Protège-moi - T.2: L'Alpha [ Terminé ]

Chapitre 34.3

Je fus soulagée de constater que l'effet de l'argent s'était complétement dissipé. Ma louve apprécia de pouvoir fouler de nouveau à toute allure les chemins boisés et je dus canaliser son enthousiasme pour ne pas allonger le trajet. Une fois devant l'immense porte d'entrée, je n'eus pas besoin de sonner. L'un des battants s'étaient déjà écarté, comme pour m'inviter à pénétrer à l'intérieur. Comme si l'on m'attendait... Sohren avait dû sentir ma présence aux abords de sa propriété. Difficile d'avoir un effet de surprise avec nos dons de télépathie. Justement en parlant du loup...

J'eus un choc en le voyant. Il était méconnaissable. Mon cœur se serra douloureusement en ressentant ses émotions. Je n'avais même pas besoin de faire d'efforts pour lire en lui, il ne retenait rien. Sans réfléchir, je m'avançais vers lui et le pris dans mes bras. Il se raidit à mon contact puis ses muscles se relâchèrent.

— Ce n'est pas de ta faute, furent les premiers mots qui me vinrent.

Il se contenta d'inspirer lourdement. Je levais les yeux vers lui pour croiser son regard.

— Comment va-t-elle ?

Il ferma un instant les paupières comme pour se ressaisir avant de me répondre enfin.

— Mieux. Physiquement en tout cas.

Il plongea enfin ses prunelles hantées dans les miennes.

— Ce psychopathe lui a retourné le cerveau.

Je cillais à ses paroles. J'en savais quelque chose. Malgré son trouble, il le remarqua.

— Tu en as bavé toi aussi. Ça va ?

Il effleura doucement ma joue. Son geste me procura un certain apaisement.

— Je m'en remets, il le faut bien.

— Je m'en veux tellement de n'avoir pas été là...

Je l'arrêtais, posant un doigt sur ses lèvres.

— Ça ne sert à rien de te culpabiliser, tu ne pouvais pas savoir, aucun d'entre nous ne le pouvais.

Il me fixa un moment sans rien dire.

— Je le sais bien. Tu veux passer voir Tahlia ? Un peu de visite lui changera les idées.

— C'est pour ça que je suis venue.

Il haussa un sourcil.

— Ah bon ? Ce n'était pas pour moi ? Tu m'en vois peiné.

— Désolée de briser ton petit cœur monsieur l'égoïste.

Il ricana tout en m'ébouriffant les cheveux puis m'emmena voir sa fiancée.

Elle reposait dans un vaste lit, adossée à un nombre impressionnant d'oreillers. A première vue elle semblait aller mieux à en juger par les revues qu'elle feuilletait avec affectation et la moue boudeuse sur ses lèvres.

— Mon cœur, tu m'as rapporté ma tasse de thé? J'espère que tu as pensé aux gâteaux à la cannelle.

Sohren toussota pour attirer son attention. Lorsqu'elle détacha enfin les yeux du magazine, elle bloqua un temps sur ma personne avant de reprendre un air que je lui connaissais bien. Son regard dédaigneux ne m'affecta pas, j'avais appris à voir au-delà de l'image qu'elle voulait se donner.

— Aylyn est venue prendre de tes nouvelles.

— Elle aurait pu s'épargner le voyage en appelant, rétorqua la jeune femme en retournant à ses revues de mode. Je croyais que tu tenais Declan au courant de ma guérison.

— Je préférais venir en personne, voir si tu avais besoin de compagnie, me justifiais je.

— Comme tu peux le constater j'ai tout ce qu'il me faut, rétorqua-t-elle en lançant une œillade significative en direction du jeune alpha.

Ne sachant plus quoi dire, je cherchais un moyen poli de m'éclipser sans donner l'impression de prendre lâchement la fuite. Je n'étais vraiment pas douée pour les relations amicales avec les femmes. Sohren finit par venir à ma rescousse.

— Ma chère fiancée est fatiguée d'où son manque de civilité, dit-il en souriant. Je raccompagne Aylyn et je te monte ta tasse juste après.

Il alla l'embrasser.

— Et je n'oublie pas tes gâteaux.

Elle lui sourit et je dus avouer que cela changeait radicalement sa physionomie. Elle paraissait plus douce en femme amoureuse. Cela me rassurait de les voir ainsi, si complices. L'arrogant alpha me surprenait aussi, je ne l'aurais jamais imaginé être ainsi aux petits soins pour elle, répondant au moindre de ses caprices. Je les laissais donc entre eux, rassurée sur leur état et me précipitais rejoindre mon homme.