Protège-moi - T.2: L'Alpha [ Terminé ]

Chapitre 19.1

Toujours aucun signe d'Ethan. J'avais peur que cette fois le retrouver s'avérerait autrement plus difficile que la dernière fois. Retourner sur le terrain vague n'avait rien donné. Déjà deux semaines depuis sa fuite soudaine du Complexe. Yorsha s'en voulait d'avoir relâché sa vigilance. Un rapide passage par son bureau avait suffi. Le temps de se rendre compte de l'absence du jeune homme, il était déjà trop tard. J'allais sur le terrain dès que les patrouilles me le permettaient, rongeant mon frein quand Declan me demandait d'attendre qu'un coéquipier soit disponible avant de me lancer sur les traces de mon ami. Je ne pouvais que lui donner raison même si à l'intérieur l'inquiétude me rongeait tel un acide.

J'errais donc dans les couloirs, à la recherche d'un potentiel compagnon de chasse quand je me retrouvais devant la pièce que s'était allouée Tahlia lors de son séjour parmi nous. La porte était entrouverte et je me risquais à y jeter un œil. Peut-être que si je lui demandais gentiment elle accepterait de m'accompagner pensais-je sans grande conviction. Je toquais légèrement, mais aucune réponse ne me parvint. Il m'avait pourtant semblé entendre quelqu'un taper sur le clavier de l'ordinateur. Entrant doucement, je la vis à son bureau, debout devant sa chaise. Son absence de réaction m'étonna. Je contournais la table pour me trouver face à elle. La pâleur de son visage m'alerta. Pour être inhabituel, ça l'était. J'entrevis la fragilité sous la carapace dure qu'elle avait l'habitude de porter. Elle restait figée devant l'écran, apparemment sous le choc. Je voyais nettement ses mains trembler alors qu'elle empoignait le dossier de la chaise pour ne pas flancher.

— Tahlia ?

Elle sursauta avant de se reprendre et me présenter son habituel air revêche.

— Oui? Que veux-tu? Je n'ai pas très envie de faire la conversation là tout de suite.

— Je ne voulais pas te déranger. Tu...Tu n'as pas l'air d'aller bien.

— Et ça ne te regarde pas.

Mon premier réflexe fut de la prendre au mot et de sortir sans demander mon reste, mais la fêlure dans sa voix m'en empêcha. Soupirant, elle me désigna l'ordinateur d'un geste résigné. Un fichier vidéo occupait l'espace. Je cherchais des yeux son assentiment. Elle hocha la tête avant de se détourner, ne supportant apparemment pas de visionner de nouveau le contenu.

— Je dois aller avertir Declan, m'informa-t-elle d'une voix étranglée.

Disparu l'air arrogant, ne subsistait plus qu'une profonde souffrance sur ses traits, comme si elle avait cessé de lutter pour sauvegarder les apparences.

J'enclenchais la lecture. Au fur et à mesure que la bande progressait, mon sang se glaçait dans mes veines. Le cauchemar ne cessait de s'étendre, engloutissant nos existences insignifiantes dans un nuage opaque de peur. La composition du Groupe L se révélait à nous, peu à peu, voile qui se levait nous confrontant aux visages réels de nos ennemis. Et l'un d'entre eux avait visiblement voulu marquer de façon théâtrale sa sortie de l'anonymat. Cette vidéo visait personnellement Tahlia. Je compris la réaction de la jeune femme lorsque le jeune homme salua la caméra. Deux mots qui résonnèrent de façon sinistre après le montage mettant en avant les atrocités commises par le Groupe L.

« Salut sœurette! »

Je retins une exclamation de stupeur. Non, ce ne pouvait pas être vrai. La suite pourtant ne fit que confirmer l'atroce réalité.

« J'ai appris que tu avais rejoint la meute de Lucius. Félicitations, tes rêves de grandeur doivent être comblés. J'espère que tu as eu le temps d'apprécier tout ça car bientôt nous frapperons et personne ne sera épargné. »

Un sourire cruel étira ses lèvres minces.

« À moins que tu nous rejoignes, prépare-toi à mourir ma chère sœur. Je n'hésiterais pas à te porter le coup fatal. Pour père la chose a été vite fait. Pour accomplir de grands desseins, il ne faut pas avoir peur de faire des sacrifices. Plus ils sont importants, meilleure en est la récompense. »

Et il continuait encore ainsi pendant plusieurs minutes. Je dus m'asseoir, oppressée par la cruauté avec laquelle le propre frère de la jeune femme assénait ses propos.