Année VI, Chapitre 3 : John s'abandonne aux amourettes

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Si John n'avait jusqu'à présent pas eu une vie normale, il n'en restait pas moins un adolescent en pleine puberté. Depuis Mary, il ne s'était pas vraiment intéressé aux filles - piégé entre le deuil et ce règlement interdisant aux filles de s'approcher à plus de vingt centimètre des garçons.

Mais depuis quelques temps, il avait l'impression que le nombre de filles dans l'école avait doublé. Cet intérêt pour les filles n'était pas apparu d'un coup comme une petite fleur, mais depuis le début du mois d'octobre, John avait fait la rencontre de Sarah. Elle était amie avec Molly (et Greg s'était pris un râteau de sa part).

Elle avait de longs cheveux bruns, des yeux bleus (à croire que tout le monde dans cette école avait des yeux bleus) et était en sixième année à Gryffondor. Ils s'étaient déjà croisés auparavant, dans le train lorsqu'ils commandaient des sucreries, au bar d'Angelo quand ils faisaient la fête entre amis, ou dans les couloirs. Ils ne s'étaient pas porté plus d'attention que ça.

Or, depuis le début du second mois de cette sixième année, leurs regards étaient devenus complices, ils se souriaient quand un professeur faisait une bourde et discutaient de plus en plus souvent.

"Tu viens ce soir ?" demanda John à Sherlock soudainement.

"Où ça ?"

"Au bar. On va boire un coup entre gens civilisés qui s'entendent bien et plaisanter toute la soirée, je te l'ai dit trois fois. Tu viens ?"

"Hors de question. J'ai mieux à faire."

"Non, tu t'ennuies. Il ne s'est rien passé de suspect encore, cette année."

"Sherlock Holmes ?" demanda un garçon de cinquième année de Serdaigle en approchant de leur table.

"Lui-même."

"Euh... En fait j'avais un porte-monnaie, que je gardais caché dans un tiroir, mais il a disparu."

"Tu vois John, dit Sherlock. Il se passe des choses."

Il se leva d'un bond, entraînant le garçon avec lui.

§

Dans sa poche ! Ce triple crétin de Serdaigle avait fourré son argent dans sa poche et ne s'en était rendu compte qu'au bout d'une heure !"

Sherlock marchait dans la nuit sur les rues pavées de Pré-au-Lard. Il donna des coups de pied rageurs dans les feuilles mortes qui couvraient la chaussée. Il arriva devant la façade grisonnante du bar d'Angelo et regarda à travers la porte vitrée le groupe d'élèves qui faisait la fête autour d'une table. Il fuma une cigarette, planté sur la devanture comme un serial killer qui attendrait que sa future victime sorte de chez elle. Puis il se décida à entrer.

Angelo avait mis la musique à fond sur la demande des fêtards, et la radio passait un mauvais rap qui n'était pas satisfaisant à écouter et qui avait encore moins de sens. Certains élèves de dernière année, visiblement bourrés, dansaient au milieu du bar tandis que les plus jeunes se hurlaient dessus pour s'entendre.

La tête de Sherlock lui tourna aussitôt qu'il mit un pied dans l'établissement. Il chercha John du regard et le trouva sans surprise assis à une table dans un coin, avec Sarah, Greg et deux autres personnes dont Sherlock n'avait pas jugé utile de retenir le nom.

Sarah et John se retrouvèrent bien vite seuls à deux et leur discussion avait l'air passionnante. Sherlock s'approcha et claqua ses mains sur la table (et il espéra de tout cœur avoir interrompu quelque chose) :

"John, tu ne devineras jamais ce qu'il s'est passé !"

"Il s'est fait voler son argent ?"

"Nope."

"Il est somnambule et a déplacé son argent pendant la nuit sans s'en rendre compte ?"

"Brillant John !"

"Vraiment ?" s'exclama John.

"Non. Il avait oublié qu'il l'avait mis dans la poche."

Sarah éclata de rire et Sherlock pensa qu'elle avait un rire de mangouste. Oh, il n'avait pas la moindre idée de ce que pouvait bien être une mangouste, mais il espérait que ce soit un animal laid avec un cri insupportable.

"Sherlock, je te présente Sarah. Sarah, Sherlock."

Sarah lui tendit la main et Sherlock la serra, ce que John trouva suspect.

"Ça ne te vexe pas si je t'appelle numéro cinq ? Parce qu'entre toutes les conquêtes de John, je ne retiens plus les prénoms et je n'aimerais pas être une source de quiproquo." Il offrit son plus grand sourire moqueur et Sarah perdit tout son enthousiasme.

"Ne fais pas attention à lui, prévint John. Il est juste jaloux parce qu'aucune fille ne veut de lui."

Moi, jaloux ? Oui, mais pas de toi.

"Moi, jaloux de toi John ? Certainement pas. Prends toutes les filles que tu veux, aucune n'est intéressante. Celle-ci encore moins."

Et pourtant elles t'intéressent plus que moi ?

Offusquée, Sarah se leva :

"Et tu le laisses dire ça, John ?"

Visiblement, elle avait envie d'une bagarre. John se leva, fixa Sherlock avec lassitude, et soupira :

"Tu as raison, celle-là moins que les autres."

Il partit, visiblement heureux de s'être débarrassé de Sarah. Sherlock s'attarda un moment pour montrer son visage de vainqueur à Sarah et rejoignit son ami.

"J'avoue que Sarah n'a pas autre chose à la bouche que ses réseaux sociaux et son maquillage, concéda John. Mais ça ne t'autorise pas à faire ça. Et puis ce n'est que la quatrième fille avec laquelle je sors !"

"En trois semaines ?" dit Sherlock en s'arrêtant.

John se stoppa à son tour pour rouler des yeux. A cet instant, leurs visages étaient si proches...

John se mit à rêvasser un instant. Et s'il disait, là, maintenant, à Sherlock que, quand il pensait à l'avenir, à ce qu'il ferait après Poudlard, ou que quand il laissait son imagination suivre ses rêves les plus fous dans la nuit, emmêlé dans ses draps alors que ses camarades de chambre dormaient, c'était à lui qu'il pensait. Que les petites amies qu'il avait eues avaient toutes l'air fades et qu'il les avait toutes abandonnées sans hésitation lorsqu'elles leur avaient demandé de choisir entre une "jolie fille" comme elles ou un "loser pathétique" comme Sherlock.

Il ne savait plus quoi croire. Sherlock et lui étaient inséparables, leur amitié était plus solide que l'amour de certains couples mariés depuis plus de vingt ans, renforcée par tout ce qu'ils vivaient et tous les malheurs qui les accompagnaient sur leur route.

Cet instant, qui sembla durer une éternité, finit bien trop tôt selon les deux garçons.

Puis ils remontèrent vers le château, bras-dessus bras-dessous.

Les chants de la Mort - Sherlock fanfictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant