Chapitre 38.2

74 6 6
                                    


J'entrais, épuisée, dans l'appartement. Arenht me suivait juste derrière. J'envoyais valser mes escarpins, mes pieds douloureux appréciant la fraîcheur du parquet. Je n'avais pas pris la peine d'allumer la lumière. Les rideaux ouverts me permettaient d'avoir suffisamment de clarté pour me repérer. Après toutes ces émotions je n'avais qu'une envie, me laisser tomber sur le matelas, et m'endormir dans les bras de mon fiancé. Un petit rire de contentement sortit de mes lèvres en me répétant ce mot. Justement, mon « fiancé » m'enlaçait, me ramenant contre lui avant de me voler un baiser, baiser qu'il ne tarda pas à approfondir, me laissant les jambes flageolantes. Il me relâcha pour enlever ses propres chaussures. Avançant vers le lit, je réussis à me prendre les pieds dans une des piles de livres traînant à terre. Je laissais échapper un juron tout en frottant mes orteils douloureux. J'aurai dû m'y attendre pourtant. En me redressant, j'entrevis un mouvement près de la fenêtre.

— Presser d'aller au lit toi aussi ? le taquinais-je.

— Laisse-moi juste enlever ma veste et je te rejoins.

J'arrêtais de bouger aussitôt et scrutais l'espace ouvert sur la rue. Ce n'était pas Arenht, pensais-je en sentant mon pouls s'affoler. Quelqu'un d'autre se trouver dans l'appartement. Déglutissant lentement, je m'adressais à mon homme en essayant de parler le plus normalement possible.

— Pour finir je veux bien que tu allumes pour éviter de me retrouver avec un orteil en moins.

— Et ton fameux sens de l'orientation dans le noir, hein ? plaisanta-t-il en s'exécutant.

J'essayais de ne pas ciller sous la soudaine clarté illuminant les lieux, le corps tendu en prévision d'une attaque.

— Mais qu'est-ce que... , s'exclama Arenht en avisant en même temps que moi l'homme assis dans le canapé.

L'inconnu leva tranquillement une main devant lui pour signifier qu'il n'avait aucune intention agressive. Tandis que moi, je demeurais interdite en détaillant ses traits. Ce n'était pas possible... Mes yeux se remplirent de larmes et ma respiration devint laborieuse. Je n'avais jamais aussi bien compris l'expression « voir un fantôme » qu'en cet instant. Arenht nous regardait tour à tour, tentant de comprendre ce qui me mettait dans un tel état. Le visage de l'homme en face de moi montrait qu'il était aussi bouleversé que moi.

— Qui êtes-vous ? l'apostropha Arenht.

— Pardonnez-moi ce manque de politesse, répondit-il d'une voix grave. Je m'appelle Kohliar.

Un frisson me parcourut au moment précis où il prononçait son nom, confirmant ce que mes yeux avaient déjà reconnu. La personne qui s'était invitée dans mon appartement et qui nous faisait face, cette personne était mon père...

Protège-moi  - T.2: L'Alpha [ Terminé ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant