Il apparut le lendemain matin que le village dont avait parlé John la veille se trouvait quelques dizaines de mètres en contrebas du ruisseau où ils avaient passé la nuit, enlacés sur un tas de feuilles mortes, emmitouflés dans le long manteau de Sherlock.
Ils traversèrent le marché du matin sur la place bondée. La plupart des habitants du petit village étaient des personnes âgées et les jeunes étaient rares. John regarda la mer et le ciel se rejoindre sur la ligne d'horizon tandis qu'ils parcouraient les stands et aperçu des mouettes qui chantonnaient au-dessus d'eux. Sherlock, quant à lui, chaparda un manteau, une canne, un chapeau et des lunettes sur des passants, si bien que quand John baissa les yeux vers lui pour lui demander ce qu'ils allaient faire, il sursauta en le voyant déguisé en un méconnaissable vieillard.
Comme les mangemorts ne connaissaient pas le visage de John, il ne lui servait à rien de changer d'apparence, mais Sherlock insista tout de même pour qu'il porte des lunettes de soleil et une casquette.
Le drôle de duo demanda une table dans un petit restaurant qui donnait sur la mer et commanda des moules frites parce que leurs deux estomacs criaient famine.
"Comment on retourne à Londres ?" demanda John.
"En transplanant. C'est discret et ça va plus vite... Regarde, cet homme là-bas."
Sherlock désigna du bout de sa fourchette un homme portant un long manteau, une écharpe sur son visage et un bonnet :
"Un mangemort."
"A quoi tu vois ça ?" demanda John qui ne se lassait pas des explications.
"Il est assis à cette table depuis trois quarts d'heure, mais n'a commandé qu'un soda. Il scrute tous les passants sans arrêt et il tient un exemplaire de l'Appledore. Sa baguette est dans sa poche et il a la main posée dessus. La femme là-bas avec la canne à pêche en est une aussi, et le faux couple, sur le banc, de l'autre côté de la rue."
"Ils savent déjà qu'on est ici ?"
"Je te l'ai dit, le réseau est très étendu. Il y a même des moldus qui travaillent pour l'Ombre."
"Comment est-ce qu'on peut travailler pour quelqu'un comme l'Ombre ?"
"John, John, tu es tellement naïf, des fois, dit Sherlock en se renversant dans sa chaise. La peur, les menaces, le sortilège Impérium, l'argent, ou même la méchanceté pure..."
"La fille, à côté de la bibliothèque-cabine-téléphonique, n'arrête pas de nous dévisager depuis cinq minutes."
"Ne la regarde pas."
"C'en est une ?" paniqua John.
"Non. Mais elle se demande si tu lui filerais ton numéro."
Sherlock se leva, et suivi de John, il quitta le restaurant. Ils s'éloignèrent du marché et s'aventurèrent dans une ruelle sombre. John eut plusieurs fois l'impression qu'on les suivait. Ils transplanèrent.
§
Un taxi manqua de foncer sur eux alors qu'ils apparaissaient à deux rues près de Baker Street. Ils arrivèrent devant la porte noire rassurante, mais Sherlock s'arrêta.
"Mycroft est partit, dit-il les yeux scrutant le sol. Et il a dû prendre Levi avec lui, il ne l'aurait pas laissée seule avec ce qu'il s'est passé."
"Où est-il allé ?"
"Club Diogène, je suppose. Si c'est le cas, on ne peut pas espérer voler Levi. Ils ont plusieurs sorts, là-bas, pour empêcher ceux qui ont de mauvaises intentions d'entrer. A mon grand dam, voler est considéré comme étant une mauvaise intention..."
John voulut faire remarquer que Levi était vivante et que le terme approprié serait "kidnapper" et non "voler", mais il se souvint soudain de la volonté de Khan "Détruisez les trois". Il glissa sa main dans celle de Sherlock, qui sourit discrètement.
"On ne rentre pas, alors ?" demanda John.
"Non. Mme Hudson nous forcerait à rester jusqu'au retour de Mycroft."
A travers la fenêtre, ils virent la femme qui passait l'aspirateur à l'étage en dansant, un casque vintage sur les oreilles.
"Et tes parents ne sont pas là ?"
Sherlock ne dit rien. A peu près au même moment, une chouette - que faisait une chouette à Londres e, début de matinée ? - les frôla et largua un journal devant la porte du 221b. Sherlock l'attrapa avant qu'il ne touche le sol, le parcouru rapidement d'un air grave et le jeta à terre. Il partit sans dire un mot.
"Sherlock ?"
John prit le journal et se mit à trembler de tout son corps :
Une photo du chalet où ils avaient fêté l'anniversaire de Sherlock trônait en première page, détruit, rongé par les flammes en noir et blanc. Puis, juste à côté, deux photos de visages qu'il ne connaissait que trop bien.
"La célèbre mathématicienne Rose Holmes et son mari tués lors d'un attentat. Leurs deux fils, principaux suspect, toujours portés disparus."
Les parents de Sherlock étaient morts, et il était en plus suspecté de leur meurtre.
Il rattrapa Sherlock et le força à le regarder dans les yeux.
"Attends... Sherlock, est-ce que ça va ? Parle-moi s'il te plait."
Sherlock se détacha de lui et continua sa route.
"Sherlock !"
"De toute façon ils étaient déjà morts depuis des années." lâcha Sherlock en donnant un coup de pied dans une canette vide laissée pour morte sur le trottoir.
"Quoi...?"
"Lors de l'incendie du manoir Holmes. Ils ont tous les deux brûlé. C'est pour ça que Mycroft m'a pris avec lui. On a été recueillis par Mme Hudson et c'est elle qui s'occupe de nous, depuis."
"Mais ils étaient là..." dit John, choqué.
"Illusions. C'était moi, avec la pierre. C'est toujours la pierre..."
"Je croyais qu'elle ne faisait que des illusions et rien de plus. Là, ils étaient vivants."
"Certaines illusions sont plus réelles que d'autres. As-tu déjà vu Mme Hudson parler avec mes parents ?"
"Oui !"
"Non, tu es sûr qu'elle ne parlait pas avec Mycroft ? Elle savait qu'ils étaient morts, donc elle ne leur parlait pas. De toute manière, elle pensait que ce n'étaient que des fantômes. C'est une cracmol, elle ne connaît pas grand-chose à la magie."
John s'arrêta pour encaisser.
"Qui d'autre ? Qui d'autre dans ton entourage est mort ? Que je sois prévenu pour la prochaine fois."
Sherlock se stoppa à son tour et se tourna vers lui, son regard démontrant sa profonde détresse que son visage s'efforçait d'enterrer.
"Tu as promis que tu ne me forcerais pas à parler."
John sourit, avec ce sourire qui montrait tout son agacement, ce sourire qui témoignait de toute la volonté qu'il mettait en œuvre pour ne pas craquer. Il ferma les yeux, prit une profonde inspiration, puis dit :
"Tu as raison, j'ai promis et je tiens ma parole. Où est-ce qu'on va, alors ?"
Il avait repris son visage normal, son visage de John. Pourtant Sherlock le sentait différent, tendu.
"J'ai une planque de secours, à deux pâtés de maisons d'ici. Un petit appartement vide."
John hocha la tête en silence.
"Tu m'en veux ?" demanda le sociopathe d'une toute petite voix.
La main de John se glissa dans la sienne.
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Les chants de la Mort - Sherlock fanfiction
FanfictionJohn a toujours été un jeune garçon tout à fait normal. Alors qu'il mène sa vie à Privet Drive, il ne se doutait pas qu'une lettre mystérieuse allait faire basculer son existence. En effet : il apprend qu'il est un sorcier ! Est-ce une mauvaise blag...