Chapitre 29.3

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En sortant de notre cachette, je serrais fortement sa main. Aucun bruit ne troublait cette partie du complexe. Dès que des fenêtres furent visibles nous eûmes la confirmation que la nuit était tombée au dehors. Grâce à notre vision adaptée, nous pouvions nous faufiler le long des couloirs, à l'abri des ténèbres ambiants. Après les bureaux déserts, nous accédâmes à un vaste espace qui ouvrait sur l'accès aux étages inférieurs et supérieurs, ainsi qu'à un long couloir débouchant sur l'aile ouest. Il fallait se décider de la piste à suivre. Avant qu'il ne me le demande, je tentais de joindre Sohren, espérant qu'il réponde à mon appel contrairement à la veille. Depuis que nous avions été séparés lors de l'attaque au gaz, je n'avais pu rétablir le contact télépathique. Portant la main à ma tempe, je me concentrais de toutes mes forces pour envoyer un signal. Peut-être qu'en y mettant plus de force mes pensées pourraient être perçues de plus loin par un alpha. Un début de migraine vint m'enserrer le crâne mais je persistais dans mon effort. Nous n'avions que ce moyen pour gagner du temps et les retrouver. Seuls les doigts d'Arenht autour des miens me faisaient garder un point d'ancrage avec la réalité et m'insufflaient la force de continuer. Alors, malgré la douleur de plus en plus intense qui me vrillait la tête, je poursuivais. Les minutes passèrent sans qu'aucun message ne me parvienne en retour. Je vacillais, les yeux clos, entièrement tournée vers les ondes que j'émettais. Je me serais écroulée si mon homme ne m'avait retenu. Celui-ci n'osait m'interrompre mais je sentais son inquiétude grandissante alors que mes traits se crispaient de plus en plus.

Je finis par lâcher prise et m'affalais contre lui, la tête sur le point d'exploser.

— Je... Je n'ai pas réussi à le joindre, murmurais-je avec difficulté, la gorge sèche.

— Tu n'aurais pas dû autant forcer. On va les retrouver même si on met plus de temps.

— En ont-ils seulement...

Il ne répondit pas, se contentant de resserrer sa prise autour de moi. Je savais qu'il pensait à son frère.

— Comment t'en es-tu sorti lorsque nous avons été séparés par ce mur ? demandais-je soudain.

— On peut dire que j'ai eu de la chance, éluda-t-il. Ce n'est pas vraiment le moment d'en parler. On aura le temps de nous raconter nos péripéties une fois sortis d'ici, tu ne penses pas ?

J'acquiesçais à contrecœur.

— Ça va ? Tu vas pouvoir tenir le coup ?

— Oui, ça va passer, allons-y.

La migraine refluait lentement maintenant que je ne tentais plus de communiquer par l'esprit mais je demeurais attentive à la moindre pensée étrangère qui affleurerait.

Notre choix se porta vers les étages inférieurs. La plupart du temps, c'est au sous-sol que l'on isolait les prisonniers. Pour confirmer notre intuition, plus nous descendions et plus nous sentions la présence d'autres êtres humains. Certainement des gardes patrouillant dans les environs. Et qui disait patrouilles, disait automatiquement zone dans laquelle se trouvait des choses à sécuriser, données, matériels ou prisonniers. Je repris espoir tout en gardant la tête froide. Il ne s'agissait pas de nous précipiter. Nous n'étions que deux et l'effet de surprise restait notre meilleur atout. Tant qu'ils ignoraient notre présence, nous avions nos chances.

Cette partie du bâtiment était éclairée, attestant de son utilisation courante. Nous plaquant dans le renfoncement de la cage d'escalier, on attendit quelques minutes en essayant d'estimer le nombre d'hommes postés dans le couloir juste à côté. Notre ouïe fine, ainsi que notre odorat nous permettaient de dissocier les différentes présences quand celles-ci étaient assez proches. Dans un espace restreint comme celui-ci, ces données nous étaient plus facilement perceptibles et notre estimation d'autant plus juste. Je laissais le soin à Arenht de faire son repérage tandis que de mon côté je refaisais une tentative de communication télépathique avec Sohren. Avant de fermer les yeux, je surpris le regard inquiet de mon homme. D'une pression de ma main sur son avant-bras je le rassurais. Je n'avais pas l'intention de forcer comme tout à l'heure. Cela aurait été trop dangereux de me remettre dans une telle position de faiblesse. Je comptais sur le fait que nous soyons plus proches d'eux.

Protège-moi  - T.2: L'Alpha [ Terminé ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant