Protège-moi - T.2: L'Alpha [ Terminé ]

Chapitre 3.3

Lucius s'approcha de moi, venant m'examiner de plus près. Devais-je soutenir attention ou au contraire le prendrait-il pour un signe d'impertinence ? Devais-je me présenter ou attendre qu'il parle ? Mon angoisse monta d'un cran alors que mon cerveau se saturait de questions sans réponses. Pire que tous les exposés que j'avais eu à lire devant la classe.

— Sensibilité.

Le mot tomba tel un couperet. De là à savoir si c'était un terme flatteur ou pas, impossible de le deviner. Declan ne bronchait pas. Pas d'indice de ce côté-là non plus. J'essayais de ne pas fixer la cicatrice en travers de son œil gauche.

— Pour une alpha, cela n'est pas considéré comme une qualité.

En même temps, je n'avais pas besoin de son analyse pour comprendre que j'étais loin du stéréotype attendu de l'élite. Si cela ne tenait qu'à moi, j'aurais fait l'impasse sur ce statut. Mais pour Declan, je devais faire bonne figure pour augmenter nos chances de mettre en place un partenariat rapproché entre nos deux meutes. J'avais l'occasion de servir à quelque chose, autant ne pas gâcher ce potentiel.

— Mais je dois admettre l'existence d'une certaine combativité chez elle. Comme elle vient de découvrir que récemment son rang parmi l'espèce, la moindre des choses est de lui laisser le temps de faire ses preuves.

Le chef inclina la tête en signe d'assentiment. Cela semblait bien parti pour les négociations.

— Si elle est bien ce qu'elle prétend être.

Il se tenait devant moi, me regardant de haut. Je n'en menais pas large. Derrière lui, le sourire arrogant, Sohren ne me quittait pas des yeux, apparemment amusé de mon air désemparé. Il devait bien profiter du spectacle. Je me sentais étudiée, jugée. Bon, d'accord, moi aussi j'avais eu du mal à y croire. La présence de Declan à mes côtés n'était qu'une maigre consolation. Ma louve montrait les dents, pas plus enchantée que moi d'être ainsi détaillée comme du vulgaire bétail, mais j'étais la seule à le percevoir.

Quand il en eut fini, le chef des lieux s'éloigna sans prononcer un mot, se rendant dans la pièce attenante. Comme un seul homme, tous le suivirent. Declan me poussa doucement, m'incitant à leur emboîter le pas. Est-ce que tout allait se faire dans le silence le plus complet ? L'atmosphère dans ces lieux était étouffante, empreinte d'une autorité sans appel, sans aucune comparaison avec l'ambiance bonne enfant instaurée par Declan. J'étais bien contente d'être tombée sur lui pour aborder ma vraie nature. Je supposais qu'ici, les choses n'auraient pas été aussi faciles. Nous débouchâmes dans une grande salle de réception. Une table immense était dressée, illuminée de nombreux chandeliers. Avec cérémonie, le chef et sa meute prirent place. À notre tour, on s'installa, face à Sohren et son père. J'évitais soigneusement de croiser le regard supérieur du jeune homme. Un coup d'œil risquait de me mettre en pétard et ce n'était ni le lieu ni le moment. Je gardais donc mon attention rivée sur mes mains en attendant la suite des réjouissances. J'aurais tellement voulu qu'Arenht soit à mes côtés. J'aurais été rassurée et moins seule.