Protège-moi - T.2: L'Alpha [ Terminé ]

Chapitre 13.2

J'essayais de ne pas baisser les yeux. Je ne le laisserais pas prendre l'avantage. Il avait beau me dépasser d'une bonne tête, il ne m'impressionnait pas.

— Retire ce que tu viens de dire, grogna-t-il mauvais.

— Pas moyen, répliquais-je.

— Tu penses pouvoir me balancer ça de cette façon et t'en sortir sans que je réagisse ?

— Je m'en moque. Vas-y, hurle-moi dessus si tu en as envie.

Un sourire sans joie étira ses lèvres.

— Ne me provoque pas, tu risquerais de le regretter.

Je le défiais du regard. Je ne retirerais pas mes paroles. Je les assumais totalement.

— Si c'est comme cela que tu veux la jouer, alors...

Il plongea brusquement vers moi, me prenant par surprise. Je n'eus pas le temps d'esquisser un seul geste qu'il m'avait plaqué contre lui, m'écrasant presque sous son étreinte.

— Lâche-moi tout de suite, sifflais-je d'une voix blanche.

Il me serrait tellement que je ne pouvais plus bouger, même respirer était difficile.

— On ne défie pas aussi impunément un alpha, tu devrais le savoir.

Un sourire cruel zébra sa figure. Je déglutis, la peur commençant à me tordre les entrailles. Je ne l'avais jamais craint, enfin, jusqu'à maintenant. Il se pencha, son visage à quelques centimètres du mien. Je détournais la tête, fuyant son regard glacial. Comment en était-on arrivé là ?

Ses lèvres se plaquèrent sur les miennes. Effarée, je mis quelques secondes à réagir. Je tentais de me dégager de son étreinte, mais il me serrait bien trop fort contre lui. Je réussissais finalement à m'arracher à sa bouche et le fixais avec incrédulité. Que cherchait-il ? Haletante, j'essayais de reprendre mes esprits alors qu'il me gardait toujours prisonnière de ses bras. Mon impuissance me fit craquer.

Des larmes de peur et de rage mêlées embuèrent mes yeux. Les muscles tétanisés, je ne pouvais qu'attendre son prochain geste. Il ne bougeait pas, immobile, mais tendu.

— Je ne supporte pas de te voir pleurer, murmura-t-il en me relâchant. Tu as gagné, je me déteste encore plus que d'habitude.

Sa voix douloureuse me poignarda le cœur. Il se détourna et s'en alla, la tête baissée, les poings serrés à l'extrême. Je restais là, les bras ballants, les lèvres marquées, fixant sa silhouette qui s'éloignait. Je voulus le retenir, dire quelque chose. À présent que ma colère s'était retirée, telle une marée sombre, je prenais conscience de la brutalité de mes paroles, de leur méchanceté. Hagarde, je demeurais tremblante en plein vent, les larmes s'échappant comme autant de pointes amères. Je le vis se transformer et galoper vers la forêt, tâche fantomatique qui s'estompa dans le lointain.

Mes doigts se portèrent à ma bouche, glissant le long de mes lèvres. J'étais encore sous le choc de ce baiser volé. Celui-ci s'apparentait à un geste punitif, mais je n'étais pas assez naïve pour croire qu'il n'y avait rien eu de plus. La rumeur, même s'il n'en était pas l'instigateur, s'appuyait sur un minimum de vérité, son attirance pour moi. C'était indéniable. Et je ne savais pas comment réagir face à cela. Je tentais de vider mon esprit, ce qui n'était pas chose aisée. Malgré moi, son étreinte m'avait troublée. Je passais de la fille seule que personne ne regardait, à une situation improbable où les rivalités n'étaient pas loin d'éclater. J'enfouissais la tête entre mes mains, souhaitant disparaître.

Trempée jusqu'aux os, je remontais péniblement l'allée pour rejoindre l'abri de la voiture. Je ne voulais pas croiser le maître des lieux dans cet état et encore moins avoir à expliquer ma présence chez lui.