Chapitre 16.2

66 5 0
                                    


Le doigt sur la sonnette d'entrée, j'hésitais. Appuyer franchement. S'écarter d'un pas, le cœur battant, cacher ses mains tremblantes dans les poches de sa veste. Les secondes passèrent, amplifiant mon mal-être. Je ne cessais de me répéter que je n'aurais pas dû venir. Le bruit du verrou que l'on retire. La poignée tourna, annonce de l'imminence de l'ouverture. Je pris une brusque inspiration, abandonnant l'idée d'afficher un sourire sur mes lèvres crispées. La seule chose à laquelle je pouvais penser concernait la façon dont il allait m'accueillir. J'eus du mal à cacher mon soulagement lorsque j'aperçus la figure impassible d'un de leurs serviteurs. Un répit avant la confrontation. J'annonçais le but de ma visite d'une voix dénuée de conviction. Sans sourciller, il me fit signe d'entrer avant d'aller chercher le « jeune maître » comme il l'appelait. Je patientais donc, tout en me mordillant nerveusement la lèvre inférieure. Peut-être n'allait-il même pas daigner me voir, et me faire renvoyer par son employé. Je secouais la tête pour arrêter le flot de pensées négatives. Je serais fixée bien assez tôt. Des pas dans l'escalier principal. J'eus du mal à me retourner. Pourtant je ne pouvais plus me défiler à présent.

Sohren. Le regard glacial qu'il me décocha n'améliora pas mon anxiété. Je m'avançais dans sa direction. Il m'arrêta d'un geste impérieux puis finit de descendre. Il me dépassa, puis s'engagea dans le jardin, à l'arrière de la demeure. Décontenancée, je restais quelques secondes sur place, puis me décidais à le rejoindre. Il était venu, donc c'est qu'il avait l'intention d'au moins m'écouter, non ?

Sa silhouette longiligne se découpait dans la lumière de cette fin d'après-midi, faisant briller ses cheveux pâles. Je pris sur moi pour m'approcher d'un pas résolu et lui faire face. Il ne s'écarta pas, mais ne me salua pas pour autant. On passerait donc les formules de politesse. M'armant de courage, je décidais de lui exposer d'emblée l'objet de ma visite.

— Je suis venue m'excuser pour la dernière fois. Je... J'étais énervée et j'ai peut-être surréagi. Si on pouvait...

— Tu as vraiment du culot, finit-il par déclarer. Je n'aurai jamais cru que tu aurais l'audace de réapparaître devant moi, voilà bien de l'arrogance d'Alpha pour une fois.

Son ton sec me fit sursauter. J'ouvris la bouche pour me défendre, mais n'en eus pas l'occasion.

— Je me suis trompé sur ton compte, mais je ne ferais plus la même erreur. Retourne voir ton loup et n'espère pas que je soulagerais ta conscience. Tes paroles, ce soir-là, ne sont pas tombées dans l'oreille d'un sourd.

Mon regard vacilla alors que je tentais de reprendre contenance. Je voulais lui faire comprendre ce qui avait motivé mon geste, mais sans trouver les mots justes. Avais-je seulement le droit de chercher son pardon ? Il ne pouvait même pas m'adresser une phrase sans me cracher son mépris à la figure. Je finis par baisser les yeux. Il avait raison, j'étais quelqu'un d'horrible. Jamais je n'aurais dû entrer dans sa vie.
Je reculais doucement. J'allais m'en aller pour ne pas lui imposer ma présence plus longtemps.
Un ricanement éclata dans mon dos alors que je prenais la fuite, de nouveau. Pas besoin de me retourner pour en connaître l'origine.


— Oh ! c'est trop mignon, siffla la voix sarcastique. Dommage, je n'ai pas emporté de mouchoir avec moi. Tu pensais vraiment qu'il te pardonnerait ?

Tahlia se planta devant moi. Elle me surplombait de son mètre soixante-quinze.

— Laisse-la tranquille.

Je fus aussi surprise qu'elle pour le coup en entendant le jeune homme me défendre.
— Tu es si pathétique Sohren, susurra-t-elle. Elle te traite comme de la m...

— Tais-toi, lui intima-t-il avec colère. Et toi, dit-il en se tournant vers moi, rentre chez toi.
Je m'exécutais, me demandant s'il me congédiait ainsi pour m'aider ou pour ne plus avoir à me regarder. Peut-être un peu de deux.

Protège-moi  - T.2: L'Alpha [ Terminé ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant