Sherlock se réveilla dans les draps blancs d'un lit d'infirmerie. Il se gratta pensivement l'avant-bras tandis que ses souvenirs remontaient vers lui.
Mycroft était assis sur une chaise, à la lueur d'une lampe jaune, son éternel parapluie posé à côté de lui. Il regardait le sol d'un air mécontent.
"Ne fais pas semblant de dormir, je sais que tu es réveillé. As-tu fait ta liste ?"
Sherlock se redressa et le regarda droit dans les yeux.
"Victor Trevor."
Seule une mimique au coin de la bouche de Mycroft le trahi - largement suffisant pour un Holmes.
"Je voulais te protéger, soupira Mycroft. Tu as modifié tes souvenirs et je me suis dit que c'était mieux comme ça. Tu étais... dévasté après sa disparition... Depuis j'ai fait en sorte de te tenir à l'écart des... sentiments."
"Je. Te. Déteste."
Mycroft soupira de nouveau lorsque Sherlock s'enfuit de l'infirmerie.
§
Sherlock se rendit dans la tour des Gryffondors afin de parler à Mary. Si elle était la dernière des Morstan ici, elle allait forcément tenter d'accomplir le dessein de sa famille... ou faire quelque chose de stupide, comme il le devina dès qu'il fut entré dans sa chambre.
Elle avait pris son manteau et ses chaussures. Sur son bureau, vaguement caché sous un épais livre, se trouvait un message qu'elle avait traduit au brouillon dans le code secret :
"Ai trouvé les trois. Demande à vous rencontrer." lut Sherlock.
Il fouilla dans les papiers, puis trouva sur le matelas la réponse qu'avaient envoyé les correspondants de Mary : "RDV Oakley St, minuit."
Sherlock, qui connaissait Pré-au-Lard à peu près autant qu'il connaissait Londres, sut immédiatement que le message parlait de la maison d'Oakley Street, une grande bâtisse abandonnée depuis les années sombres.
Visiblement, Mary était partie en urgence sans prendre le temps de cacher les messages. Sherlock consulta sa montre et vit qu'il lui restait une demi-heure. Sans perdre plus de temps, il quitta le château et retourna vers Pré-au-Lard. Quand il eut traversé le pont, il entendit John derrière lui :
"Sherlock ! Où est-ce que tu vas ?"
"Mary. Danger. Pré-au-Lard." expliqua Sherlock, et il reprit sa route.
Il entendit aussitôt le pas trottinant de John derrière lui. Aucun n'échangea un mot jusqu'à ce qu'ils atteignent Oakley Street. Devant eux se dressait une haie immense, taillée avec une telle précision qu'aucune feuille n'en dépassait. A l'entrée, les haies tournaient en un angle droit et formaient une allée, puis se séparaient en divers chemins.
"Un labyrinthe."
"J'ai entendu dire, dit John d'un ton froid, qu'il fallait toujours tourner à droite. Comme ça on est sûr de fouiller tous les chemins sans jamais se perdre."
"Qui t'a dit ça ?"
"J'ai vu ça dans c'est pas sorcier."
"Ça marcherait si ce n'était pas un labyrinthe ensorcelé pour que quiconque n'est pas autorisé à entrer se perde. Mais on n'aura pas à chercher : Mary nous a laissé des traces."
"Des empreintes ?" questionna John.
Sherlock lui montra le fil de laine rouge que Mary avait attaché à la clôture et s'enfonçait dans le dédale.
"Elle envisage de venger sa famille. Mais c'est une fille intelligente : elle sait que le labyrinthe se rangera contre elle si elle avait à s'enfuir, alors elle s'est préparé un billet de sortie." expliqua Sherlock.
Il agrippa alors le fil d'une main et commença l'exploration. John, qui avait désormais pris l'habitude de ne jamais prévenir les professeurs, et bien qu'il fût encore furieux contre Sherlock, le suivit.
A chaque pas, les haies semblaient s'élever plus haut jusqu'à masquer le ciel, et bientôt les deux sorciers durent lancer un sort d'éclairage. Les murs se rapprochaient et se resserraient autour d'eux.
Un silence de Mort régnait dans le dédale, et à plusieurs reprises, les deux compagnons crurent entendre des pas derrière eux, des soupirs dans leur nuque ou des frottements, comme si une créature rampait entre les racines.
"John." appela Sherlock, le faisant sursauter.
"Oui ?" dit John, les nerfs à vif.
"Je sais que ce n'est qu'un mot, mais je suis désolé."
Sherlock eut peur un instant, mais fut soulagé d'entendre John pousser un petit rire.
"Moi aussi, je le suis. Je n'aurais pas dû m'emporter... Ni te balancer la vérité sur Barberousse à la figure comme je l'ai fait... Et encore moins te frapper. Je commence à devenir comme mon père."
Il rit nerveusement.
"Ne dis pas ça, lâcha Sherlock. Moi, quand j'étais petit, je me suis juré de ne ressembler à personne de ma famille : je ne voulais pas être comme ma mère, à consacrer ma vie à une étude et ne plus savoir quoi faire quand j'aurais fini, ni comme mon père dont la vie n'est pas très passionnante. Et surtout pas comme Mycroft. Je ne voulais pas me plier aux règles et jouer l'hypocrite juste pour monter dans la hiérarchie. Ce jeu-là ne m'intéresse pas."
John voulut dire quelque chose, mais ils faisaient déjà face à la grande maison. Un silence pesant s'abattit immédiatement sur eux. Sherlock poussa doucement la porte et grimaça lorsqu'elle grinça. Il s'avança dans le couloir sombre, puis fit signe à John que la voie était libre.
Alors qu'il montait les deux marches qui menaient à l'entrée, une douleur transperça la nuque du blond. Il se retourna et vit une abeille voler près de lui puis disparaitre dans le nuit.
Il s'empressa de rejoindre Sherlock qui l'attendait au pied d'un escalier noir. Le brun monta lentement les marches, les examinant une à une. Il entendait le souffle légèrement angoissé de John derrière lui.
Ils arrivèrent finalement à l'étage. Par une porte entrouverte s'enfuyait une lumière orangée. Sherlock jeta un œil à l'intérieur, et vit Mary, assise sur une chaise. Leurs regards se croisèrent : elle eut un petit sursaut, puis tenta de lui faire comprendre quelque chose.
Mais avant que Sherlock ne puisse réagir, une ombre coupait le contact entre lui et Mary. Un homme, plus exactement, et cet homme l'avait vu. Sherlock eut le temps de le détailler : grand, des cheveux courts et une barbe noire sciée par une profonde cicatrice. Sur son avant-bras, un tatouage de rose des vents.
"John, murmura-t-il alors que l'homme approchait. Descend. Immédiatement."
"Sherlock."
Sherlock se retourna et vit qu'une femme menaçait John, postée en bas des escaliers. Elle les désarma d'un coup de baguette et s'empara de John. L'homme attrapa Sherlock, et tous deux trainèrent les prisonniers jusqu'au sous-sol. Ils verrouillèrent la porte derrière eux, puis la rouvrirent quelques minutes après pour jeter Mary avec eux.
L'homme se posta devant les trois jeunes sorciers effrayés, et afficha un sourire malsain en posant les yeux sur Sherlock. Il s'accroupit face à lui.
"William Sherlock Scott Holmes en personne."
Il le saisit par le bras et l'entraîna à l'extérieur.
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Les chants de la Mort - Sherlock fanfiction
FanfictionJohn a toujours été un jeune garçon tout à fait normal. Alors qu'il mène sa vie à Privet Drive, il ne se doutait pas qu'une lettre mystérieuse allait faire basculer son existence. En effet : il apprend qu'il est un sorcier ! Est-ce une mauvaise blag...