Protège-moi - T.2: L'Alpha [ Terminé ]

Chapitre 10.1

              Elle reposait à l'endroit exact où je l'avais laissé hier. Dès mon réveil, je tombais dessus. La pochette semblait me narguer, m'incitant à l'ouvrir. Comme face à une boîte de Pandore, je ressentais autant d'attirance que de peur. Peur d'être déçu, de trop attendre des informations à l'intérieur ou de découvrir un aspect de mes parents adoptifs qui modifierait mon regard sur eux. Je repoussais donc le moment d'en prendre connaissance. Je me préparais pour aller au Complexe. Comme Arenht était parti en mission, Doc passait me chercher. Bien que consciente de la nécessité de ces déplacements, j'avais du mal à supporter son absence.

Ce qui était prévu pour cette matinée allait me changer à coup sûr les idées. Declan avait décidé de resserrer les liens entre les agents des deux meutes grâce à un entraînement commun. Pas besoin d'être devin pour savoir qui me serait imposé comme partenaire. Débarquant dans la salle, le regard que me lança la jeune femme rousse m'apprit que celle-ci n'en pensait pas moins. J'appréhendais légèrement la suite, ignorant tout de ses capacités.

Avec un soupir discret, j'emboîtais le pas à Trenan qui nous attendait près de la porte. Il nous désigna moi et Tahlia comme premiers combattants. Il nous donna nos armes, de longs bâtons en bois clair. J'aurais de loin préféré mes lames, mais je comprenais ses précautions. S'il voulait éviter que l'on tache ses tapis...

On se plaça face à face sur les tatamis. Trenan n'avait pas évoqué de consignes particulières. Ce qui l'intéressait avant tout, c'était les techniques employées par chacune de nous pour ensuite faire un débriefing destiné à nous améliorer. Je soupesais le morceau de bois entre mes mains, surprise par sa maniabilité. C'était la première fois que j'utilisais une telle arme en entraînement. Pour ma part, les lames avaient eu ma préférence très tôt et je n'avais jamais pensé à essayer d'autres arts martiaux. À côté, Tahlia présentait une maîtrise évidente dans ce domaine. Elle s'amusait à faire tournoyer le bâton d'une seule main, une expression blasée sur le visage, comme si l'idée de me faire face l'ennuyait au plus haut point. Raffermissant ma prise sur mon propre instrument, je tentais de ne pas avoir l'air trop mal à l'aise avec celui-ci. J'avais conscience que ce n'était pas gagné. Trenan marqua le début du combat. Dans un premier temps, je calquais mes déplacements sur ceux de mon adversaire, concentrée sur le mouvement de ses pieds. Je ne me débrouillais pas si mal pour l'instant, me rassurais-je en arrivant à ne pas perdre le rythme. Prenant confiance, je profitais d'une possible ouverture. Mes bras propulsèrent le bâton vers l'avant, mais elle contra aussitôt ma manœuvre. Je serrais les lèvres de dépit. J'aurais dû me douter que ce ne serait pas aussi simple. Elle sourit, arrogante, puis m'attaqua à son tour. J'arrivais à parer, mais avec difficulté. Ses gestes fusaient, précis, implacables et s'abattaient avec force. En tout cas, elle n'y allait pas de main morte. Je devais rester concentrée pour ne pas flancher.

— Si on ne m'avait pas certifié que tu étais une Alpha, je ne l'aurais jamais deviné. J'ai l'impression de me combattre une humaine. C'est d'un ennui ! Je me demande bien ce qu'il te trouve.

La pique m'atteignit douloureusement. Même venant d'elle, je ne pus repousser le sentiment d'infériorité qui me gagna. Déstabilisée, je vis trop tard le mouvement qu'elle amorçait.

Dans un sifflement, l'extrémité du bâton me percuta, m'infligeant une vive brûlure au visage. Je sentis ma tête partir sur le côté sous la puissance du coup parfaitement ajusté. Sonnée, je me retrouvais contre le tapis rêche.

— Qu'est-ce que je disais ? Beaucoup trop facile.

Essuyant le sang à ma lèvre fendue, je me relevais tout en dardant sur elle un regard noir de colère. Elle me cherchait vraiment. Mes doigts se refermèrent sur le long bâton alors que je me remettais en position. Trenan nous observait depuis le banc, visiblement pas décidé à intervenir. Mon adversaire affichait un sourire de chatte satisfaite.

— Tu déclares forfait ?

— Dans tes rêves, répliquais-je en serrant les dents.

Elle haussa un de ses fins sourcils, adoptant une posture agressive.

— Alors, continuons, j'adore te mettre à terre.

Je n'allais certainement pas la laisser me ridiculiser longtemps.