Chapitre 33.2

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— Père n'était pas un Alpha, il aimait mère, soutint Tahlia d'une voix tremblante.

— Ton père en effet n'en était pas un.

Elle resta choquée, se débattant avec l'idée qu'il venait de lancer.

— Qu'est-ce que...

— Il est temps que je te dévoile la vérité. Elle n'a que trop longtemps empoisonné ma vie.
Il s'approcha jusqu'à la frôler, la dominant de sa haute stature.

— Lorsqu'elle a fui sa meute de l'autre côté du continent, notre mère était enceinte de moi. Ton père l'a sauvé à son arrivée en Europe et l'a intégré à sa meute. Et ils t'ont eu. Mais il ne m'a jamais accepté. Je représentais une menace pour lui. M'exclure de la famille n'était qu'une question de temps.

— C'est toi qui es parti rejoindre la meute de nos cousins à l'autre bout du pays, rétorqua la jeune femme.

— Telle est la version qu'ils ont fait courir pour ne pas alerter les autres membres de notre clan. Masquer le bannissement de l'enfant imposé. Il m'a contraint à l'exil en menaçant de révéler le secret de notre mère. S'il le faisait, la meute n'aurait eu d'autre choix que de nous livrer à mon géniteur. Il n'est jamais bon de mécontenter un puissant Alpha. Selon ton père, en restant parmi eux, je constituais un trop grand danger pour leur sécurité à tous.

Il laissa échapper un rire cynique.

— S'il savait à quel point il avait raison. Il a fini par en avoir la confirmation lorsque je l'ai finalement retrouvé.

Des larmes perlaient au bord des yeux verts de Tahlia.

— Tu l'as tué, articula-t-elle d'une voix douloureuse.

— Oui et je regrette seulement de ne pas l'avoir fait plus tôt.

Il joua négligemment avec le couteau qu'il tenait. Je m'agitais contre mes liens, commençant à ne plus vraiment avoir conscience de l'argent entourant mes poignets à force de l'endurer. La douleur ne faisait plus qu'un avec moi, se réduisant à un bruit de fond désagréable. Pour l'instant, l'inquiétude pour ma partenaire prenait le pas sur toute autre considération. Le fait qu'elle ne soit que sa demi-sœur aggravait le danger qu'il représentait pour elle. Se servirait-il de cette lame sur une partie de son sang ? Incontestablement il le ferait, de sang froid qui plus est. Mais pour le moment, il semblait absorbé par les souvenirs. Si ce qu'il racontait avait un fond de vérité, dieu sait qu'il avait des raisons d'être en colère.

— Elle aussi en a versé des larme,s ma chère sœur. Elle a autrement souffert que toi, petite princesse chérie par son père. Tu n'as même pas idée de ce qu'elle a dû endurer.

Je tentais le tout pour le tout. Prenant une profonde respiration, je me jetais à l'eau.

— C'est pour la venger que tu fais tout ça ?

Je me demandais après coup si je n'allais pas envenimer les choses. Quand il s'avança vers moi, je me dis qu'au moins il lui laissait un peu de répit. Je jetais un coup d'œil à son visage. On discernait bien la trace des doigts de Tanëhl sur son menton, profondément incrustés.

— On se décide à m'adresser la parole ? répliqua-t-il ironique. Je pensais que je ne méritais même pas cet honneur. Vu que tu sembles avoir une opinion sur tout ça, je vais te faire le plaisir de répondre.

Je réprimais du mieux que je pouvais les tremblements de mon corps. La fatigue et la douleur, combinées à la peur, je n'étais pas loin de craquer mais je m'accrochais avec d'autant plus d'ardeur, ne voulant pas lui faire le plaisir de le lui montrer. Il en tirerait d'autant plus de satisfaction ce pervers. J'étais une alpha. Comme sa mère. Il l'avait aimé. La lui rappelais-je ?

— Tu finiras par comprendre ce qui t'attend et alors tu viendras à moi. Je veux te donner la place que tu mérites au sein de notre espèce, ensemble nous serions un couple puissant et pourrions régner sur tous les clans sans exception.

C'était cela son plan ? Prendre la tête de toutes les meutes ? Il était vraiment fou à lier. Une telle chose ne saurait devenir réalité. Jamais les loups n'accepteraient d'être dominés par un seul membre de leur espèce, fut-il un alpha ! Son plan paraissait clair dans son esprit. Le virus en faisait sûrement partie. Une armée de loups créée à partir d'humains pour l'aider à prendre le pouvoir. Un frisson me traversa. Et si cela marchait ?

Un sourire mauvais étira ses lèvres alors qu'il me regardait assimiler ses paroles. Satisfait de nous avoir embrouillé l'esprit, il sortit, refermant la lourde porte. Je n'arrivais toujours pas à croire à ce que j'avais entendu de sa bouche. Combien de temps comptait-il nous laisser accrochées au mur ? Le contact entre ma peau et l'argent m'envoyait régulièrement des pics de brûlure. Je me mordais les lèvres pour ne pas gémir de douleur. Pour tenir, je pensais à mon homme, m'imaginais contre lui. C'est sur ces images mentales que je sombrais dans un demi-sommeil.

Protège-moi  - T.2: L'Alpha [ Terminé ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant