Protège-moi - T.2: L'Alpha [ Terminé ]

Chapitre 27.3

Je ne retournais pas tout de suite à l'intérieur, préférant faire le tour à l'extérieur et peut-être croiser Trenan et Antonh. Maintenant que l'adrénaline du combat retombait peu à peu, je me rappelais que Sohren, Tahlia et Sheren devaient être partis à notre recherche. Je me concentrais pour le contacter. Tout ce que je réussis à ressentir fut un fort sentiment de panique et de colère mêlée. Mon rythme cardiaque s'accéléra d'un coup. Quelque chose leur était arrivé à eux aussi. J'essayais de garder ce lien ténu avec son esprit et de suivre sa trace. Je n'avais encore jamais fait cela mais je tentais le tout pour le tout. C'est au pas de course que je remontais cette piste, tellement focalisée sur elle que je manquais de tomber lorsque mes pieds heurtèrent des objets métalliques. M'arrêtant brusquement je me baissais pour identifier ce que j'avais percuté. Mes yeux s'agrandirent de stupeur. Non, ce n'était pas possible. Elle ne les aurait jamais abandonnées, pas de son plein gré. Nous avions la même dévotion pour nos armes. Les doigts tremblants j'effleurais le dessin délicat les ornant. Puis je saisis l'une des lames de Tahlia gisant sur le sol. J'en soupesais le poids, différent de mes lames à lancer. Ils allaient payer. La rage brûlante qui me prenait aux tripes ne serait assouvie qu'en faisant couler leur sang. Je comprenais à présent l'état qui dévorait Arenht quand la bête prenait possession de lui. Toute cette colère, cette haine qui ne demandait qu'à être expulsée, canalisée. Essuyant grossièrement le sang qui maculait mon visage, je me dirigeais vers l'arrière du bâtiment. Ils étaient là, je le sentais. Mes proies.

En arrivant dans la pièce où mes ennemis se tenaient, je pris conscience de la présence d'un autre loup-garou sur les lieux. Lui. Ses cheveux pâles étaient plaqués sur son front, prenant une teinte d'un blond plus foncé, or sombre accentuant le bleu glacé de ses prunelles. Ses doigts fins enserraient la crosse de son arme avec une férocité que je ne lui avais jamais vue. Il plissait les yeux sous la pluie battante mais gardait sa cible en joue sans faiblir. Ma louve sentait sa soif de sang, intense, obsédante.

Lorsque je reconnus sa cible, un grognement sourd s'échappa de mes lèvres.

"A moi", pensais-je avec force.
Sohren se tourna vers moi surpris. Son regard dériva vers l'arme dans ma main avant de croiser le mien.
— Où est-elle?

Je savais évidemment de qui il parlait mais je n'avais aucune réponse à lui fournir. Tout ce que je savais c'était qu'une de ses lames s'étaient retrouvées abandonnées.

— Je ne sais pas. Il n'y avait plus personne quand je suis arrivée, juste son arme.

Je vis sa mâchoire se crisper, seul signe visible de son inquiétude.

— Laisse-la-moi! lui intimais-je de vive voix.

Il ne broncha pas, ne donnant aucun indice sur le fait qu'il m'ait entendu ou non.

— Elle est à moi, Sohren, répétais-je.

La jeune femme eut un mauvais rictus en me détaillant. Echevelée, maculée de terre et de sang, Lahra n'avait plus rien à voir avec la beauté blonde qui avait arpenté les couloirs du Complexe. Pourtant je n'en tirais aucune satisfaction. Je voulais juste me venger. Surtout, je n'avais aucune intention de me faire ravir ma proie. J'étais prête à me battre toutes griffes dehors pour me l'assurer.

— Sohren, grondais-je.

Il baissa lentement son bras armé en soupirant.

— C'est bon, elle est à toi.

Un sourire carnassier s'étala sur mes lèvres en jaugeant la jeune femme. Celle-ci garda son assurance, me défiant du regard. J'enregistrais le couteau qu'elle tenait. Au moins, le combat serait intéressant. Ma louve exprima son envie de sortir et de goûter au sang de notre ennemie. Pas tout de suite. Je voulais lui faire tâter un peu de cette lame. S'ils avaient mis la main sur Tahlia, se servir de ces armes seraient la moindre des choses.

— Je m'en occupe. Va retrouver Tahlia, lui soufflais-je.

Il me jeta un dernier regard avant de partir.

— Fais attention à toi, me lança-t-il en pensée.