Chapitre 12.3

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— Arenht, je...

Ma phrase se termina sur un cri. Il venait de saisir mon bras dans sa gueule, refermant ses puissantes mâchoires sur ma chair. Serrant les dents pour ne pas hurler, j'affermis ma prise autour de son cou, y enfouissant mon visage. Haletante à cause de la douleur aiguë qui me transperçait, je m'efforçais de continuer à lui parler.

— Arenht, c'est moi, Aylyn. Reprends le dessus, tu peux le faire. Je... Je sais que tu peux le faire. Arenht, je...

Ma tête commençait à tourner, mes idées s'embrouillaient alors que mon sang imbibait progressivement le sol. Même ma bouche refusait de bouger.

« Je t'aime Arenht ».

Cette pensée enfla dans mon esprit, cette chaleur qui s'épanouissait en moi grâce à lui. Je laissais cette émotion me submerger, balayer la douleur de mon corps et la propulsais vers lui. Peut-être la ressentirait-il ? Alors que je me sentais perdre connaissance, je croisais le regard ambré du loup et y décelais une lueur. Il fixait le scintillement léger de mon pendentif juste à hauteur de ses yeux. Mon membre fut soudain libéré et je glissais sur le sol sans force. La bête gémit avant de se transformer. Une main chaude vint se poser sur ma joue en tremblant. Puis j'entendis un bruit de tissus déchiré. Quelques instants après, je sentis que l'on bandait mon bras. Mes paupières se soulevèrent avec difficulté. Je parvins tout de même à discerner Arenht penché sur moi, les traits défaits. Il terminait de nouer le pansement de fortune là où il m'avait mordue. Mes lèvres esquissèrent un pauvre sourire. J'arrivais à lui saisir la main. Il croisa mon regard, le sien hanté par l'horreur et la culpabilité.

— J'ai réussi, murmurais-je malgré ma faiblesse.

Il m'observa comme si j'étais devenue folle. Déglutissant péniblement, je serrais autant que je le pouvais ses doigts.

— À te faire revenir.

— J'ai failli te tuer cette fois-ci, Ayl. Je ne vois pas de quoi se réjouir.

Je secouais lentement la tête, encore étourdie par la perte de sang.

— Tu ne te débarrasseras pas de moi aussi facilement. Ce qui compte vraiment c'est que tu aies repris le dessus sur la bête.

Il baissa la sienne, ses mèches humides retombant devant ses yeux.

Je le laissais se remettre, encaisser le coup. Je me doutais que ce n'était pas évident pour lui. Je me redressais, me sentant déjà un peu mieux. Je me félicitais d'être un loup-garou, sinon, les choses auraient vite dégénéré. Il paraissait si mal. Ma main vint effleurer ses cheveux. Il la saisit avant d'y déposer un baiser. Il m'attira vers lui. Je me glissais dans ses bras avec joie.

— Moi aussi je t'aime, me souffla-t-il à l'oreille, m'envoyant des frissons partout dans le corps.

Je me pelotonnais davantage contre lui, mon nez contre son cou.

— Arenht...

— Oui ?

— Cette rumeur n'est qu'un mensonge. Je n'ai aucune idée d'où elle vient.

— Je suis désolé d'avoir perdu la tête comme ça. Tu n'es pas Tahlia.

Je n'aurais pas dû manquer de confiance en toi. C'est juste que dès qu'on mentionne le nom de cet Alpha, j'ai tendance à m'énerver.

— Je sais.

En moi-même, je me promis d'aller mettre les choses au clair avec celui-ci dès le lendemain. Il ne pouvait pas balancer une telle bombe et s'en tirer sans dommage.

— De qui vient cette rumeur au fait ? Il n'est pas passé au Complexe à ce que je sache, alors qui...

— Tahlia.

Je me crispais à ce nom. J'aurais dû me douter qu'elle ne manquerait pas de s'immiscer dans l'affaire. Il me caressa doucement le dos, conscient de la tension qui avait envahi mes muscles.

— Oui, j'ai été un total idiot de l'écouter, surtout elle.

— Elle sait où appuyer pour faire mal, complétais-je avec amertume.

Je commençais à voir la corrélation avec la soirée de la fête des clans et mon altercation avec la jeune femme. Pas besoin de l'expliquer à Arenht, il devait se douter qu'elle avait agi par pure jalousie.

M'aidant à me relever, mon homme passa son bras autour de ma taille pour me soutenir. Je me reposais avec bonheur contre lui et nous regagnâmes le Complexe.

Protège-moi  - T.2: L'Alpha [ Terminé ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant