits sourds à l'étage, alors qu'elle racontait au père Watson qu'elle avait enfin retrouvé son chat, prénommé Gris-chat. Mais Vernon l'avait rassurée en affirmant que c'était leur chat à eux qui faisait du grabuge. Mrs Figg n'avait pas posé plus de questions et était retournée chez elle.
Et John avait passé un sale quart d'heure.
Cela s'était produit le jour même de l'anniversaire de John. Ce fut comme tous les autres depuis le début des vacances. Comme à chaque fois après s'être fait battre par son père, il s'assit en face de la fenêtre et tenta de voir ce qu'il se passait dehors. Un groupe de garçons passait sur le trottoir, à bord de skateboards. Mrs Figg, à l'opposé de la petite rue, s'affairait dans son potager, un chapeau de paille posé sur ses cheveux gris.
Harriette avait invité son amie Clara à passer la semaine à la maison et toutes deux jouaient joyeusement dans le minuscule jardin. Elles levèrent brusquement la tête en hurlant quand un hibou gris frôla leurs cheveux et se posa devant la fenêtre de John. Il apportait diverses lettres, l'appledore - un journal auxquel Sherlock lui avait conseillé de s'abonner, donnant des informations sur tout et rien, et rapportant tous les meurtres et les scandales imaginables.
A son grand étonnement, Molly, Greg et Philip lui écrivaient pour lui souhaiter un joyeux anniversaire. Pourtant il ne leur avait rien dit quant à sa date de naissance - ni de son adresse, d'ailleurs. En parcourant les lettres, un sourire idiot aux lèvres, il appris que Sherlock l'avait dit à tout le monde (il ne voyait pas l'intérêt de l'anniversaire, mais il savait que cela ferait plaisir à John) et que lui-même l'avait déduit on ne sait comment.
Sherlock avait également écrit une lettre mais qui ressemblait plutôt à une thèse sur "pourquoi fêter ses 365 jours d'existence de plus, c'est idiot, pourquoi ne pas le faire tous les jours, tant qu'on y est ?" mais l'intention lui fit chaud au cœur. La lettre mentionnait également que Jim lui souhaitait un heureux anniversaire mais qu'il ne pouvait pas envoyer de hibou car sa famille d'accueil l'avait jeté à la rue et qu'il allait probablement se retrouver dans un de ces orphelinats qui ressemblent à des camps de concentration.
Il consulta l'appledore. Un article parlait encore des "exploits de Sherlock Holmes et son acolyte Joan Watson".
John, songea-t-il. John pas Joan.
Dans les gros titres un autre attira son attention.
James Moriarty señor et Mélody Moriarty condamnés à mort
Il fronça les sourcils et lut l'article. Il se souvenait de ce que Sherlock avait dit à propos des Moriarty : ils avaient pactisé avec l'Ombre. Selon l'article, lors des procès qui avaient suivi l'arrestation de l'Ombre, Mme et Mr Moriarty avaient prétexté être soumis au sortilège Impérium. Ils avaient cependant été enfermés à Azkaban et avaient plus tard affirmé que les mangemorts avaient menacé leur fils, Jim. L'enquête avait alors été rouverte et ils avaient tous deux été condamnés à mort.
John tentait de comprendre pourquoi ils avaient été finalement condamnés quand Harry toqua furieusement sur la porte.
"Je sais que tu as reçu du courrier ! Je vais le dire à papa !"
"Et moi je vais lui dire que tu fumes et que tu bois avec tes potes !" répliqua John.
"Il ne te croiras pas."
§Harry avait raison. Quand Vernon rentra du travail, après un détour au bar, il brûla les lettres devant John et le priva de repas. Harry ricana derrière la porte en compagnie de Clara. John ne parvint pas à s'endormir. Il resta longuement assis face à la fenêtre, tirant avec fureur sur les barreaux ; il savait bien qu'il ne pourrait pas les retirer, mais au moins il se défoulait. Il avait envie de hurler. Il frappa les barreaux avec son poing puis se jeta dans son lit.
Un bruit de moteur se fit entendre dehors, mais il n'y prêta aucune attention, occupé à serrer son oreiller comme pour l'étrangler. Mais quand une lumière blanchâtre inonda la chambre, il fut bien obligé de regarder par la fenêtre et se trouva nez à nez avec un vieux taxi londonien. Sherlock passa la tête par la fenêtre :
"Prends tes affaires."
John resta figé un instant, puis ses habitudes de l'année précédente revinrent et il assembla ses affaires. Pendant ce temps-là, Sherlock avait accroché une corde autour des barreaux. Il fonça à toute vitesse pour les déloger, dans un boucan pas possible. De crainte que son père ne débarque, il renversa son placard devant la porte.
Les barreaux sautèrent et Sherlock revint, manœuvrant la voiture plus ou moins bien. Vernon toqua furieusement à la porte.
"HAMISH !"
John fourra ses maigres bagages dans la voiture et sauta à l'arrière. Vernon parvint à enfoncer la porte et se précipita vers la fenêtre défoncée, mais la voiture était déjà loin de Privet Drive. John se glissa entre les sièges pour rejoindre le siège passager comme l'aurait fait un certain Deadpool dans un univers parallèle.
Il se mit à rire nerveusement. Lorsqu'il regarda par la vitre, il vit défiler sous eux les toits des maisons de Londres. Ils s'approchèrent du cœur de la ville.
"Où on va ?" demanda-t-il.
"Chez moi."
La voiture perdit peu à peu de l'altitude et se posa dans une rue bordée par des maisons similaires. Sherlock se gara et sortit de la voiture. John le suivit, emportant son sac. Le brun lui montra une porte noire.
"Le 221b Baker Street."
[Oui, je sais : j'avais dit que je publierais bien plus tôt... Vraiment désolée !
Dans le prochain chapitre, comme vous l'avez compris, on verra enfin le 221B Baker Street ! (qu'on a toujours pas vu depuis le début de cette fic.)
A très bientôt ;)]
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Les chants de la Mort - Sherlock fanfiction
FanfictionJohn a toujours été un jeune garçon tout à fait normal. Alors qu'il mène sa vie à Privet Drive, il ne se doutait pas qu'une lettre mystérieuse allait faire basculer son existence. En effet : il apprend qu'il est un sorcier ! Est-ce une mauvaise blag...