Année VI, Chapitre 8 : Je vous ai manqué ?

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"Tu n'es pas obligé de venir, dit Sherlock. Je vais seulement dans mon ancienne maison, normalement il n'y a pas trop de risques."

John soupira, vexé que Sherlock le prenne autant pour un idiot :

"Si ce collier est vraiment aussi précieux, je ne crois pas que ce sera facile."

"Depuis quand es-tu si perspicace ?" plaisanta le plus grand.

"Je l'ai toujours été, c'est juste que tu me fais de l'ombre. En tout cas n'espère pas partir pour une aventure sans moi."

Avec un énorme sourire, Sherlock lui tendit son bras, et quand John le lui prit, ils transplanèrent.

§

La maison de pierre se dressait devant eux, sa façade brûlée semblant être une grimace moqueuse. Les arbres alentours se secouaient furieusement dans un craquement sinistre et le vent hurlait parmi eux. Les contours d'un portail rouillé se dessinaient dans la pénombre tandis que le soleil se terrait derrière la bâtisse, l'enveloppant dans une mystérieuse lumière.

John scruta la chaîne qui scellait le portail et les ronces qui étreignaient, tordaient les barreaux. Comme Sherlock, il sauta par-dessus le petit muret. Un silence presque religieux s'était installé dès leur arrivée, comme s'il régnait ici une puissance qu'il valait mieux respecter.

Ils se frayèrent un chemin dans le jardin entre les herbes hautes et les marécages boueux. Sherlock buta sur ce qui avait l'air d'être une statue brisée. Finalement, après ce qui parut être une éternité, ils s'arrêtèrent devant la double porte de bois qui avait miraculeusement été épargnée par les flammes. Sherlock lança un regard à John, qui hocha la tête, puis poussa le panneau grinçant.

"Je n'étais pas revenu ici depuis l'incendie." confia-t-il dans un murmure.

"Pourquoi y a-t-il eu un incendie ?"

"Oh... C'étaient les années sombres, la guerre et tout ça... Une attaque."

"D'après Greg, l'incendie a eu lieu juste avant le début des années sombres."

"Oui. D'où les rumeurs... J'ai un mauvais pressentiment et je déteste ça."

Ils pénétrèrent dans une salle, où les murs et le plafond s'étaient effondrés, rendant la limite entre intérieur et extérieur floue. John explora les lieux et trouva un vieux puits écroulé. Il se pencha au-dessus ; le fond se perdait dans l'obscurité, tel un abîme sans fond.

Une sorte de murmure émanait du trou ; John posa ses mains sur le rebord de pierre pour tenter de distinguer la forme qui se dessinait entre les parois humides. Le murmure devint une voix de petit garçon :

"Y'a quelqu'un ? Aidez-moi s'il vous plaît !"

John se pencha encore plus, essayant d'apercevoir l'enfant.

"Sherlock ! Il y a quelqu'un de coincé dans le puits !"

Il vit un garçonnet tendre les mains pour quémander de l'aide. Son visage était caché par un chapeau tricorne. Il releva lentement sa face vers lui et le sang de John se glaça : il était affreusement pâle, ses lèvres étaient bleuies par le froid et ses joues pourries étaient remplies d'asticots qui se tortillaient.

Il fut brusquement tiré en arrière. Les pierres sur lesquelles il avait pris appui dégringolèrent et il comprit avec horreur qu'elles l'auraient entrainées dans leur chute si Sherlock n'était pas intervenu.

"N'écoute pas."

"Qu'est-ce que... ?" fit John, encore un peu sous le choc.

"C'est un piège. Si tu t'approches de trop près, tu tomberas."

Les chants de la Mort - Sherlock fanfictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant