Protège-moi - T.2: L'Alpha [ Terminé ]

Chapitre 16.1

Dans la salle de réunion du Complexe, les membres des deux meutes venaient de terminer la synthèse de leurs efforts sur le terrain. Le moral en avait pris un coup, même si la petite aventure de Sheren eut le mérite de détendre un instant l'atmosphère. De nos rapports, ressortait le côté illogique des attaques perpétrées par les humains modifiés du Groupe L. Nos échecs pour les appréhender tenaient pour beaucoup de leur absence de stratégie. Declan et Lucius souhaitaient continuer leur coopération, sans que nos actions se résument à des coups d'épée dans l'eau. Les missions seraient mises en place au fur et à mesure et sous réserve d'informations pertinentes. À l'annonce des agents requis pour la première, je réprimais une grimace. Arenht me serra la main, conscient de mon état d'esprit. Mes espoirs de passer du temps avec lui venaient de disparaître en fumée. Après la semaine confinée dans un appartement avec les autres membres de l'équipe, apprendre qu'il s'en allait pour plusieurs jours fut difficile à avaler. Je contins pourtant ma frustration. Vu les évènements, je ne pouvais me permettre d'agir avec égoïsme. Il partait le lendemain avec Argaëhl. Cela nous laissait une soirée en tête à tête. En croisant le regard de mon homme, je notais que nous nous trouvions sur la même longueur d'onde. Une fois la séance levée, on ne s'éternisa pas, bien décidés à en profiter.

La nuit s'acheva trop vite à mon goût. Malgré le peu de sommeil engrangé, Arenht devait se rendre de bonne heure au Complexe pour les dernières vérifications. Je l'accompagnais, grappillant autant que possible des moments à ses côtés. Il ne se plaignait pas de me voir coller à lui. Sa main ne me quitta pas du trajet. Cette séparation allait se révéler difficile pour nous deux. Avant de rejoindre Argaëhl, mon homme m'entraîna vers l'armurerie pour une dose de baisers. C'est le souffle court et les joues rouges que je laissais sortir, le temps de me remettre de cet intermède. Quand il émergea du bureau de Declan, accompagné de son coéquipier, je me nichais une dernière fois contre lui.

Cette journée allait s'étirer, je le pressentais. Après un entraînement rapide, je traînais dans la cuisine. Le désœuvrement me fit cogiter et je repensais à l'absence étrange de Sohren lors du rassemblement de la veille. Était-il occupé ailleurs ou bien me fuyait-il ? Je ne pouvais m'empêcher de me sentir coupable de la façon dont je l'avais agressé. Depuis, je n'avais plus eu aucune nouvelle de lui. Je m'en voulais de l'avoir blessé. L'idée d'aller mettre les choses au clair avec lui me pétrifiait de peur.

— Perdue dans tes pensées, ma belle ?

Bien que j'aie entendu la personne arriver, je sursautais à ces paroles. Doc ! Il était de retour ! Faisant volte-face, je le serrais contre moi. Puis, m'écartant, je le frappais.

— Ça, c'est pour avoir été absent au pire moment possible !

Il se massa le bras, une moue contrite sur le visage.

— J'ai appris pour Sheren. Désolé Ayl. C'est pour ça que tu n'as pas l'air dans ton assiette ?

Je fuyais son regard inquisiteur, reprenant la contemplation de ma tasse.

— Rien à voir, bougonnais-je.

Je le sentis s'approcher et m'attraper doucement par les épaules. Je me laissais aller, sachant que je finirais par tout lui dire comme d'habitude. Cela m'avait manqué de ne pas pouvoir me confier à lui, surtout concernant Sohren. Je me voyais mal aborder le sujet avec mon homme. Doc écouta sans m'interrompre.

— Discuter avec lui me paraît le meilleur moyen d'arranger les choses. Cela ne sera sûrement pas simple, mais au moins tu seras fixée, me conseilla-t-il.

Il avait raison bien entendu. Je le remerciais, puis le questionnais sur son voyage. Il y avait rencontré un confrère avec lequel il avait pu s'entretenir de l'élaboration du remède au sérum. Celui-ci n'était pas encore au point, mais il restait optimiste pour la suite. Je ne devais plus reculer désormais, profiter du peu de courage que m'avait insufflé Doc.