Année VII, Chapitre 1 : Le conte des trois frères

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Année 7 : Les Reliques de la Mort

Il était une fois, il y a fort longtemps, trois frères qui voyageaient autour du monde, avides de savoir et envieux de connaître tous les secrets qu'il avait à offrir. Ces trois frères n'étaient pas des sorciers comme les autres ; non, eux quand ils regardaient autour d'eux, ils voyaient des énigmes, des chiffres, des données, que seuls eux pouvaient percevoir. Ils étaient des jeunes hommes atypiques comme on en trouve rarement et que la majorité de la société ne comprenait pas, issus d'une grande famille qui n'avait que faire des bons à rien qu'elle voyait en eux.

L'aîné des trois était le plus savant - et ils étaient tous très intelligents - et avait la plus grande soif de pouvoir. Les notions de bien et mal, d'amour et indifférence, de haine, douleur, joie, chagrin, lui étaient inconnues ; la logique et la raison étaient l'Unique Vérité. Les seules choses qui avaient, à ses yeux, un semblant de valeur, étaient ses deux cadets. Bien trop peu à son goût et c'est pourquoi il les entraîna dans ce long et périlleux voyage.

Le second était bien plus modeste, d'une certaine façon, et s'inquiétait par-dessus tout de la prospérité de ses semblables. Il n'était pas bien courageux, ni très fort, ni beau, ni aimable, et s'il avait pris part à ce voyage, c'était par peur de laisser ses deux frères seuls et qu'ils ne le laissent seul lui aussi.

Le troisième, le plus jeune, était un garçon plein de joie et de vie qui avait grandi entre les idées de chacun de ses frères ainés et faisait de son mieux pour égaler leur grandeur et sortir de l'ombre qu'ils lui faisaient. C'était lui, qui, traitant le second de lâche, l'avait convaincu de les rejoindre dans leur périple.

Ils voyagèrent longtemps, parcoururent mers déchaînées, monts inaccessibles, déserts arides et marais impitoyable, ils chevauchèrent dragons et chevaux mystiques, rencontrèrent alchimistes comme sorciers noirs et grands savants, sous l'œil impatient de la Mort, qui guettait leur trépas avec impatience.

Au tournant de chaque chemin, la Mort envoyait mainte pièges, précipices, assassins, voleurs ivres et monstres féroces. Et chaque fois, les trois frères passaient les épreuves, car les trois frères connaissaient mieux la magie que quiconque ; peut-être même autant que l'Inévitable la connaissait.

Alors la Mort, qui respectait la force de ces trois voyageurs, leur concocta un ultime destin. C'est ainsi que les frères se trouvèrent face à une rivière impitoyable, grondant avec fureur entre les rochers tel un serpent meurtrier. C'était une sorte d'hommage, car l'eau était ce que le cadet redoutait le plus, et que perdre leur cadet était la chose la plus redoutée de ses deux ainés.

Les trois frères virent un pauvre fermier se risquer à la traverser avec son misérable cheval, car il n'avait que peu d'argent et devait se rendre à la ville pour trouver de quoi manger. Le malheureux n'atteignit jamais la ville, emporté par les tourbillons belliqueux.

Alors les trois frères, d'un simple coup de baguette, construisirent un pont et la franchirent sans peine. Et la Mort, furieuse, apparu au milieu du pont. Ils la considérèrent avec vaillance, sans la moindre peur ni le moindre doute.

La Mort, s'avouant vaincu, mais n'ayant secrètement pas renoncé à ses desseins, accorda un souhait à chacun des trois.

L'aîné s'avança le premier, assuré, et demanda à la Mort qu'elle fît de lui le plus puissant d'entre tous. La Mort arracha une branche d'un sureau qui se trouvait de l'autre côté du cours d'eau et y tailla une baguette pour la donner au voyageur.

Le cadet, qui à son tour avait pris sa décision, décida d'humilier encore plus la Mort qui lui avait tant pris : il lui demanda le pouvoir de ramener les morts à la Vie. Courroucée, la Mort lui donna une simple pierre qui trainait par-là.

Le dernier des frères, bien plus sage, demanda à la Mort un moyen pour lui et ses frères de lui échapper. Et la Mort compris qu'elle était vaincue. A contrecœur, elle arracha un morceau de sa cape et la lui tendit.

Ayant acquis ce que nul ne pourrait jamais posséder, les trois frères rentrèrent chez eux.

Le premier se vanta auprès de tous ceux qui avaient osé se moquer qu'il était le plus puissant, exhibant à tous les yeux la baguette de Sureau, gagnant mainte duels. Mais son grand pouvoir fut bien vite convoité et il fut égorgé par un rival durant son sommeil.

Le second rentra chez lui et tourna la pierre trois fois dans sa main pour ramener son amour perdu et interdit. Hélas son amour resta triste, car il n'était pas aussi vivant qu'autrefois. Alors, pour lui faire plaisir, il se pendit.

Le troisième frère, caché dans sa cape d'invisibilité, ne put que regarder sa famille se déchirer. Longtemps il se cacha de la Mort, longtemps elle le chercha. Et lorsqu'il fut vieux et fatigué de son existence solitaire, il retira la cape. Il accueillit la Mort comme une vieille amie et elle l'emporta dans le crépuscule.

Un conte de M. "Le conte des Trois Frères, Les chants de la Mort".

En hommage à E. qui nous a quittés,

Et pour W., le seul qu'il me reste et pour qui j'ai choisit Levi.


[Déjà la dernière année ! Mais qui sont M, E et W ?

Ce chapitre était juste une piqure de rappel - un peu modifiée - pour ceux qui auraient oublié ce conte.

Je suis désolée car je ne pourrai pas publier demain, donc la suite pour dimanche soir ou lundi... La prochaine fois on en saura un peu plus sur John, et croyez-moi, ça va pas vous plaire.]

Les chants de la Mort - Sherlock fanfictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant