Chapitre 37.4

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Quand Lucius ne fut plus qu'à un mètre ou deux de l'homme, il jura brièvement avant de couvrir la distance restante et de le soutenir. Visiblement, il était dans un sale état. Arrivés à leur hauteur, Arenht et moi étouffèrent un cri. Notre chef, car c'était bien lui, tenait à peine sur ses jambes, l'une d'elle profondément déchiquetée. Mon homme fut le plus rapide à se reprendre. Se débarrassant de sa chemise, il se servit de celle-ci pour constituer un garrot qu'il serra au-dessus de la blessure du chef. Celui-ci serra violemment les dents mais n'émit aucun son. J'observais les mouvements rapides et précis d'Arenht. Declan en avait bavé. Le visage tuméfié, il nous adressa un sourire crispé. Je tentais de lui répondre par le même biais, mais c'est plus une grimace qui tordit mes lèvres qu'autre chose. Il murmura quelque chose à Lucius qui opina gravement, avant de le laisser aux bons soins de mon homme.

— Viens avec moi Aylyn, m'intima le chef alpha.

Sans poser de question je le suivis en direction du brouhaha qui continuait à se faire entendre. Je me doutais de la cible qu'ils avaient l'intention d'emprisonner. Tanëhl. Acculé contre un mur, il grondait en direction des renforts. Sa fourrure lourdement imprégnée de sang luisait sous la lumière des lampes torches braquées sur lui. Ramassé sur lui-même, il ne faisait que retarder le moment de sa défaite. Son regard se braqua vivement vers moi et une pensée éclata brutalement dans mon crâne.

— Le spectacle te plaît-il toujours autant ?

Je demeurais muette, saisie par son ton sarcastique. Non, il ne me plaisait pas du tout. Je n'avais jamais voulu autant de violence et de souffrance. Si seulement nous avions pu l'arrêter avant. Je secouais lentement la tête tout en lui envoyant une dernière pensée.

— Rends-toi.

Il sembla se figer, les yeux plongés dans les miens, puis s'élança d'un bond vers les agents qui le tenaient en joue. Une détonation. Je fermais les yeux, nauséeuse. Lucius posa sa main sur mon épaule. Déglutissant difficilement, je me forçais à les rouvrir, puis à regarder la scène. J'expirais d'un coup. Son corps gisait à terre, la pluie plaquant ses poils soyeux, les rendant aussi sombre que le sang qui le tâchait.

— Ils l'ont anesthésié.

Je le regardais sans comprendre.

— Une flèche tranquillisante. Fortement dosée cela va sans dire. On n'allait quand même pas lui laisser une occasion d'échapper à ses actes aussi facilement.

— En effet. La mort aurait été une punition trop douce.

Arenht nous rejoignit, supportant le chef. Celui-ci riva ses prunelles sombres sur la forme inerte du loup roux. Nous raconterait-il la fin du combat ou garderait-il le mystère sur son dénouement ? Le principal était qu'il respirait encore. Venant renforcer le soutien d'Arenht, Lucius passa son bras sous celui de son ami et ensemble, ils le menèrent jusqu'à l'un des véhicules garés non loin de l'intervention. Declan fut déposé sur la banquette arrière avec le plus de douceur possible. Le moindre mouvement semblait le faire souffrir atrocement. Lucius prit place devant, côté passager et donna ses instructions au chauffeur, un des loups de la meute alliée. Il était important de soigner le chef au plus vite. Les blessures infligées par Tanëhl étaient loin d'être anodines. Alors qu'ils s'éloignaient, mon homme m'attira contre lui et je me laissais bercer dans ses bras. C'était enfin terminé. Cela me semblait encore irréel. La peur était un poison subtil dont les effets avaient du mal à se dissiper même quand la source de ce sentiment disparaissait. Notre étreinte me fit du bien et je le sentis se détendre peu à peu, son souffle régulier m'apaisant. Nulle trace de passion, juste un besoin de tendresse calme et serein. Nous allions pouvoir reprendre le court normal de nos vies. J'avais l'impression d'émerger d'un long cauchemar. Bien sûr, il fallait encore s'occuper des prisonniers, de leur jugement mais cela pouvait attendre, le lendemain en tout cas. Cétait aux chefs de clans qu'allait incomber cette lourde tâche. J'eus une pensée pour les victimes. Elles allaient être enfin vengées même si leur perte faisait toujours aussi mal. Je songeais à mon oncle. Je comptais être présente pour lui, après tout nous faisions partie de la même famille.

Protège-moi  - T.2: L'Alpha [ Terminé ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant