Chapitre 32.4

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Il se dirigea vers un coin de la pièce. Un cliquetis de chaîne résonna. Un bruit que je n'avais que trop entendu avec nos ennemis. Il les tenait à pleine main. J'éviterais l'argent pour cette fois alors. Ses mèches aussi flamboyantes que celles de Tahlia brillèrent sous la clarté de l'unique lampe au plafond.

— Une petite précaution avant que je ne te laisse.

Il ajusta les chaînes autour de mes poignets avant de les accrocher à un anneau au mur.

Je ne pus retenir un cri de douleur dès que le métal fut en contact avec ma peau. Effaré, je levais les yeux vers lui. Il n'avait pas bronché alors qu'il m'amenait mes liens. Comment...

— Pourquoi cet air si surpris louve? La morsure de l'argent t'affecte à ce point?

Mon tortionnaire empoigna mon poignet, y plaquant dans le même temps les maillons de la chaîne entre sa peau et la mienne. Je serrais les dents pour ne pas hurler sous la brûlure vive. Un sourire carnassier étirant ses lèvres charnues, il observait mes réactions, guettant la montée de la souffrance sur mes traits. La sueur perla sur mon front alors qu'il semblait ne rien ressentir lui.

— Tu commences à comprendre j'ai l'impression.

Il ouvrit la main, mettant un terme à la torture. Je laissais retomber ma tête contre le mur, le souffle court. La trace rougeâtre sur mon poignet mettrait quelques minutes à disparaître.

— Je n'ai aucun point faible, pas même celui avec lequel doivent vivre tous les autres loups-garous.

Il glissa sa main le long de ma hanche. Les battements de mon cœur s'emballèrent alors que je me demandais à quels jeux cruels il allait encore me soumettre. Je faillis soupirer de soulagement en prenant conscience qu'il me dépouillait de mes lames. Son pouce vérifia le tranchant de celles-ci.

— Des armes bien affûtées, dommage que l'occasion ne se soit pas présentée de les essayer sur moi.

Il m'observa un instant sans mot dire.

— Tu ne te demandes pas comment j'ai pu te trouver aussi rapidement ? demanda-t-il un sourire sarcastique aux lèvres. Non que je n'aurais pas fini par remonter ta trace seul.

J'évitais son regard. Je pressentais que la réponse ne me plairait pas. Je me repassais les derniers évènements en mémoire, essayant de faire le lien. Il lâcha un rire bref devant mon trouble.

— Je dirais juste que les apparences sont souvent trompeuses et que la confiance est un luxe qu'il est sage de ne pas accorder à la légère. Il vaut même mieux ne pas l'accorder du tout.

Quelqu'un nous avait trahis. La conclusion s'imposait clairement maintenant et une grimace m'échappa. Il suivait attentivement l'évolution des pensées s'inscrivant sur mon visage. A présent, je passais en revue les potentiels traîtres. Il m'était impossible pourtant de douter une seule seconde du moindre de mes amis. Entre les membres de ma meute ou des autres meutes, qui pourraient vouloir nous mettre en danger ?

— Vous êtes si pathétiques à vous en remettre aveuglément à ceux de notre espèce. Nous sommes aussi faillibles que les humains, aussi retors si ce n'est plus. Je te laisse te creuser la tête encore un peu, c'est si divertissant comme spectacle. Le doute va commencer à s'insinuer dans ton esprit, lentement, tel un poison perfide. Là les choses pourront devenir intéressantes.

Il s'éloigna de moi, un sourire jouant aux coins de ses lèvres.

— Attends-moi là, je ne serais pas long. Des retrouvailles familiales s'imposent.

Il referma le lourd battant, non sans avoir éteint la lumière avant. Je me retrouvais plongée dans le noir, à subir le feu constant de l'argent touchant ma peau. J'étais seule, seule avec les pensées insidieuses qu'il avait savamment introduit dans mon esprit. Il mentait, il était assez fourbe pour le faire. Puis je pensais à ces dernières paroles. Tahlia. Je priais pour qu'il ne la retrouve pas. Je pressentais qu'il serait autrement plus cruel avec sa propre sœur. Les liens fraternels ne paraissaient pas revêtir une grande importance pour lui. 

Protège-moi  - T.2: L'Alpha [ Terminé ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant