Chapitre 14.3

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Je le suivais à l'intérieur de la voiture. Leur tournée n'avait rien donné de concluant dans leur secteur. Ne restait plus qu'à joindre l'équipe de Sheren. Elle opérait dans le quart opposé au nôtre. L'aube se lèverait dans un peu moins d'une heure, il ne fallait pas traîner dans le coin. Nous n'opérions que la nuit, évitant au maximum les contacts avec la population citadine. Un juron de Trenan m'alerta.

— Merde, ils ne répondent pas.

— Peut-être qu'ils sont occupés à en traquer un, tentais-je.

— Un des trois devrait être joignable.

Son air sombre ne me disait rien qui vaille. Il n'avait pas pour habitude de s'inquiéter pour rien.

— Allons voir sur place, proposa Antonh en se mettant au volant.

Trenan s'engouffra à son tour à l'intérieur et nous ne tardâmes pas à rouler à vive allure dans les rues secondaires, le plus loin possible de l'agitation nocturne.

Une fois sur place le mauvais pressentiment de Trenan ne fit que se confirmer. Ils n'étaient pas dans le quartier concerné, mais un peu plus loin, dans la rue principale faisant l'angle. Les sirènes d'une ambulance et de la police résonnaient allégrement.

Je croisais le regard d'Antonh. Ça sentait vraiment mauvais cette affaire. Peut-être que nous nous faisions du mauvais sang pour rien, mais avec le Groupe L nous avions de quoi nous méfier.

— Je vais aller jeter un œil, voir si ça nous concerne, lâcha Trenan.

De son côté, Antonh réessaya de joindre un des membres de leur équipe, sans succès.

— Mais où sont-ils ?

Quelques secondes plus tard, son portable vibra. Il décrocha immédiatement. Son soulagement ne dura pas longtemps.

— OK. Oui, elle est avec nous. Ne t'inquiète pas. Sheren... Non, c'est pas vrai ! Il en rate pas une, je te jure. On était à leur recherche justement... OK. On se rejoint à la planque.

Il raccrocha alors que Trenan revenait vers nous. Il attendit qu'il s'installe dans la voiture avant de rapporter son appel.

— Je viens d'avoir mon frère. Notre pote s'est encore mis dans un sacré merdier.

— En effet, je viens de voir qu'on l'emmenait dans l'ambulance.

— Hein ? m'exclamais-je sans y croire. C'est une blague !

— J'aimerais bien, répliqua Antonh. On n'avait pas besoin de ça. Maintenant, va falloir aller le récupérer aux urgences.

Je frissonnais rien qu'en pensant à ce genre d'endroit que je fuyais comme la peste. Le trajet jusqu'à l'appartement se fit dans un silence renfrogné. Nous pensions tous aux répercussions de ce qui venait d'arriver. Un des nôtres, blessé, aux mains des humains, ils ne tarderaient pas à se rendre compte que quelque chose clochait dès qu'ils feraient des analyses et verraient la rapidité de sa guérison. Si seulement Doc n'était pas parti depuis des jours à plusieurs centaines de kilomètres de là, il aurait pu intervenir directement pour le tirer de là. En attendant, nous en saurions plus dès que nous serions en communication avec notre chef. Il avait fort à parier que son humeur devait être des plus noires.

Protège-moi  - T.2: L'Alpha [ Terminé ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant