Année III, Chapitre 2 : Les mots de trop

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John et son père ne se parlaient plus, mais au moins John était libre d'aller et venir dans la maison comme bon lui semblait. Vernon discutait au téléphone avec sa nouvelle partenaire, une jeune femme sympathique nommée Pétunia. John aurait bien aimé qu'elle vienne vivre à Privet Drive, pour apporter un peu de bonheur à la famille et calmer un peu son père, mais il espérait en même temps pour la pauvre femme qu'elle ne ferait pas cette erreur.

Il suffisait de passer dix minutes dans la maison pour comprendre ce qu'était Vernon et quel genre de famille étaient les Watson. Harriette, en tant que fille, s'occupait des tâches ménagères et devait porter des robes, bien que depuis quelques temps elle préférait se vêtir d'habits plus « masculins » et elle s'était fait un piercing au nez. Cela n'avait pas plu au père et depuis elle avait un œil au beurre noir.

Dans la bibliothèque s'entassaient les livres que Vernon avait écrit alors qu'Harriette n'était qu'un bébé ; oui, Vernon Watson avait été écrivain, et très célèbre par-dessus le marché. Mais ses livres, dont le sujet principal était la « virilité » et la « supériorité de l'homme », avaient fait scandale au bout de plusieurs années et plus personne ne voulait éditer ce genre de choses.

Voilà ce qu'était la mentalité du père Watson. Pas fameux, donc.

Pendant qu'il téléphonait avec Pétunia, John et Harry étaient assis à table. Il les rejoignit un peu plus tard et ils purent enfin dîner. Le silence entre eux était lourd, seuls Vernon et Harriette faisaient la conversation. Ils discutaient du lycée ou Harry allait entrer en septembre. Ils quittèrent ensuite la table et Harry débarrassa.

"Et ton école à toi ?" lança-t-elle soudainement à son cadet.

Vernon sembla se rappeler de l'existence de son fils qu'à ce moment-là. Il ne s'y intéressa pas et sortit pour fumer.

"Vous étudiez quoi ? Des rituels sataniques ?"

"Non, répliqua John. Par contre je sais comment te changer en rat géant."

"Fais-toi plaisir."

"C'est interdit."

Harry se pencha au-dessus de lui pour prendre un air menaçant.

"Tu vas pas me dire que t'y crois encore, à la magie, pouffa-t-elle. Faut que tu te réveilles, Johnny. T'es cinglé, et c'est dans une école pour cinglés que tu vas. Et tous les autres élèves sont aussi cinglés que toi. Y'a un film comme ça, j'ai oublié le titre, mais c'est des psychopathes qui sont mis dans un asile parce qu'ils sont persuadés d'être des super-héros."

"J'ai déjà vaincu des monstres que tu ne peux même pas imaginer ! Tu me feras la morale quand tu auras fait la moitié de ce que j'ai fait !"

Harry éclata de rire et le bouscula.

"Oh, et ça a un rapport avec ce Sherlock ?"

John ouvrit de grands yeux.

"Fais pas cette tête ! Tu passes tes nuits à chouiner ! Oh ! Sherlock, ne meurs pas ! Pourquoi tu me laisses ? Je suis désolé Sherlock !" fit Harry en imitant sa voix.

Elle se redressa de toute sa hauteur et coinça John contre le mur.

"C'est qui Sherlock ? Et c'est quoi ce nom stupide ? C'est ton mec, c'est ça ? Ton mec imaginaire ?"

"La ferme Harry. C'est pas drôle, Sherlock est mort." dit John comme si cela changeait quelque chose pour son aînée.

"C'est un membre de ton club de drogués, fallait s'attendre à ce qu'il fasse une overdose. Ou peut-être qu'il en avait juste marre de voir ta tronche."

John sortit sa baguette et la pointa sur le cou de sa sœur.

"Ooooh, j'ai peur."

§

Vernon entra précipitamment dans la maison.

"Faites moins de bruit ! J'arrive même plus à m'entendre parler !"

Il manqua de lâcher son téléphone en voyant le rat géant hideux qui se tortillait dans la salle à manger. Il avait de longues pattes aux verrues velues et une queue qui se balançait tout en détruisant les chaises. Un piercing ornait son museau répugnant.

John profita de la panique engendrée pour se saisir de son sac et s'enfuir. De toute manière, cette année, il ne pouvait pas attendre que Sherlock Holmes vienne le secourir.

Il erra longuement dans les rues sombres, n'ayant nulle part où aller. Peut-être qu'il aurait dû réfléchir avant de s'enfuir. Il restait tout un mois avant la rentrée.

Il s'assit sur le muret d'un jardin, au bord de la route, afin de reposer son esprit et trouver une solution. Il pourrait demander de l'aide aux Holmes, mais profiter de leur générosité alors qu'ils étaient en deuil n'était pas le genre de John.

Ta bonté te tuera, aurais dit Sherlock.

Mais Sherlock n'était plus là. Quand John retournerait à la voie 9 ¾, quand il assisterait au banquet de début d'année, qu'il attendrait en silence que l'aube se lève, Sherlock ne serait pas là. Il ne demanderait pas son avis sur une enquête, il ne dirait pas que tel ou tel élève n'avait rien entre les deux oreilles, il ne charrierait pas Anderson.

Depuis qu'il avait appris que Sherlock avait été tué, tout semblait froid, fade. Comme s'il était lui-même mort.

Une impression d'être observé le tira de ses pensées. Droit devant lui, dans l'ombre, se tenait une silhouette qui semblait l'observer. Il resta pétrifié, fixant cette masse dans la pénombre.

Un sifflement retentit.

Trois secondes plus tard, un bus à trois étages - le magicobus - déboulait dans la rue.

"Vous nous avez sifflés ? Vous allez où ?" demanda le porteur de bagages.

"Euh non, dit John. C'est..."

Il se pencha sur le côté pour tenter de voir la silhouette, mais il n'y avait plus rien.

"Je vais au chaudron baveur." finit-il par dire.

"Il faut vous décider !"

Les chants de la Mort - Sherlock fanfictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant