Chapitre 4.3

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Le bâtiment se révélait immense, un dédale de pièces en enfilades, de couloirs aux arches anciennes, de vastes halls. Nous finîmes par déboucher sur le parc. La lumière de la fin d'après-midi baignait d'un éclat pourpre le sommet des arbres. Je respirais à pleins poumons et avec délectation l'air vivifiant du dehors. Je me sentais déjà mieux, plus libre. Je vis Sohren aussi offrir son visage aux derniers rayons du soleil, les traits détendus. Son arrogance n'était-elle qu'une façade ?

Un crissement de pas sur le gravier non loin de nous. Je me tournais vers la source du bruit. Arenht ! Devant mes yeux se tenait mon homme, jean noir et veste de cuir de la même teinte. Avec ses cheveux couleur de nuit, il me faisait plus que jamais penser à un ange vengeur. J'aurais dû me douter qu'il viendrait quand même, autant pour la sécurité du chef que pour me soutenir. Un grand sourire illumina mon visage et chassa le stress de cette journée. Je me précipitais vers lui, notant son air renfrogné alors qu'il bloquait sur le jeune homme à mes côtés. Il m'enlaça dans un geste possessif et je ne pus m'empêcher de savourer cette démonstration typiquement masculine.

— Declan m'a appelé pour me demander de te raccompagner. Le rendez-vous va s'éterniser.

— Je suis contente de te voir ici.

Je lui plantais un baiser sur la joue, puis glissais jusqu'à ses lèvres. Je le sentais sur ses gardes et m'efforçais de me montrer détendue et de dévier son attention de l'autre mâle présent. Celui-ci n'avait pas attendu pour plaquer une arrogance de rigueur sur son visage.

— Salut Arenht.

Au moins, il ouvrait le dialogue. Si seulement il pouvait éviter de sourire avec autant d'insolence, les tensions auraient eu des chances de s'apaiser.

— Salut.

Sa réponse brève indiquait qu'il n'avait pas l'intention d'enchaîner sur des banalités de convenance.

Le fait qu'il le tolère semblait être le maximum auquel il pouvait consentir. Mais il en fallait plus pour décourager Sohren, je commençais à le cerner.

— Ça m'a vraiment surpris de découvrir qu'elle faisait partie de l'élite, déclara-t-il comme s'il poursuivait une conversation que visiblement son interlocuteur n'était pas disposé à avoir avec lui.

Je serrais fermement la main d'Arenht pour l'inciter à ne pas s'énerver. Juste un petit échange et chacun repartirait dans sa meute.

— Grâce à moi, elle n'a pas eu besoin de subir les tests habituels pour le certifier.

Mon compagnon eut un regard d'incompréhension, continuant à fixer Sohren. Pour ma part, je me demandais ce qu'il mijotait. Le sourire satisfait qu'il affichait n'était pas de bon augure.

— Que veux-tu dire par là ? gronda Arenht.

— Dialoguer par la pensée est la preuve irréfutable de son statut d'alpha.

Je sentis mon sang se figer, mon cœur louper un battement quand il prononça ces mots. Pas voir mon homme pour savoir qu'il encaissait difficilement la nouvelle. Sa fureur était perceptible même par ma louve, qui se tapit prudemment à l'intérieur de moi, prête à laisser passer l'orage. Je lançais un regard noir à Sohren.

— Qu'est-ce qu'il raconte ? Dis-le-moi, m'intima-t-il d'une voix sourde.

Les poings serrés, il se retenait visiblement de se jeter sur l'arrogant alpha.

— Je... C'est juste qu'il..., balbutiais-je, incapable de trouver la meilleure façon de le lui annoncer.

Je savais qu'il le prendrait mal, et je pouvais le comprendre. À sa place, je serais folle de jalousie si j'apprenais qu'il pouvait communiquer par la pensée avec une autre fille.

Me tordant les mains, j'étais désemparée. Je ne voulais surtout pas déclencher une bagarre entre les deux, mais ça, c'était sans compter sur Sohren.

— Au cas où tu l'ignorerais, je suis un alpha. Je peux lui parler dans sa tête en toute tranquillité.

Je lui décochais un regard assassin. La subtilité n'était pas son point fort. À son sourire en coin, je compris qu'il avait atteint son but, faire souffrir Arenht. Les yeux de celui-ci virèrent à l'ambre liquide alors que sa mâchoire se contractait brusquement. Lui agrippant le bras, je tentais de le calmer.

— Laisse-le, Arenht. Il veut juste t'énerver.

— C'est vrai ce qu'il dit ? Parce que si c'est le cas, il a réussi son coup.

— Ben quoi ? T'es jaloux ? le chercha Sohren en me fixant.

« Tu es vraiment avec ? », poursuivit-il en pensée.

« Pourquoi, c'est toi qui es jaloux ? », rétorquais-je par le même biais.

« Et si je disais oui ? »

J'en restais bouche bée. Qu'insinuait-il ? Arenht remarqua que j'étais perturbée. Il gronda en se doutant de ce qu'il se passait.

— Tu me cherches vraiment là. 

Protège-moi  - T.2: L'Alpha [ Terminé ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant