Année IV, Chapitre 9 : Le major Sholto

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[Les paroles en italique sont en français.]


"Où est-ce que tu vas pendant les vacances ?" demanda John à Mary.

"Chez mon oncle. Khan reste ici."

"Invite-nous." ordonna Sherlock.

Mary et John se tournèrent vers lui. John avait encore des marques sur le visage, mais son expérience - qu'il avait acquise avec son père - lui avait appris à supporter la douleur.

"Bah quoi ? Ton frère vient de défigurer John, tu nous dois au moins ça !"

"Manipulateur !" accusa Mary.

"Et puis il faudra bien qu'on enquête sur ce qu'il s'est passé avec Marvin." expliqua Sherlock.

Oh, Sherlock savait bien ce qu'il s'était passé avec Marvin. Ce qu'il ne savait pas en revanche, c'était la signification du message, la raison pour laquelle Mary avait fui après l'avoir vu, et pourquoi Marvin avait-il tenté de voler le collier à peine vingt-quatre heures après l'apparition du message ?

"L'inspecteur Gregson s'en occupe." dit Mary.

"Gregson ? Celui qui m'a accusé d'être le meurtrier ? Si j'étais toi je n'aurais pas autant d'espoirs."

C'est ainsi qu'une Mary amusée, un John couvert de blessures et un Sherlock plus excité que jamais se retrouvèrent devant la façade d'une grande maison blanche, à Paris. Mary sonna et un son bref résonna dans la maison. Une minute passa avant qu'un jeune homme n'ouvre la porte, enveloppé dans un peignoir vert et tenant une tasse de thé à la main. Il sourit en voyant Mary.

"Ce sont eux tes amis qui viennent passer la nuit ici ? demanda-t-il en français, en examinant Sherlock du regard. Salut, entrez, faites comme chez vous."

La maison paraissait plus grande de l'intérieur - probablement de la magie, comme le pensa John. Très peu de meubles décoraient les pièces. Cependant, de nombreux portraits et photos ornaient les murs d'un blanc impeccable.

"C'est Arthur Dent, un ami de la famille, expliqua Mary alors que le garçon en question allait préparer du thé. Sa maison a été détruite pendant les années de l'Ombre et sa famille a été exécutée. Il s'occupe de mon oncle."

Elle s'éclipsa pour écrire une lettre à ses parents et les informer qu'elle était bien arrivée. John et Sherlock allèrent dans le salon et sursautèrent en voyant l'oncle de Mary. John lui souhaita le bonjour, mais l'homme resta muet.

"Ne le prend pas pour toi, dit Arthur dans un anglais hésitant, en arrivant avec un plateau surplombé de trois tasses fumantes. Il n'a plus toute sa tête."

Il donna une tasse de thé à John et Sherlock.

"Je ne vous en voudrais pas si vous ne goûtez pas. Ça n'a probablement que l'apparence du thé."

Sherlock reposa aussitôt sa tasse, s'enfonça dans le canapé - comme s'il s'apprêtait à savourer une discussion - et joignit ses mains.

"C'est le major Sholto ? Le héros de guerre ?" demanda-t-il dans un français irréprochable.

John le dévisagea.

"Tu parles français, toi ?"

"Mon oncle est français." expliqua Sherlock.

"Oui. Du moins ce n'est pas ce que tout le monde pense, confirma Arthur. Pourquoi ?"

"Qu'est-ce qu'il lui est arrivé ?"

Arthur hésita.

"Il a été capturé par les mangemorts, pendant la guerre contre l'Ombre. Il a subi le sortilège endoloris jusqu'à en perdre la raison."

"Pourquoi n'est-il pas un héros, dans ce cas ?"

"Pourquoi ces questions ?" s'exclama soudain Arthur, faisant sursauter John qui ne comprenait qu'un mot sur deux.

"Je sais qui a tué Marvin. Ce que je veux savoir, c'est pourquoi."

Arthur se tut longuement, but une gorgée de thé (et réprima une expression de dégoût en marmonnant qu'il aurait dû faire du café), prit une inspiration, et dit :

"A force de subir cette torture sans en voir la fin, il est devenu... comme mort. Quand on lui pose une question, il répond toujours à l'affirmative, il ne parle jamais ou il dit des choses incohérentes." Les larmes lui montèrent aux yeux. "Il a fait un pacte avec l'Ombre. Mais ce n'est pas un traître ! Il a sauvé des milliers de vies, dont la mienne ! Il s'est occupé de moi comme si j'étais son fils !"

"Qu'a-t-il juré ?" demanda Sherlock, légèrement agacé.

"Que lui, ou sa famille s'il n'y parvenait pas, allait retrouver les..."

Sa voix mourut dans sa gorge et il se mit à suffoquer. Les larmes qu'il retenait tant bien que mal jusqu'alors, s'échappèrent.

John sauta par-dessus la table basse et le rejoignit. Sherlock le fixa, immobile.

"Arthur ! Arthur ? Respire ! Respire !"

Il prit Arthur dans ses bras et tenta de l'aider.

"D-D-Dites à K-Khan et Mary q-que je s-suis dé-solé." parvint-il à dire d'une voix suppliante.

Il ouvrit la bouche chercher de l'air.

"L-la réponse... à-à l'énigme... est d-dans la r-rose à v-vingt-quatre aiguilles..."

Sherlock ne réagit qu'à ce moment-là :

"Mary ! Appelle les urgences ! Tout de suite !"

Arthur usa de ses dernières forces pour ramper vers le major Sholto. Il prit sa main dans la sienne et tenta de se redresser.

"P-Pa-pa ? Pou-pourquoi ne me r-regardes t-tu p... ?"

Sa question se noya dans le silence.

Le major Sholto ne cessa pas de fixer le mur.

"John, dit Sherlock d'une voix grave. As-tu bu le thé ?"

"Quoi ? Sherlock ! Il est en train... !"

"AS-TU BU CE FOUTU THÉ ?"

John secoua la tête.

"Il y avait du poison." expliqua Sherlock en s'agenouillant devant son ami terrifié par le ton qu'il avait employé.

"Mais... qui voudrait... ?" bégaya John.

"C'est lui qui a mis du poison dans le thé. Il sait qui nous sommes probablement parce qu'il y a ma photo dans le journal, et qu'il savait qu'on voudrait des informations sur les Morstan."

"Pourquoi avoir parlé alors ?" dit John d'une toute petite voix.

"Il ne savait pas quoi faire, alors il s'est dit que s'il parlait, le 'destin' déciderait de le faire taire à temps."

Au même moment les secours arrivèrent et emportèrent le corps inanimé d'Arthur Dent.

Une chose était sûre, Magnussen allait se régaler.

Les chants de la Mort - Sherlock fanfictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant