Année III, Chapitre 5 : Feuilles de thé et loup-garoup

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Cela faisait presque trois mois que les cours avaient repris. Le mois de novembre touchait à son terme et la neige commençait à tomber du ciel. Déjà les élèves parlaient des fêtes de Noël et des vacances.

S'il y avait un cours que John adorait, c'était la divination. Non pas parce que c'était une matière intéressante - Sherlock aurait sûrement dit que c'était stupide - mais parce qu'il n'y avait rien de plus drôle que le professeur Trelawney.

Avec ses lunettes aux gros verres qui lui grossissaient les yeux et les intonations qu'elle prenait lorsqu'elle parlait du positionnement des étoiles et des lignes de la main, ses cours promettaient toujours d'être hilarants.

Ce jour-là, cependant, fut différent.

C'était la dernière heure de cours après une journée épuisante. Greg et John discutaient à voix basse autour d'un thé que le professeur de divination avait distribué. Ils échangèrent leurs tasses et en scrutèrent le fond à la recherche de schéma qu'ils pourraient trouver dans les manuels. Greg, qui riait à une blague, fut pris de court quand Trelawney l'interrogea sur le contenu de la tasse de John.

"Il y a une sorte de... cœur ? Ou une patate nomo ?" dit-il, faisant rire la classe.

La professeure se saisit de la tasse et poussa une exclamation en la lâchant comme s'il avait s'agit d'un objet brulant. Elle se brisa au sol et des éclats de porcelaine s'éparpillèrent sur le tapis violet.

"Ceci est le scarabée de Khépri. Il représente le retour d'un Mort parmi les vivants."

Elle fixa John :

"Il y a, jeune homme, beaucoup de Mort autour de vous. Vous avez là un bien funeste destin. La matière sombre n'est pas attirée par vous, alors qu'elle s'accumule autour du vivant. Oh ! Etes-vous Mort, Mr Watson. ?"

Trente secondes plus tard, John claquait rageusement la porte.

Le souvenir de Sherlock, qu'il avait tenté d'enfouir et qui revenait toujours le torturer dans la nuit, qui emmenait loin ses réflexions pendant les cours, qui lui rongeait le courage de sortir du lit le matin - car il avait peur de chercher Sherlock du regard dans la grande salle pour ne jamais le trouver - remontait à la surface.

Au début, Greg tentait de le réveiller, lorsqu'il se sentait si mal qu'il ne voulait quitter son lit, et il répondait qu'il ne voulait pas sortir. Greg disait toujours "d'accord" et s'en allait, mais depuis un mois il le forçait à sortir de son cocon qu'il se fabriquait avec sa couverture rouge et le poussait à l'extérieur. Il lui remontait le moral et s'était indigné lorsque John avait dit qu'il avait quitté l'équipe de quidditch.

Peu à peu, John avait réussi à oublier. Mais pas de la manière dont il aurait espéré. Il ne se souvenait plus aussi précisément du visage de Sherlock, de sa voix enjouée lorsqu'on lui donnait une enquête, des ses habitudes atypiques ; il avait oublié cette sensation merveilleuse lorsque le brun s'exclamait "the game is on !" tout en l'entrainant vers le lieu des crimes (le plus souvent les crimes étaient un devoir plagié, une potion volé, un crapaud disparu...).

La porte se rouvrit sur un Greg essoufflé.

"Ça va ?" demanda-t-il.

"Oui !" dit sèchement John avant de s'excuser.

"C'est pas sympa de sa part, elle aurait pas dû dire ça." le rassura Greg.

"Non, c'est de ma faute. J'ai surréagit."

"Ah oui ? Moi à ta place j'aurais renversé le service à thé. Juste pour le fun."

Ils marchèrent pour se calmer et rejoignirent la cour près de la cabane de Hagrid.

"Elle a dit que quelqu'un allait ressusciter et que j'allais mourir. Même que j'étais déjà Mort. Ça veut dire que c'est inévitable ? que je vais bientôt mourir ?" Le ton de John était un peu détaché.

"Bah en théorie, que ce soit demain ou dans cent ans, tu mourras un jour... Fais pas cette tête ! Je ne suis pas aussi idiot que Sherlock le préten...dait ! Je sais faire de la philo quand y'en a besoin !"

John sourit.

"Mais qui va ressusciter et causer ma Mort ?"

Greg réfléchit. Un nom lui vint à l'esprit :

"Jim Moriarty ?"

John frissonna à l'entente de ce nom détestable. Il murmura :

"C'est vrai qu'on n'a pas retrouvé son corps... Peut-être que c'est lui qui est monté dans le train en début d'année ?"

Nouveau frisson.

"Pourquoi est-ce qu'il reviendrait alors qu'il y a des Détraqueurs partout ? C'est du suicide !"

"Peut-être qu'il revient chercher cette chose dont Mycroft nous a parlé, supposa John. Il a dû la cacher dans le but de la reprendre quand il en aurait besoin. Je me demande bien ce que peut être cet objet pour qu'il soit si important."

Ils réfléchirent longuement en silence, quand John se mit à rire, d'un rire triste :

"Je crois que Sherlock a fini par déteindre sur nous. On est à peine ici depuis trois mois qu'on se lance déjà dans une enquête !"

Ils regardèrent au loin les Détraqueurs danser dans les airs, sombres silhouettes effrayantes, dans la pénombre de la nuit grandissante éclairée par les étoiles et la lune pleine. Alors qu'ils songeaient à rentrer, ils virent quelqu'un courir vers eux, depuis la lisière de la forêt.

"Henry ?" reconnu John.

Henry s'arrêta à côté d'eux, l'air paniqué. Il reprit son souffle et prit une bouffée de son inhalateur.

"Le... Un... Dans la forêt... Il y avait... un loup..."

"Un loup ?" demanda John en essayant de le calmer.

Henry était couvert d'égratignures et son uniforme tombait en lambeaux.

"Un loup garou !"

Les chants de la Mort - Sherlock fanfictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant