Chapitre 30.1

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Le premier homme sur notre chemin n'eut pas le temps de comprendre ce qui lui arrivait. Je fondis sur lui d'un bond leste. Mes griffes se plantèrent profondément dans sa poitrine, ma gueule vint se refermer sur sa gorge. Son agonie fut brève et silencieuse. Je jetais un coup d'œil narquois à l'arme qu'il n'avait même pas eu l'occasion de pointer sur moi. Mon homme s'occupait du suivant avec une efficacité aussi redoutable. Mais déjà les deux autres rappliquaient en renfort, nous ayant repéré. Dépassant Arenht et sa proie, je m'élançais vers ma seconde victime, cette fois en prenant soin d'éviter la trajectoire de la balle qu'il m'envoya sans hésiter.

Plongeant sur le côté, je l'esquivais adroitement avant de m'abattre sur mon agresseur. Son visage grimaça de peur alors qu'il comprenait qu'il n'avait aucune chance de s'en sortir vivant. Il bascula en arrière sous la force de l'impact. Je ne le lâchais pas, attendant qu'il soit étendu sur le sol avant de le tuer. Moins de cinq minutes venaient de s'écouler et la voie devant nous était libre, enfin, pour le moment. Le coup de feu avait certainement alerté d'autres gardes. Reprenant notre apparence humaine, nous nous dirigeâmes vers les portes à présent libres d'accès.

Evidemment elles étaient fermées, mais ne nous résistèrent pas longtemps. D'un coup violent, Arenht fit éclater la serrure de la première. L'ouvrant avec précaution, nous demeurâmes saisis par ce qu'elle contenait. Effectivement nous avions atterri dans l'aile réservée à la détention. L'air saturé d'une forte odeur de sang me prit à la gorge, me rappelant la mort d'Ethan. Plaquant ma main contre mon nez, je refusais de craquer et suivais mon homme jusqu'au fond de la pièce. Là, dans un renfoncement, se trouvait un corps recroquevillé sur lui-même. Un léger mouvement soulevait encore sa poitrine zébrée de vilaines coupures. S'accroupissant à sa hauteur, Arenht toucha doucement son épaule. L'inconnu frissonna violemment, ses yeux s'ouvrirent, roulant avec affolement dans leur orbite. Puis il nous reconnus comme faisant partie de la même espèce. Une violente quinte de toux le secoua alors qu'il ouvrait la bouche pour parler. Dieu seul savait depuis quand il n'avait pas eu d'eau ou de nourriture. Son corps émacié ne récupérait pas comme il l'aurait dû. Mes ongles s'enfoncèrent dans la chair de mes paumes en voyant la torture qu'ils lui avaient infligée. Je me doutais qu'il avait dû avoir droit au même traitement que moi. Lui injecter du sérum pour l'affaiblir, le réduire à leur merci.

— On va te sortir de là, lui assura Arenht en l'aidant à se redresser.

— Trop tard, réussit à articuler l'homme.

— Ne dis pas ça.

— J'ai perdu trop de sang... Le traitement...n'a fait que précipiter les choses.

Sa respiration sifflante n'augurait en effet rien de bon. Déglutissant avec difficulté, il posa une main sans force sur le poignet de mon homme.

— Sauvez plutôt les autres. Dans les autres cellules.

Une nouvelle crise de toux le secoua. Du sang souilla sa bouche puis ses yeux se révulsèrent. Arenht jura avant de fermer les paupières de notre compatriote. J'essuyais les larmes embuant mon regard. Nous n'avions pas le temps de le pleurer, d'autres pouvaient être sauvés mais le temps nous était compté.

La seconde porte connue le même sort que la précédente. Cette fois je sentis la présence des nôtres aussitôt l'ouverture forcée. Je me précipitais à l'intérieur. Ils étaient là. Sans connaissance mais vivants et n'ayant pas subi trop de sévices à première vue. Solidement attachés au mur, Sohren et Tahlia gisaient, inconscients. Arenht avait vu juste, cela expliquait pourquoi la télépathie n'avait pas fonctionné. Les délier ne s'avéra pas aussi facile que prévu. Nos premières tentatives se soldèrent pas de vives brûlures.

— Ils ont aspergé les cordes avec leur sérum, pesta Arenht en retirant vivement sa main.

— Prend une de mes lames.

En évitant au maximum le contact avec leurs liens nous réussîmes à les libérer. Au cours de notre opération, Sohren commença à reprendre ses esprits malgré un regard encore dans le vague. Il ne tarda pas à nous prouver qu'il allait bien.

—Vous en avez mis du temps. On commençait à s'impatienter, lâcha-t-il.

— Nous aussi on est content de te voir, répliqua mon homme sans prendre la mouche.

L'alpha ne fit pas l'intéressant longtemps. Son visage redevint grave en avisant la jeune femme toujours inconsciente à ses côtés et dont un bleu marbré sa tempe droite. Ses lèvres se tordirent d'une colère sourde.

— Ils vont payer ces salauds, promit-il.

— En attendant il faut que l'on sorte d'ici rapidement, rappela Arenht. On a maîtrisé les gardes mais des renforts vont certainement arriver.

Sohren acquiesça puis se leva avant de s'occuper de Tahlia. Il lui caressa doucement la joue, repoussant ses longues mèches rousses en arrière.

— Je m'occupe d'elle.

Je vérifiais rapidement que la voie était libre avant de leur faire signe de me suivre. Les autres pièces se trouvaient tout au bout du couloir étroit. Celui-ci faisait ensuite un coude avant de s'évanouir dans l'obscurité vers une autre aile. 

Protège-moi  - T.2: L'Alpha [ Terminé ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant