Année II, Chapitre 8 : Le cognard acharné

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"Qui voudrait assister à un match de quidditch alors qu'il y a quasiment une tempête de neige ?" dit Sherlock.

"Chut !" fit la bibliothécaire.

Noël approchait doucement, mais les esprits étaient tournés vers le prochain match de quidditch : Gryffondor vs Serdaigle.

"Allez ! Viens me voir jouer ! Juste une fois." supplia John.

"Demande à Jim."

"Ne me mêlez pas à vos histoires. Je mène une expérience sur une potion. Ça te dis Sherly ?" dit le concerné, admirant le lotus noir qui décorait la page d'un recueil de poisons.

"Chut !" répéta la bibliothécaire.

"Chut vous-même !" rétorqua Jim avant de détaler comme un lapin.

John et Sherlock le rejoignirent peu après. Le brun avait fini par accepter la requête du blond. Il s'excusa auprès de Jim et dit qu'il l'aiderait plus tard pour son expérience.

"C'est pas grave, dit Jim. Pour la peine tu vas devoir me supporter pendant me match."

Ils se rendirent jusqu'au terrain où John les quitta pour regagner les vestiaires. Chaudement vêtus, les deux autres s'installèrent dans les tribunes de Serdaigle.

"Regarde ce que j'ai déniché" dit Jim en montrant une petite boîte.

§

John n'avait pour l'instant participé qu'à des matchs amicaux. Ce match-ci était le premier de la coupe de quidditch et il comptait bien gagner.

Le capitaine fit un discours encourageant, puis ils grimpèrent sur leurs balais et déferlèrent sur le stade. Ils frôlèrent les gradins, acclamés par les Gryffondors en furie et hués par les Serdaigles. En regardant leurs tribunes, John vit une masse aux couleurs de Serdaigle : drapeaux, maquillage, banderoles. Et au milieu de tout ce bleu, deux tâches rouges qui lui faisaient signe.

Jim et Sherlock étaient barbouillés de maquillage rouge. Les Serdaigles assis à côté d'eux les regardaient, se demandant pourquoi un traître de Serdaigle acclamait l'ennemi ou ce que faisait un Serpentard dans leurs tribunes. Les deux surdoués lui faisaient de grands gestes en sautillant presque (ils souhaitaient tout de même conserver un minimum de dignité).

Il se mit en position et le coup d'envoi fut lancé. Il prit aussitôt de la hauteur pour laisser le champ libre à son équipe et scruta l'étendue de neige qui l'entourait à la recherche de l'éclat doré.

Son équipe marqua plusieurs points, mais toujours aucune trace du vif d'or. Il lui semblait parfois apercevoir un rayonnement du coin de l'œil mais ce n'était à chaque fois que le rayonnement du soleil ou le flash d'un appareil photo.

L'idée - fort improbable, il fallait le dire - de Jim Moriarty et Sherlock Holmes peints en rouge le fit sourire, mais il reprit son air sérieux à temps pour plonger en piqué et éviter un cognard. Il regarda dans la direction où il était parti et le vit s'arrêter dans les airs pour revenir à la charge. Il l'évita in extremis et comprit aussitôt que quelque chose n'allait pas : un cognard ne déviait jamais de sa trajectoire, surtout pas pour effectuer un demi-tour.

La balle furieuse chargea une troisième fois et il prit la fuite.

"C'est normal que ce cognard s'obstine sur John ?" demanda Sherlock, inquiet pour son acolyte.

"C'est pas le principe ? Le cognard pour défigurer les élèves ? John va rejoindre les gueules cassées."

D'autres spectateurs commençaient à se lever en pointant John du doigt. Visiblement, non, ça n'était pas normal.

Soudain paniqué, Sherlock bondit du banc et s'élança vers le premier rang. Le cognard frôla John qui baissa la tête à la dernière seconde. Sherlock sortit sa baguette mais Jim posa sa main sur son épaule.

"Tu risques de le toucher."

Sherlock grogna mais admit que Jim avait raison. Impuissant, il regarda le cognard s'acharner sur John qui volait à présent vers le vif d'or luisant près des buts. Au moment où John tendit le bras pour l'attraper, la balle infernale explosa l'avant de son balai qui chuta en tournoyant avant de s'écraser au sol.

Sans réfléchir, Sherlock sauta des tribunes et atterrit en douceur sur le terrain. Il traversa le gazon et arriva le premier auprès de John qui n'avait montré aucun signe de vie depuis son atterrissage prématuré.

Il s'agenouilla auprès de lui et constata qu'il était vivant - un peu sonné, avec des bleus partout, la tempe en sang, une cheville foulée et un poignet en compote, mais bien vivant !

"Ça va ?" demanda-t-il.

"Je l'ai eu." dit John.

"Eu quoi ?"

Le blond tendit sa main au creux de laquelle reposait la balle dorée, battant timidement des ailes. Sherlock roula des yeux :

"Sérieusement ? Tu es fier de toi parce que t'as attrapé une balle jaune ? Si moi je sautais d'une telle hauteur, ça serait bien plus utile et surtout plus stylé."

L'infirmière arriva et emporta John. Sherlock le regarda partir, puis son regard croisa celui de Mycroft. Le garçon de glace, comme le surnommaient les Serpentards, se trouvait sous les gradins, appuyé sur son parapluie, et fixait son cadet. Sherlock alla à sa rencontre.

"C'est toi qui a fait ça ?" cracha-t-il.

"Non." fit l'autre d'une voix neutre.

"Tu mens ! Tu ne voulais pas que je revienne ici et maintenant tu utilises John pour m'inciter à partir ! Que dirait Mère si elle apprenait que tu me fais chanter ?"

"Je t'ai déjà dit que c'était faux. Es-tu sourd ?" Il soupira. "Mais tu admets que John Watson est un point faible pour toi."

Sherlock le fixa avec un regard assassin qui aurait fait trembler n'importe qui, sauf le garçon de glace qui lui faisait face.

"Ce n'est pas moi qui ai fait cela. Je ne suis pas du genre à me salir les mains, tu le sais pertinemment. Mais ne cherche pas le coupable, c'est une affaire qui ne te regarde pas."

Ils ne dirent plus rien quand Jim arriva, les mains dans les poches.

"Mais qui voilà, dit-il. Holmes et Holmes."

"James Moriarty." fit l'ainé.

Ils s'affrontèrent longuement du regard, Mycroft arborant son habituel visage de marbre, Jim un petit rictus hautain sur les lèvres. Le plus âgé finit par balancer son parapluie sur son épaule et disparut, la tête haute, dans le brouillard gelé.

"Il n'a pas tort, fit Jim en se tournant vers son ami. John est ton point faible. Et moi ? Je suis ton point faible aussi ?"

Il prit un air faussement jaloux, arborant une moue triste.

"Toi tu es trop brillant pour te faire attraper comme ça."


[Alors ? Qu'est-ce que vous en pensez ? C'est Mycroft qui a fait le coup ? Qui a fait ça ? Pour quelle raison ?

La suite très bientôt :)]

Les chants de la Mort - Sherlock fanfictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant