Année V, Chapitre 7 : La fille qui aimait les secrets

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Sherlock feuilletait un épais carnet de notes dans lequel s'entreposaient les photos, articles de journal et notes qu'il avait décrochés des murs de sa chambre à la fin des vacances d'été. Devant lui, il avait planté un bâton dans la neige et y avait mis le feu, à l'endroit exact où se trouvaient autrefois les ruches qu'Ombrage avait fait incendier. Il avait fait une petite cérémonie en l'honneur des abeilles victimes de ce génocide et avait été surpris de voir, en plus d'Hagrid, John, Greg et Molly assister aux funérailles.

A présent ils étaient tous partis, hormis Crockdur qui réchauffait le brun, affalé contre lui. Sherlock fumait sa dernière cigarette (Ombrage avait confisqué toutes ses réserves) et elle se consuma bien trop vite selon lui.

Crockdur avait quitté les lieux depuis plus d'un quart d'heure quand Sherlock entendit :

"Qu'est-ce qu'ils ont de si spécial, cette baguette et ce... pendentif ?"

Sherlock sursauta et vit qu'Irène Adler, une Serpentard de dernière année, regardait son journal par-dessus son épaule. Sherlock se demanda ce qu'elle avait bien pu voir dans son carnet. Elle portait un manteau blanc, des gants en cuir noir et ses lèvres étaient d'un rouge cerise. Elle prit le pendentif dans sa main avant de fixer Sherlock.

"Tu es une Legilimens." devina Sherlock.

Irène sourit en s'asseyant près de lui.

"Ne lis pas dans mes pensées." fit Sherlock.

"Est-ce que ça contrôle... le temps ? ou c'est une pierre philosophale ?" chercha Irène tout en s'approchant de lui pour déceler la réponse dans ses yeux.

Elle fronça les sourcils :

"Je n'arrive pas à lire dans ton esprit." bouda-t-elle.

"Moi je n'ai pas besoin de lire dans ton esprit pour voir que tu es une manipulatrice, que tu aimes faire de la peinture et que tu crois à ces âneries de la divination."

Irène se leva ; Sherlock crut en être débarrassé, mais elle porta son attention sur les photos dans le carnet qu'il referma immédiatement.

"Faisons un jeu, exigea-t-elle. Si j'arrive à deviner tes secrets, tu me payes un verre et tu me parle de tout ça."

Elle tapota la couverture du cahier. Sherlock, peu convaincu, lui fit signe de se faire plaisir.

"Sherlock Holmes... Tu es anorexique, drogué, tu sors d'une dépression. Tu aimes t'habiller élégamment, tu fais attention à ton apparence mais tu refuses de porter la cravate sûrement parce que tu trouves que c'est une métaphore du chien en laisse qui obéit à son maître et que ça correspond plus à ton frère. Tu crois en un être supérieur, à savoir toi-même ; et tu as peut-être raison quand on voit tous les idiots autour de nous. Et tu adores les animaux, parce que eux, au moins, ils sont intelligents."

Elle regarda Sherlock de haut en bas pour voir si elle avait oublié quelque chose.

"Je sais que tu étais amoureux de John Watson. Ça se voyait dans ton regard et aussi à la manière dont tu baissais ta chemise quand il était avec toi. Sauf que tu as tenté de te débarrasser de tes sentiments grâce à la plume d'Ombrage. Au plus on écrit avec, au plus ce qu'on écrit nous obsède."

Sherlock vit que sur la main d'Irène était écrit : "Je ne dois pas m'approcher des garçons."

"Tu as dessiné ce symbole pour te focaliser dessus. Qu'est-ce que c'est ?"

"Tu n'as pas dévoilé tous mes secrets." dit Sherlock.

Irène sourit et s'installa sur un tronc renversé, en face de lui.

"Tu étais amoureux de Jim Moriarty. Moi aussi, à une époque. Mais il n'avait d'yeux que pour toi... Aujourd'hui tu lui en veux, mais lui aussi dessinait sans arrêt ce symbole. Oh, je sais ! La Baguette pour le trait, la cape de Mycroft pour le triangle... la pierre à ton cou pour le cercle."

"Comment sais-tu pour Levi ?"

"Eh bien... Une fois elle nous a surpris moi et My."

Sherlock roula des yeux en riant. Cette fille était plutôt intéressante, pour le moment.

"Et je suppose que tu prévois de chasser le deuxième Holmes. Puisqu'on est réputés insensibles."

"Les trois Holmes !"

Ce fut au tour de Sherlock de froncer les sourcils.

"J'adore les secrets, confia Irène. Jamais je n'en ai révélé un seul. Par contre je les déniche souvent. Tu me dois un verre."

§

Ainsi, Irène Adler, la fille la plus détestée de Poudlard parce qu'elle volait les petits amis (et petites amies à l'occasion) de tout le monde, et Sherlock Holmes, le garçon le plus détesté de Poudlard parce qu'il n'aimait personne, allèrent au bar d'Angelo pour boire un verre.

"Tu as conscience qu'on est mineurs et qu'on n'a pas le droit de boire de l'alcool." souffla Sherlock.

Quand Angelo passa pour leur demander leur carte d'identité, Irène montra un papier blanc et Angelo paru satisfait.

"C'est un artefact : il montre ce que je veux que l'on y voie, expliqua-t-elle. Alors ? Tu m'expliques."

"Très bien..."

§

Irène n'avait pas dit un mot pendant tout le récit de Sherlock et s'était contentée de boire à petites gorgées dans son verre, la tête posée dans sa main. Sherlock appréciait ce genre de public : silencieux, qui n'interrompt pas le fil de ses pensées. C'était différent de John, qui avait expliqué avec dix mille expressions différentes à quel point il l'admirait et comment il était fantastique, mais c'était agréable.

En regardant Irène, il voyait toute son intelligence qui se mobilisait pour ne perdre aucune miette de ces révélations, retenir chaque détail qui pouvait s'avérer utile.

Elle accepta ensuite de lui montrer son carnet de croquis, sous les arguments de Sherlock. A chaque dessin, elle disait qu'il était raté, que les yeux de tel portait n'étaient pas pareils, que tel arbre ressemblait plus à une pieuvre qu'autre chose.

Sherlock n'avait jamais été un amateur d'art, mais les dessins d'Irène ne le laissèrent pas indifférent.

"Ta signature...I.A., dit-il tout à coup. Je l'ai déjà vue. C'était..."

"La chute du Reichenbach. L'un de mes plus beaux tableaux. Dommage que je l'aie offert à Jim. Depuis toute petite, j'avais l'habitude de faire les yeux doux, d'être une fillette mignonne pour profiter des autres, et l'indifférence de Jim m'était insupportable. J'ai tout fait pour qu'il me remarque..."

Elle soupira.

"Donc as séduit Mycroft, puis tu tentes de me séduire, pour te venger."

"Pour prouver que je peux avoir les êtres les plus insensibles à ma merci." dit Irène avec un sourire charmeur.

"Tu ne m'as pas séduit."

"Crois-moi, j'aurais pu te faire bien plus d'effet. J'avais pensé venir à toi entièrement nue, mais je ne voulais pas choquer le petit puceau que tu es."

"Tu n'en aurais pas été capable."

"Tu aurais préféré ?"

"Je n'ai pas de temps à perdre avec les sentiments et le sexe. Et je ne suis pas un trophée."

"Oui, tu es bien trop intelligent pour ça."

Pour résumer ce qu'il se passa ensuite, trois mots : esprit de contradiction.


[Je sais que j'ai publié tard, mais pour une fois j'ai une excuse : on m'a entrainé de force dans une randonnée...

Bref... Si vous avez encore des idées pour le Patronus de Mycroft, c'est votre dernière chance !]

Les chants de la Mort - Sherlock fanfictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant