Chapitre 17.2

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J'arpentais les couloirs du Complexe à sa recherche. J'étais résolue à mettre notre antipathie de côté pour réussir cette mission. Ma première intuition se révéla exacte. Elle était occupée à travailler le tranchant de son arme, l'affûtant avec une application extrême. Je lâchais mon sac près du banc, la guettant du coin de l'œil. Elle ne broncha pas, continuant son mouvement précis. Ouvrant la fermeture éclair, je sortis mes lames de leur étui de soie. Essayant de faire abstraction de la présence de Tahlia, je me plaçais dans la ligne de la cible.

L'acier fusa, flèche argentée, vitesse maximale, directement dans le mile. J'enchaînais les lancers, totalement dans mes tirs. Une fois que j'étais avec mes petits bijoux, plus rien n'existait. Après il ne restait plus qu'une bonne fatigue, une tension agréable étirant mes muscles. J'allais ensuite récupérer mon matériel.

— Ouais. Tu te débrouilles.

Elle venait d'admettre mes capacités dans un domaine. Alors là, j'en demeurais saisie, mais n'en laissais rien paraître. Moi aussi je pouvais me la jouer comme elle, enfin essayer.

— Tes lames ne sont pas mal non plus.

Il fallait bien le reconnaître, le tranchant recourbé de ses poignards en imposait. J'avais eu l'occasion de la voir évoluer avec. Elle passa le pouce sur le fil aiguisé, les yeux dans le vague.

— Elles viennent de loin, on me les a offertes lors d'un voyage au Maroc. Une très vieille histoire.

Malgré moi, je devais avouer que l'on avait un point commun, notre préférence pour les armes blanches. Les armes à feu pouvaient malgré tout se révéler providentielles, notamment lorsque les circonstances nous mettaient face à des ennemis qui ne juraient que par celles-ci. Ces cas étaient bien heureusement assez rares. Le groupe L privilégiait les doses de virus et inventions sournoises à base d'argent. L'une comme l'autre, nous portions un grand respect à nos lames dont le tranchant était notre redoutable atout.

Bon, on y était. Première patrouille en duo avec l'ex de mon homme. Pourquoi faire facile quand on pouvait faire compliqué ! Mais où Declan avait eu la tête ? Et Arenht qui n'était pas rentré depuis trois jours... Comment réagirait-il en l'apprenant ? Il serait certainement aussi surpris que moi. Délaissant mon reflet dans le miroir, je m'appliquais rapidement de la crème hydratante sur le visage espérant, sans trop y croire, atténuer les marques de fatigue dues à une nuit agitée. Depuis qu'il était en mission, je n'arrivais pas à trouver le sommeil, mon esprit trop occupé à s'en faire pour lui, ainsi que pour Ethan. Il fallait prier pour que l'on ait de la chance, car nous n'avions aucun indice concernant ce dernier. C'est quasiment à l'aveugle que nous nous lancions sur sa piste dans les environs d'Ottawa.

Pour délimiter un peu nos recherches, Yorsha nous avait concocté une carte sur laquelle figuraient les principaux bâtiments abandonnés, usines désaffectées, refuges possibles des cobayes du groupe L. Equipées de cette feuille de route et de nos armes fétiches, nous partîmes sur le terrain. Bien sûr, Tahlia veilla à s'imposer dès le début. D'autorité, elle prit le volant, me laissant gracieusement la place passager. Si elle voulait me vexer ou me mettre d'office en rogne, elle en serait pour ses frais. Faisant office de copilote, j'entretenais un minimum de conversation sans pour autant installer une atmosphère amicale entre nous deux. Le premier lieu sur lequel nous nous rendîmes se situait non loin de la Réserve où se nichait le Manoir, un patelin du nom de Grand-Remous. À sa périphérie, nous empruntâmes un chemin secondaire. Garant le véhicule à l'écart de la route, nous nous équipâmes avant de nous diriger vers des bâtiments excentrés. Pour la plupart réservés au stockage, ils paraissaient à l'abandon. D'un commun accord, nous choisîmes d'en faire le tour, histoire de veiller à ce que les alentours soient bien sans danger. Arrivées à l'arrière du premier, notre précaution s'avéra utile. Nous étions loin d'être seuls sur les lieux.

Protège-moi  - T.2: L'Alpha [ Terminé ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant