Protège-moi - T.2: L'Alpha [ Terminé ]

Chapitre 23.3

La pluie martelait les vitres du Complexe avec une régularité quasi hypnotique. Le rythme scandé par les gouttes s'éclatant les unes après les autres sur la surface vitrée me berçait inexorablement. Mes paupières se fermèrent. J'allais juste me reposer quelques secondes et après je serais opérationnelle. Oui, juste prendre ces quelques secondes. Un claquement brusque sur la surface de la table me réveilla en sursaut. La lumière avait déclinée sensiblement, le jour laissant la place à la nuit. Je m'étais assoupie plus longtemps que prévu. Mon regard glissa sur le responsable du bruit. Je ne fus pas surprise de reconnaître le meilleur ami de mon homme. Son sourire goguenard acheva de faire fuir les dernières traces de sommeil de mon esprit.

— Quoi? On a pas le droit de fermer les yeux deux minutes sans être dérangée?

— Dis plutôt une demi-heure. Je t'aurais bien laissé roupiller à ton aise si encore tu le faisais silencieusement.

Vexée de son sous-entendu, je me levais et pris le parti de ne pas répondre à sa pique.

— Oh mais faut pas le prendre mal Lynee, ça doit être ton côté animal qui ressort.

Bien sûr, il ne manqua pas de s'esclaffer, s'amusant de voir mes joues virer à l'écarlate. Me gardant bien de lui faire le plaisir de répliquer vertement, je me contentais de le foudroyer du regard puis opérais une sortie la plus digne possible après ce réveil intempestif. Le maudissant entre mes lèvres serrées, je fis un rapide détour par les toilettes pour m'éclaircir les idées avant de rejoindre les autres dans la salle d'armement.

L'ambiance, loin d'être à l'amusement et à l'étalage de nos armes de prédilection, me mit directement dans les conditions requises. Je m'attelais à la tâche dès mon arrivée. Sortir mon arsenal de lames, examiner le tranchant de chacune avec minutie, les manier pour vérifier la souplesse de mes muscles et enfin m'équiper en les rangeant dans les emplacements adéquats autour de ma taille. Ainsi parée, je rejoignis les autres au parking souterrain.

Les voitures se mirent en route, nous entraînant vers notre cible. A l'intérieur, une concentration extrême se lisait sur les visages. Certains vérifiaient une dernière fois leurs armes et leur harnachement, d'autres, lèvres serrées, gardés le regard braqué droit devant eux, comme impatients d'en découdre, puis d'autres enfin, comme moi-même, tentaient de combattre la pression en écoutant de la musique. Si seulement cela fonctionnait... En tout cas, je ne pouvais me défaire de l'angoisse qui montait lentement en moi. Ma main chercha machinalement celle de mon compagnon avant de s'y agripper nerveusement. Sans se retourner, il affermit la prise de ses doigts autour des miens, me communiquant un peu de sa force. Je pris une profonde inspiration puis me remémorais les événements nous ayant mené à cet instant. Le sérum, Ethan... Une bouffée de colère ne tarda pas à chasser le début de panique qui couvait en moi. J'étais prête à leur faire payer toute la souffrance qu'ils nous avaient infligé. Un coup d'œil autour de moi me fit prendre conscience que je n'étais pas seule. Nous étions tous embarqués dans la même guerre, solidaires face à l'ennemi. Je ne pouvais m'appesantir sur ma petite personne.