John regardait le ciel morne au travers de la fenêtre striée de solides barreaux de fer. Dehors, la route inondée s'était métamorphosée en un torrent brunâtre, la pluie cognait aux vitres et les nuages plongeaient Londres dans l'obscurité. Des visages inconnus dansaient sur le trottoir, cachés sous des parapluies colorés. Le doux clapotis dans la gouttière était comme une douce mélodie, parfois interrompue par une voiture qui passait à toute vitesse dans un éclat d'eau boueuse.
Il renifla douloureusement, réprimant un tremblement. Il tenait dans sa main, dont le poignet était meurtri une trace rouge, un torchon imbibé d'eau froide qu'il maintenait contre son œil gonflé. Sa gorge était serrée par un sanglot contenu et sa respiration vacillait incontrôlablement tant il était essoufflé. Les larmes et le sang brouillaient ses yeux et masquaient le portrait gris qui s'étendait au dehors.
Le liquide rouge perlait sur ses jambes et ses joues, gouttait et dessinait une flaque à ses pieds. Il imbibait les cahiers déchirés, les photos tombées de son bureau et ses draps violemment arrachés de son lit, quelques heures plus tôt. Il saignait ? Tant mieux, il ne voulait pas de ce sang répugnant dans ses veines. Il haïssait ce sang ; il haïssait son être entier !
Il se leva, avança d'un pas, tituba, trébucha dans le lit avec un cri de douleur qui se bloqua dans sa gorge sèche. Il avait faim, il avait soif, il avait mal, tellement mal. Il s'écarta du lit souillé comme s'il était brûlant et se recroquevilla sur lui-même, près de sa commode.
Il entendit le flot de la douche couler dans la pièce voisine. Harry été partie de la maison huit mois plus tôt, et si Vernon prenait une douche, alors la voie était libre.
John puisa dans ses dernières forces et fonça d'un pas bancal vers la porte. Chaque pas lui arrachait un gémissement désespéré. Il tira comme il le pouvait sur la poignée, tapa sur la porte, tira de nouveau. Tous ses espoirs s'envolèrent. Verrouillée.
Il se laissa tomber contre la porte dans un gémissement de désespoir.
Vernon avait fini de se doucher, il avait laissé sa chance passer sans parvenir l'attraper. John entendit quelqu'un toquer, des pas lourds descendre l'escalier, puis quelques voix, et un bruit sourd, sûrement la porte qui se referme violemment. Sans doute Mme Figg, la voisine, venue vérifier sans trop de volonté que tout allait bien car elle aurait sûrement entendu du bruit dans la nuit.
Il entendit de nouveau des pas dans l'escalier, puis la porte qui se déverrouille. Fou de panique, John rampa vers le fond de sa chambre, sachant pourtant bien qu'il ne pourrait échapper à son père. La porte s'ouvrit en grand, il attira ses jambes contre son torse et ferma fortement les yeux.
Il tenta de penser à sa mère, sa mère qui le prenait dans ses bras, sa mère qui lui parlait, sa mère qui lui chantait des berceuses, certain de ressentir à nouveau la douleur.
Mais ce ne fut pas la douleur qu'il ressentit.
On posa un manteau sur ses épaules égratignées, on y enveloppa son corps dénudé et on l'enlaça avec une douceur infinie. Il sentit des lèvres embrasser ses cheveux.
"John. C'est fini, tout est fini."
Il ouvrit les yeux et vit le visage angélique de Sherlock penché au-dessus de lui.
"Il ne te fera plus jamais de mal. On va à Baker Street, d'accord ?"
"Sherlock !"
Il sanglota dans les bras de Sherlock qui tentait tant bien que mal de le rassurer et qui lui murmurait qu'il était désolé d'avoir pris autant de temps.
Il l'aida lentement à se rhabiller et à panser ses blessures.
"Pourquoi est-ce que tu es là ? demanda John de sa voix encore brisée qui attendrit le brun. Tu n'es pas en danger ?"
"J'ai réglé une affaire à laquelle j'aurais dû m'intéresser bien plus tôt."
En effet, Vernon Hamish Watson allait avoir des ennuis considérables avec la justice. Et il allait surtout avoir besoin de soins d'urgence. Il était malencontreusement tombé par la fenêtre...
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Les chants de la Mort - Sherlock fanfiction
FanfictionJohn a toujours été un jeune garçon tout à fait normal. Alors qu'il mène sa vie à Privet Drive, il ne se doutait pas qu'une lettre mystérieuse allait faire basculer son existence. En effet : il apprend qu'il est un sorcier ! Est-ce une mauvaise blag...