Année VI, Chapitre 5 : Le club de Slug

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John essaya un costume que Sherlock lui avait prêté. Il ne se sentait pas tout à fait à l'aise, bien qu'il ne s'agissât que d'une chemise et d'une veste, mais jamais, hormis pour le bal de quatrième année, il ne s'était sentit aussi habillé. Sherlock qui passait ses journées soit en costard, soit nu comme un ver enveloppé dans un drap, se sentait tout à fait dans son élément.

"Tu t'es noyé dans les toilettes ?" appela Sherlock en cognant à la porte de la salle de bain.

Le blond se décida à ouvrir et crut voir une étincelle de fierté dans le regard de Sherlock, comme un parent qui se rend compte à quel point son petit garçon est devenu grand.

"Bah tu vois, ce n'est pas si terrible."

Bras-dessus bras-dessous, plaisantant sur les pires scénarios que pouvait prendre cette soirée, ils se rendirent jusqu'à la salle où Slughorn donnait sa petite réception privée. Le professeur parut extrêmement joyeux de les voir. Parmi les invités se trouvaient une demi-douzaine d'autres élèves, d'au moins quinze ans pour la majorité. Ils s'assirent peu après autour d'une table ronde. Les discussions fusèrent, guidées par le professeur.

"John ! Dites-moi, qu'avez-vous envisagé de faire après vos études ?"

"Oh... Je n'y ai pas tellement songé, mais j'avais pensé étudier la médecine."

"Bon choix, bon choix. Mais je vous verrais bien comme auror, vous êtes vraiment doué en sortilèges."

"Ah oui ?" rit John en se disant que c'était la deuxième fois qu'on lui suggérait d'être auror, bien que la première fois remontât à très longtemps. Sherlock marmonna quelque chose comme quoi les aurors étaient stupides et incompétents et que John ne devrait jamais se rabaisser à ça, mais John lui donna un coup de coude pour le faire taire.

"Et vous William ?"

"Détective consultant."

"Je ne connais pas ce métier-là." commenta un dernière année.

"C'est comme détective, mais c'est, comment dire... plus dangereux. Les détectives consultants travaillent directement avec la police ou les aurors. Quand ils sont largués ; ce qui arrive souvent."

"Je croyais que ce métier n'existait pas." souffla John à voix basse, pourtant sa remarque n'échappa pas à Slughorn.

"C'est bien d'inventer de nouveaux métiers ; on n'a pas assez de gens imaginatifs de nos jours et les pionniers comme vous, William, sont assez rares. Mais dites-moi, John, vos parents sont moldus, n'est-ce pas ? Que font-ils dans la vie."

Sherlock lança un regard à John qui signifiait si tu ne veux pas répondre, je peux changer de sujet pour lequel le blond le remercia avant de répondre cependant :

"Ma mère joue du violon à ses heures perdues et mon père est écrivain."

Après ce demi mensonge, il se tut. Sherlock lui lança un petit sourire rassurant et la conversation dévia sur des sujets plus vagues.

Sherlock, sans s'en rendre compte, porta sa main à son cou, et constatant l'absence du collier qu'il ne portait plus depuis des mois et des mois, il eut un petit sursaut de panique qui inquiéta Slughorn, mais que Sherlock justifia en disant qu'il s'était souvenu de quelque chose.

Cependant, le brun devint nerveux et tira sans cesse sur ses manchettes pour s'assurer que ses cicatrices de l'année précédente étaient bien dissimulées, ce qui attira d'autant plus le regard de Slughorn. Finalement, n'en pouvant plus, Sherlock trouva une excuse douteuse pour aller prendre l'air. Inquiet, John s'excusa à son tour pour le rejoindre sur le balcon.

"Ça va ?" s'empressa-t-il de demander.

Sherlock s'assit sur la rambarde et balança ses pieds dans le vide. John s'appuya à côté de lui en scrutant les yeux hagards du brun.

"Ça te rappelle des mauvais souvenirs ?"

"Je... C'est une chose dont je n'ai jamais parlé à personne. Avec Mycroft on s'est promis de ne pas le dire."

"Dis-moi. Ce n'est pas toi qui disait que les gens avaient toujours envie de faire des aveux ?"

"Je parlais des criminels quand je disais ça."

Sherlock sourit cependant et sursauta lorsque la main de John se posa sur la sienne. Son cœur se mit à cogner comme s'il voulait le transpercer et s'envoler au loin. Il regarda John dont les yeux bleus brillaient à la lueur argentée de la lune.

"Horace Slughorn... C'est de sa faute, tout ce qui est arrivé à Euros. Il croit que je ne sais rien, mais je sais tout. Hormis ce qu'il a appris à Euros avant qu'elle ne s'en aille."

"Tu le détestes ?"

"Il s'est enfuit comme un lâche alors que le monde s'écroulait. C'était un ami de ma mère, ils avaient fait leurs études ensemble. On dînait avec lui, on le laissait entrer dans notre maison... Il me racontait ses aventures, je voulais toujours qu'il me raconte ses voyages, même si à chaque fois j'avais tellement peur que j'en faisais des cauchemars. Je le voyais comme un héros. Et quand on a eu besoin de lui, il a abandonné tout le monde."

"Je comprends ce que tu dois ressentir. Mais moi j'ai toujours rejeté la disparition de ma mère sur moi-même. Et mon grand-père, mon père et Harry me le reprochaient toujours. Et puis tu m'as montré que je n'y étais au fond pour rien. Les choses sont telles qu'elles le sont. Peut-être que ce n'est pas entièrement de sa faute."

"Tu ne comprends pas. Je ne peux pas t'en vouloir de ne pas comprendre et j'espère sincèrement que tu ne comprendras jamais. Mais un soir, quand Euros était en cinquième année, Slughorn a dit quelque chose à Euros qui nous a tous condamnés. Et je dois découvrir ce que c'est."

Au bout de quelques minutes durant lesquelles régna un silence complice, ils retournèrent dans la salle. Ils prétextèrent que Sherlock avait eu une nausée, mais que ça allait mieux.

Comme la fête se terminait bientôt, les invités partirent un à un.

"William !"

Sherlock alla voir le professeur qui lui tendit une petite fiole décorée d'un petit ruban brun.

"Puisque vous êtes de loin le meilleur élève de cette école, veuillez accepter cette potion."

Sherlock le remercia avec un grand sourire et quitta les lieux en brandissant la fiole devant John.

"Ne t'amuses pas à faire durer le suspense ! se plaignait le plus petit. Dis-moi ce que c'est ! Allez !"

"Du calme, du calme, petit Hobbit."

Mécontent d'être ainsi comparé à un Hobbit, John croisa les bras comme un enfant boudeur.

"C'est un sérum de vérité."

"C'est pas illégal, ce truc-là ?" s'inquiéta John.

"Mais nous ne sommes que d'innocents élèves qui acceptons le cadeau généreux d'un professeur." 


[Voilà pour aujourd'hui ! Que va bien pouvoir faire Sherlock avec ce sérum de vérité ? Mystère...]

Les chants de la Mort - Sherlock fanfictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant