Chapitre 17.4

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Cette fois-ci, nous nous rapprochâmes des abords d'Ottawa, là où nous avions localisé les dernières attaques. Cela restait logique d'imaginer qu'ils se planquent dans les environs. Un choix dangereux dans la mesure où ils risquaient plus rapidement de se faire prendre. Le bâtiment qui se dressait devant nous avait servi pour une petite entreprise de commerce alimentaire. Une plaque à présent quasiment illisible surmontait la porte vitrée poussiéreuse. Tahlia sortit directement sa dague, prête à affronter de nouveau ceux qui viendraient nous chercher querelle. Je jetais un coup d'œil ennuyé à mon bras avant de reporter mon attention sur la jeune femme.

Je devais avouer qu'elle avait une certaine classe avec cette arme. Elle me fit un signe de tête. Il était temps de mettre notre plan à exécution. Pendant qu'elle surveillait les abords du bâtiment, je me rendis à la porte de derrière. La chaîne cadenassée ne me résista pas. Je n'eus qu'à tirer dessus d'un coup sec. J'ouvris doucement le battant, les sens en alerte.

À l'intérieur régnait une atmosphère opaque. Je fronçais quelques instants le nez en aspirant l'air lourdement poussiéreux. J'entrais furtivement et refermais derrière moi. Ici se trouvait un ensemble de bureaux. Je me dirigeais vers le sous-sol, en espérant qu'il y en avait un. Pour plus de sécurité, ils avaient forcément privilégié une zone peu visible pour y entasser leurs expériences. Il suffisait que je la découvre. Aucun bruit ne filtrait dans cet espace vide. À coup sûr, ils avaient veillé à insonoriser la pièce où ils œuvraient. Longeant les murs, j'ouvrais chaque porte susceptible de mener vers le niveau inférieur.

J'espérais que cet immeuble était le bon. C'était le quatrième que nous passions au crible et je doutais que Tahlia continue à suivre mes pistes sans rechigner. Elle me sous-estimait déjà assez comme cela. Je savais que j'avais moins d'expérience qu'elle sur le terrain, mais mon instinct ne m'avait jamais fait défaut. Où es-tu Ethan ? me demandais-je avec angoisse. Une nouvelle poignée de porte. Je l'ouvris sans trop y croire, m'attendant à une énième déception. Elle me résista. Un accès fermé ? Étrange. Pourquoi se donnait la peine de mettre un verrou dans un lieu à l'abandon ? Ma curiosité éveillée, je la forçais donc, en essayant de faire le moins de bruit possible, le son amplifié par l'espace vide autour de moi. Une fois ouverte, j'aperçus des marches qui descendaient. Bingo ! Arrivée là, le plan stipulait que je fasse appel à ma partenaire avant d'aller plus loin. Mais je ne pouvais me résoudre à attendre. Surtout, j'imaginais déjà la scène si le sous-sol se révélait désert. Elle m'en rebattrait les oreilles pendant plusieurs jours et aurait un élément de plus pour appuyer mon manque de résultats. Je pris la décision de m'aventurer seule en bas. En restant vigilante, je pouvais espérer en ressortir entière. Je comptais sur ma louve dont les sens étaient plus aiguisés que les miens. Si le danger se profilait, elle le ressentirait la première. Là encore, aucune lumière n'éclairait l'escalier obscur. Mon ouïe attrapa ce qui ressemblait à un son, très lointain et étouffé, mais qui ne trompait pas. Il y avait quelqu'un ou quelque chose au sous-sol. J'espérais seulement que ce n'était pas que des rats.

Au fur et à mesure que je descendais, l'humidité se faisait plus présente, couplée à des relents de moisissures. Un courant d'air me renvoyait le tout, me poussant à cacher mon nez dans la paume de ma main. La dernière marche se profilait. Je débouchais dans un long espace assez bas de plafonds où même moi je devais me courber pour ne pas frôler la pierre friable. Les soupiraux dispensaient une lumière à peine discernable. Me servant de mes sens exacerbés, j'avançais avec précaution. Bizarrement, plus un bruit filtrait depuis que j'avais posé le pied sur le sol cimenté. Avais-je rêvé le son qui m'avait poussée à descendre ? C'était peu probable, mais d'un autre côté, j'avais tellement envie de trouver un indice sur la localisation d'Ethan que je n'étais pas à l'abri d'une erreur. Une seule façon de le découvrir. J'hésitais à utiliser mon portable pour dispenser un peu de clarté et mieux discerner là où je mettais les pieds. Il n'y avait apparemment personne dans les parages actuellement.

Des déchets divers s'entassaient çà et là, bouteilles vides, sachets plastiques, emballages de nourritures de fast-food. Mon regard balaya tout cela, et je notais qu'ils n'avaient pas l'air de dater de plus d'une semaine. Quelqu'un vivait ou avait vécu ici, caché des inopportuns. Peut-être était-ce Ethan. Je continuais mon inspection avec attention. Soudain, je captais quelque chose d'incongru, dépassant à moitié de sous un bout de journal froissé. Mes doigts saisirent l'objet avec précaution. C'était bien ce que je pensais, une clé USB. Lui seul pouvait avoir laissé une telle chose ici. Il fallait que je la rapporte à Yorsha. La preuve de sa présence se trouvait sûrement à l'intérieur. Peut-être même avait-il voulu que l'on tombe dessus. Resserrant mes doigts autour du petit bout de plastique, je remontais rapidement l'escalier et allais rejoindre Tahlia. Pour cette première journée, nous n'avions pas tout perdu.

Protège-moi  - T.2: L'Alpha [ Terminé ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant