Chapitre 25.3

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Le retour à la réalité fut loin d'être une partie de plaisir. Cette fois, lorsque je repris conscience, je réussis à ouvrir les yeux. Je faillis me trouver mal en avisant ma jambe. Horrifiée, je constatais qu'ils n'avaient rien fait. Juste endormi le bas de mon corps pour ne pas me faire hurler de douleur, mais la blessure était restée en l'état, plaie ouverte d'où mon sang continuait de suinter. Je me mordis violemment la lèvre. Ne surtout pas paniquer. Je devais m'échapper d'ici au plus vite avant qu'ils ne reviennent. Les sensations commençaient à revenir, par vagues. Mon front se couvrit de sueur. La tête me tournait un peu. Mes doigts gourds arrachèrent l'intraveineuse plantée dans mon bras. Pas le temps de m'occuper de ma jambe, d'abord fuir, puis aviser ensuite.

Leurs dettes commençaient à s'accumuler à une vitesse alarmante, il était plus que temps de remettre les compteurs à jour. Je m'appuyais un moment contre un mur. Il fallait que je fasse quelque chose pour ne pas me vider de mon sang. Un coup d'œil à ma blessure suffit pour constater que les dégâts empiraient. Me débarrassant de ma chemise, j'en découpais une bande de tissu et l'attachais grossièrement autour de la plaie, bandage de fortune qui, j'espérais, tiendrait le temps qu'il faudrait. Avec le reste du vêtement, j'épongeais rapidement mon front. Surtout ne pas tourner de l'œil maintenant. Je ne repasserais pas de sitôt sur leur fichu table d'examen.

Balayant les lieux du regard, je remarquais non loin de moi une porte ouverte. Je distinguais vaguement plusieurs tables identiques à celle sur laquelle je reposais l'instant précédent. La curiosité fut la plus forte et je me risquais à aller jeter un coup d'œil. Descendant avec difficulté, je m'efforçais de ne pas m'appuyer sur ma jambe blessée, serrant les dents sous les vagues de douleur qui me traversaient. C'est en me traînant à moitié que j'accédais à l'annexe. L'ambiance y était aussi froide et stérile que la pièce que je venais de quitter. La seule différence était la pénombre y régnant. Tâtonnant le long du mur, je trouvais un interrupteur. La lumière crue des néons inonda la salle, me faisant ciller. Je distinguais nettement à présent la série de tables-chariots recouvertes de drap blanc. Je frissonnais sous le spectacle. Dans le genre morbide... Malgré l'atmosphère digne des séries policières montrant les autopsies et autres joyeusetés se passant dans les morgues, je pénétrais plus avant dans la pièce, me posant devant l'une des tables. Je voulais savoir ce qu'ils cachaient là. Prenant mon courage à deux mains, je saisis le bout du tissu pendant sur les côtés.

D'un coup de poignet, je rabattis le drap de l'autre côté. J'eus alors un violent mouvement de recul qui faillit me faire finir à terre. Mes poings se serrèrent, mes ongles s'enfonçant profondément dans la chair tendre de mes paumes. La table métallique supportait le corps livide et sans vie d'un homme et je ne mis pas longtemps avant d'identifier l'un des nôtres, un loup-garou que j'avais eu l'occasion de croiser lors d'une fête des clans. Je me détournais, sur le point de vomir. Des hauts le cœur me firent me plier en deux. J'essayais de contrôler ma respiration pour enrayer la crise. Ce n'était pas la vue d'un mort qui me chamboulait autant, mais le fait qu'il soit ouvert sur toute la longueur de son torse. Un sombre pressentiment s'empara de moi alors que je relevais la tête vers les autres tables m'environnant. Déglutissant péniblement j'allais vérifier. Des corps, une dizaine, tous charcutés pour fouiller leurs entrailles. Je me trouvais là où ils entreposaient les victimes de leurs expériences. Des loups-garous sur lesquels ils avaient injecté leur sérum mortel et étudié l'effet. Je me forçais à sortir d'ici, leur promettant intérieurement de leur accorder une vengeance à la hauteur de ce qu'on leur avait infligé. C'est les jambes tremblantes que je quittais les lieux, la tête encore emplie des visages à la pâleur cadavérique.

Alors que j'avançais tant bien que mal, la tête lourde, des bras me saisirent et avant d'avoir pu hurler, une main se plaqua vivement sur ma bouche. En une réponse réflexe, je la mordis tout en me débattant. Un juron résonna à mes oreilles quand mes dents se plantèrent dans la chair de mon agresseur. Je cessais instantanément de bouger. Cette voix...

Protège-moi  - T.2: L'Alpha [ Terminé ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant