Les badges toujours mal orthographiés "Sherlock le psycopate" étaient, semblait-il, revenus à la mode.
Si seul, Anderson faisait aussi peur qu'un pigeon dans un parc, quand tous les élèves de l'école se mettaient contre Sherlock, qui désormais était seul, c'était toute une autre histoire. Dans chaque couloir on parlait de lui et il lui arriva une ou deux fois dans la semaine d'être pris au piège par Sally, Philip et quelques dernières années avec qui ils s'entendaient bien, et une fois il en ressortit avec des bleus.
Mycroft, alarmé par les commérages qui fusaient sur son frère, avait tenté de lui apporter de l'aide, mais les Holmes ne changent pas : Sherlock l'envoya balader tout en lui faisant remarquer qu'il avait pris du poids.
Bien sûr, Sherlock n'en avait rien à faire. Ce qui lui faisait le plus mal, c'était de ne pas sentir la présence de John trottiner derrière lui en lui disant de ralentir parce que contrairement à lui il avait de petites jambes.
John, lui, passait tout son temps avec Mike Stamford, un Poufsouffle avec qui il s'était trouvé un intérêt commun pour la médecine.
Le samedi de la première semaine, Mike et John s'installèrent dans la tour du clocher et discutèrent des B.U.S.E. Stamford angoissait parce que les années précédentes il avait négligé ses études et que la médecine, chez les moldus comme chez les sorciers, était un art rigoureux.
"Ça va aller, le rassura John. Si tu te mets à fond maintenant, il n'y a pas de raison que ça foire."
"Tu ne comprends pas : quatre ans que je suis ici et je n'ai jamais réussi à lancer stupéfix. Tout le monde n'a pas tes talents à toi, ni ceux de Sherlock Holmes. D'ailleurs vous ne vous parlez plus ? Ma mère m'a dit de l'éviter. C'est une mauvaise influence, il n'a pas une très bonne réputation et puis à ce qu'il parait, c'est un salopard, et un inverti en plus. Si tu veux percer dans la médecine, il ne vaut mieux pas qu'on t'associe à lui."
Il fallait dire que, malgré la légalisation des mariages homosexuels en Angleterre depuis le 17 juillet 2013 chez les moldus, les sorciers ne voyaient pas cela d'un très bon œil. Ce type de mariage était encore interdit, et ces couples haïs par la communauté des sorciers. (Et je suis navrée de vous dire qu'il le serait encore pendant vingt-deux longues années, mais fermons la parenthèse, car nous verrons cela bien plus tard et je tiens à dire qu'il y aura justice.) En fait, cela était considéré (à tort) comme une pratique noire.
"Tu as peut-être raison."
"Tiens, quand on parle du loup ! le voilà !"
Sherlock passait justement à quelques mètres d'eux. Anderson, assis sur un muret, sauta de son perchoir et le bouscula. Sherlock sortit aussitôt sa baguette et la pointa sous le menton de Philip, mais Ombrage apparut dans un toussotement. Sherlock rangea sa baguette, lança un regard meurtrier à Anderson et suivit la petite femme.
"Je plains tes pauvres parents, lança Anderson. Avec des gosses pareils, ils doivent avoir tellement honte ! Et en plus ils n'auront même pas de petits enfants pour rattraper le coup !"
Anderson se préparait déjà à tout raconter à ses amis, quand Mycroft lui fit face. Il se tut aussitôt. Mycroft le saisit par le nœud de la cravate et le plaqua contre un mur.
§
Sherlock entra dans le bureau d'Ombrage et se retint de vomir en voyant tout ce rose et ces portraits de chatons. Bien que rose à un point effrayant, cet endroit lui apprit de nombreuses choses sur Ombrage. Par exemple, les crayons alignés, rangés par taille sur son bureau, témoignaient qu'elle adorait l'ordre et la discipline.
Sur le bureau trainaient trois dossiers, l'un sur Mycroft, l'un sur lui-même, et un troisième caché en-dessous.
La petite femme l'invita à s'asseoir sur un petit bureau à l'écart, où se trouvaient une plume rouge sang et un bout de parchemin.
"Mr Holmes. Ces dernières années, vous avez causé beaucoup de tort au monde des sorciers. Il faut que vous vous ressaisissiez vite, ou l'école sera forcée de vous expulser. Je sais que c'est dur pour vous : votre enfance a été horrible... Tous ces malheurs, tous ces mensonges... Et ce qui est arrivé à Euros..."
Elle parcourut distraitement le troisième dossier sur la table. Il était marqué d'un tampon "dossier confidentiel".
"Vous n'avez pas le droit d'avoir ce dossier !" s'emporta Sherlock.
"A vrai dire, non, mais vous savez tout comme moi qu'il est parfois nécessaire d'enfreindre les règles."
Sherlock la fixa d'un regard sombre qui aurait fait flancher tout le monde, même John qui le connaissait pourtant bien, mais qui n'atteignit nullement Ombrage.
"Avec tout ce qui vous est arrivé, Sherlock, poursuivit-elle, il n'est pas étonnant que votre santé mentale en soit grandement affectée."
"Je vais très bien." dit-il alors qu'il n'en était lui-même plus très sûr.
"Allons, voyez les choses en face. Vous enfreignez les règles, vous cherchez les ennuis : vous avez besoin de vous faire remarquer, d'exprimer ce que vous ressentez. Vous vous obstinez à croire que nous sommes vos ennemis. Vous pensez que ce qui est arrivé à Euros est de notre faute, mais c'est faux. J'ai vu dans ces rapports que vous et elle étiez très proches. Et puis il y a... vos penchants. Elle aussi avait cette maladie. Elle sortait avec Myrtle Elizabeth Warren, dont le fantôme est toujours à Poudlard, Mimi Geignarde, je crois que c'est ainsi qu'on l'appelle. Elle sera chassée d'ici peu afin d'éviter d'influencer les élèves."
Sherlock resta muet, les lèvres tremblantes d'une fureur contenue.
"Le fait que vous étudiez les Reliques témoigne de votre envie de venger Euros. Mais toute cette histoire est finie, et vous devez tourner la page. Vous pouvez parler à des adultes de vos problèmes, nous, les professeurs, sommes là pour ça. Sachez en tout cas que vous pouvez me parler. Il y a aussi des spécialistes qui pourrait apporter leur aide si vous en ressentez le besoin."
Ses mots brillaient d'une bonté malfaisante. Elle se pencha vers lui, les yeux rivés sur son pendentif.
"Vous allez me faire copier des lignes ?" fit-il mine de s'étonner pour l'éloigner. A vrai dire, il s'attendait à plus terrible. Beaucoup plus terrible.
"Oui. Vous allez écrire : 'je ne dois pas mentir'. Cela sera un bon début pour votre renouveau."
Sherlock nota qu'elle ne lui avait pas donné d'encre, mais vit à son regard qu'elle le savait déjà. Il se mit donc à écrire Je ne dois pas mentir.
§
Sherlock, assis dans un coin que peu d'élèves connaissaient, les genoux contre son torse secoué de sanglots, examinait ses mains. Je ne dois pas mentir. Je ne dois pas mentir. JE NE DOIS PAS MENTIR. Partout, gravé à l'encre rouge sang sur sa peau tremblante.
Il agrippa ses cheveux et se concentra pour chasser ces mots qui semblaient s'imprégner au fer rouge dans son esprit, laissant une marque brûlante.
Je ne dois pas mentir.
Il prit un bout de parchemin et la plume qu'il avait volée en espérant s'en servir de preuve. Il dessina un triangle et sentit sa peau se fendre pour reproduire son croquis. Puis un cercle. Et un trait. Sherlock accueillit cette douleur bienvenue.
Je ne dois pas mentir. J'ai tué Mary. J'ai fait du mal à John.
Avec les Reliques je peux ramener Mary. Pour John.
Reliques... Reliques...
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Les chants de la Mort - Sherlock fanfiction
FanfictionJohn a toujours été un jeune garçon tout à fait normal. Alors qu'il mène sa vie à Privet Drive, il ne se doutait pas qu'une lettre mystérieuse allait faire basculer son existence. En effet : il apprend qu'il est un sorcier ! Est-ce une mauvaise blag...