Année VI, Chapitre 9 : Le suicide

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Sherlock et John marchaient silencieusement dans le château de Poudlard, bras-dessus bras-dessous. Ils faisaient cela souvent, lorsqu'il n'y avait aucune enquête sur le feu et qu'il fallait déjouer l'ennui du détective. Mycroft avait informé John des addictions de son cadet et John prenait à cœur sa mission de l'aider à se détacher de la drogue. Parfois, ils trouvaient des portes dissimulées, des passages secrets et des pièces oubliées et John en rédigeait une carte que Sherlock jugeait inutile puisqu'il gardait toutes les informations dans son palais mental.

Se balader de bon matin dans les couloirs silencieux, profiter des chants des oiseaux et du tintement régulier du clocher, alors qu'une douce lumière imprégnait la bâtisse au travers des vitraux, était tout à fait reposant pour l'esprit inarrêtable du génie et lui concédait un rare sentiment de sérénité et de légèreté.

Après s'être tous deux assoupis dans le manoir Holmes, ils étaient revenus peu avant le lever du soleil en transplanant à Pré-au-Lard et s'étaient baladés depuis lors.

Ils passèrent devant la salle de défense contre les forces du mal et Sherlock songea qu'il ferait mieux de présenter ses excuses à Slughorn s'il souhaitait espérer avoir un jour des réponses. Il demanda à John de l'attendre dans le couloir et toqua à la porte. N'entendant pas de réponse, il ouvrit la porte et constata que la salle était vide.

Ils repartirent donc vers la cour du clocher. Tout en marchant, ils se dirent qu'ils ne pourraient pas se murer éternellement dans le silence, alors John demanda :

"Ce garçon, qu'on a vu dans le puits, et dans la chambre, c'était Barberousse ?"

"Victor Trevor, oui." Le regard bienveillant de John l'incita à poursuivre, s'il le désirait. "Le village de sorciers où j'ai grandi, Baskerville, n'était pas bien grand ; il y avait des maisons çà et là, éparpillées sur la lande, et tous les gamins se connaissaient. Autrefois, c'était un domaine qui appartenait à ma famille, mais les autres enfants ne nous appréciaient pas, Mycroft, moi et... et Euros. Sans doute parce qu'on était bien plus doués à la magie, et qu'on était trop différents d'eux. Mais j'ai toujours pu compter sur Victor. C'était le fils d'un ami à ma mère. On jouait aux pirates. Lui c'était Barbe Rousse, et moi Barbe Blonde."

John pouffa et un sourire s'empara des lèvres de Sherlock.

"Puis Victor a été assassiné. C'est... C'était... Je l'ai cherché pendant des jours, dans toutes nos cachettes, dans tous les jardins, dans toute la lande... C'est peut-être idiot, mais je crois que c'était mon tout premier amour."

Il avait arrêté de marcher et sa voix tremblait incontrôlablement. John prit sa main dans la sienne et ancra ses yeux bleus emplis de bonté dans les siens.

"Je me suis retrouvé tout seul ! J'étais tout seul ! Et personne ne voulait comprendre ! Ils étaient tous là avec leurs condoléances, mais ils ne comprenaient pas ! Ils ne comprennent jamais rien."

Agité, il commença à tituber et John le serra dans ses bras. Il étreignit aussi fort qu'il le put, pour calmer ses tremblements et réchauffer son cœur aux abois. Il caressa ses cheveux sombres et le berça doucement.

"Tout seul." gémissait encore le sociopathe.

"Tu n'es pas tout seul."

"Tu ne comprends pas..."

"Si, je comprends. Sherlock... Je t'ai cru mort pendant des mois... J'ai cru que je m'étais retrouvé de nouveau seul."

"Je suis désolé."

Mais John ne savait pas, à ce moment-là, la véritable raison pour laquelle Sherlock l'était.

Ils restèrent ainsi longtemps, seuls, ensemble.

Les chants de la Mort - Sherlock fanfictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant