Année VII, Chapitre 10 : La Forteresse

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Si le début du voyage fut mouvementé, à bord de ce dragon gigantesque qui n'avait de cesse de se secouer pour faire tomber Sherlock et John, lorsqu'ils furent loin de Londres et qu'ils virent sous eux les vastes campagnes aux mille nuances de vert, Smaug finit par se calmer et à planer tranquillement, enfin libéré de ses chaînes. Chacun de ses puissants battements d'ailes surprenait les passagers et le faisait monter de plusieurs dizaines de mètres et il s'écoulait plusieurs minutes avant qu'il n'ait besoin de faire un nouvel effort.

Bientôt, ils survolèrent une nouvelle ville, un village calme, un lac rutilant, une plage de galets, puis, au bout de plusieurs heures, la mer, vaste étendue bleue qui avait l'air si loin sous eux.

Assis entre les ailes du dragon, John se sentait léger et la présence de Sherlock dans son dos le rassurait. S'il était doué pour voler avec un balai, les dragons ça n'était pas son fort. Il se tourna vers son ami, pour s'assurer qu'il était toujours là ; ses cheveux bruns fouettaient son visage tourné vers le ciel et il plongeait sa main dans les nuages dans lesquels Smaug nageait, un sourire paisible sur les lèvres.

"Sherlock ? appela John, un sourire attendrit s'incrustant sur son visage. Où est-ce que tu comptes aller avec ce dragon ?"

"A un endroit où on ne peut se rendre ni avec un balai, ni en transplanant. Seul un dragon pourrait passer la barrière qui le protège."

John lui lança un regard interrogateur.

"Sur l'île de Sherrinford, à la prison d'Azkaban."

Il tendit le doigt vers l'avant. Au milieu du ciel radieux, une fissure, un immense nuage sombre, une masse de ténèbres vivante qui s'étirait vers l'Est. John crut distinguer des oiseaux tourbillonnant au cœur de ce nuage. Puis il s'aperçut que c'étaient des Détraqueurs.

Le nuage s'approchait lentement, et au bout d'une heure, John sentit la température faire un plongeon. Il regretta de ne pas avoir pris un manteau plus chaud, mais quand il sentit les bras hésitants du sociopathe s'enrouler autour de lui et une tête brune se loger dans son cou, il se dit que ça n'était peut-être pas une si mauvaise chose.

La respiration de Smaug, qui faisait vibrer tout son corps, s'était ralentie, comme s'il sentait que quelque chose se passait, faisant taire son ronronnement et replongeant le ciel dans un silence étrange.

John vit le nuage compacte s'approcher, et un instant, il crut qu'ils allaient s'écraser à sa surface. Ils plongèrent dans la masse noire.

Il faisait sombre dans le nuage, aucun rayon ne passait sa surface sinistre, depuis le dos de Smaug, on ne voyait même plus la tête du dragon. Les Détraqueurs erraient tout autour d'eux comme une nuée de corbeaux noirs comme la nuit guettant leur proie, glissant dans un silence de mort dans l'air glacial.

"Prends ta baguette et tiens-toi prêt." chuchota Sherlock en se détachant de lui comme s'il ne l'avait jamais enlacé.

John n'avait pas besoin de Sherlock pour le lui dire, il s'était déjà armé. Ils restèrent calmes, muets, attentifs aux moindres changements dans le comportement des silhouettes sombres qui jaillissaient de l'ombre et y replongeaient aussitôt.

Un Détraqueur dévia de sa trajectoire et John lança son Patronus pour l'écarter. Plusieurs autres foncèrent sur eux. Unissant leurs pouvoirs, John et Sherlock invoquèrent leurs Patronus et créèrent un chemin de lumière qui repoussa les Détraqueurs affamés. Sherlock regarda vers l'avant et cria :

"John, accroche-toi !"

Il eut juste le temps de se cramponner à un pic du dos de Smaug avant que le dragon ne percute de plein fouet un mur de pierre. Ils chutèrent. Smaug battit en vain des ailes.

Les chants de la Mort - Sherlock fanfictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant