Chapitre 29.2

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Nous trouvâmes dieu sait comment une pièce suffisamment sécurisée pour y rester un temps assez long à l'abri. Il ne nous restait plus qu'à attendre le lendemain. Tout contact était coupé avec le reste de notre groupe. Il valait mieux pour nous rester dans cette cachette jusqu'au coucher du soleil. Toute tentative de passer les lignes ennemies en plein jour ne reviendrait qu'à risquer inutilement nos vies. Nous ignorions les forces en présence sur le terrain, et la topographie même des lieux. L'obscurité serait plus propice pour nous faufiler hors de ce dédale de pièces et de couloirs. Je les avais menés tout droit dans un piège en m'aventurant dans cette zone. Si je ne m'étais pas fait bêtement attrapée par le Groupe L, aucun d'entre nous ne serait en danger de mort actuellement. Je plongeais ma tête entre mes genoux, la culpabilité m'étouffant, douloureuse. Nos équipes étaient désormais éparpillées dans leur base, peut-être certains aux mains même de nos ennemis. Un gémissement passa la barrière de mes lèvres serrées.

Il se porta à ma hauteur, m'agrippant par les épaules, me forçant à lui faire face.

— Arrête de te torturer inutilement. Tu n'es pas responsable de ce qui se passe.

Je l'entendais mais le sentiment persistait à me lacérer les entrailles. Il me tira par les mains pour me relever, me forçant à réagir.

— Eh! Ma puce, regarde-moi. On est là tous les deux, les autres se sont sûrement abrités comme nous. Ce sont des agents entraînés et conscients des risques de cette mission. Nous aurions fini par entrer dans ce complexe, tu le sais aussi bien que moi.

Il m'attira contre lui et je l'empoignais avec désespoir. J'avais plus que jamais besoin de lui, de sa chaleur, de le sentir contre moi. Il avait apparemment la même exigence. Il s'empara voracement de ma bouche. La peur qui nous prenait aux tripes rendait nos gestes urgents, fiévreux.

Mes mains remontèrent sous son tee-shirt, le long de son dos, l'attirant toujours plus près de moi. Ce n'était pas suffisant. Il tiraillait aussi sur mes vêtements, ayant soif d'un contact plus étroit avec ma peau. Nos souffles haletants résonnaient dans la pièce alors que nous n'en finissions plus de nous perdre l'un dans l'autre, accrochés tels des naufragés au corps de l'autre. Juste donner libre cours à cette faim qui nous tenaillait. La pierre râpeuse contre mon dos, je ne m'en souciais pas, son étreinte teintée de violence était tout ce dont j'avais besoin après cette journée aussi noire que l'enfer, juste sentir sa peau brûlante sous mes paumes avides, rendues maladroites dans mon empressement à le caresser. Nous aimer pour ne plus penser, pour oublier, pour nous sentir vivants malgré tout.

C'est une douce caresse sur ma joue qui me réveilla. J'émergeais difficilement, ayant du mal sur le coup à me rappeler où nous nous trouvions. Puis tout me revint. Ainsi j'avais tout de même réussi à dormir et vu tout ce que nous avions traversé, j'en avais bien besoin. Par contre, en avisant les traits tirés de mon homme, je sus qu'il avait veillé mon sommeil sans prendre sa part. L'inquiétude me fit froncer les sourcils. J'aurais dû lui proposer de prendre chacun un tour de garde pour qu'il se repose lui aussi. Il se pencha vers moi et m'embrassa. J'étais sûre qu'il savait ce que je pensais, il me connaissait si bien.

— Ne t'en fais pas, j'ai encore des réserves d'énergie. Si tu savais toutes les nuits blanches que j'ai faites dans mes différentes missions. Tu avais besoin de te reposer et les quelques heures que tu as eu n'étaient pas de trop.

— Quelques heures...?

— On va pouvoir tenter une sortie si tu te sens d'attaque.

Je me relevais, lui prouvant que ça allait mieux. Non pas que je ne voulais plus dormir mais il ne fallait pas traîner ici. J'aurais tout le temps de profiter de mon lit une fois rentrés chez nous. C'est sur cette vision idyllique de mon matelas que je me redressais totalement. De plus, il me tardait d'avoir des nouvelles de nos amis. J'espérais qu'ils avaient eu autant de chance que nous pour s'abriter. Arenht me saisit la main pour sortir.

Protège-moi  - T.2: L'Alpha [ Terminé ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant