Chapitre 34.1

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Alors que le désespoir avait semé le doute dans mon esprit, la porte s'ouvrit de nouveau. Non pas lentement, précédé d'un bruit de clés, mais avec une explosion qui fit trembler les murs.

— Declan, murmurais-je, avec le peu d'énergie me restant.

Incapable d'y croire je fermais les paupières avant de les rouvrir. Ce ne pouvait être qu'une hallucination. Pourtant il était toujours là quand je regardais de nouveau.

— On va vous délivrer, le temps presse, notre diversion ne durera pas longtemps.

Je me demandais comment il allait nous débarrasser de ces chaînes en argent, quand Sheren apparut derrière le chef, une large pince à la main. Un maigre sourire étira mes lèvres à la vue de son arsenal. Au moins ils étaient équipés. Les liens défaits, il me rattrapa. La faiblesse de tous mes muscles ne me permettait pas de rester debout. Je n'étais qu'un poids mort, une plaie à vif. Chaque mouvement envoyait une vague de douleur dans le moindre de mes nerfs. La tête me tournait mais je tentais de rester appuyée contre le mur en attendant qu'ils délivrent les deux autres. Arenht n'avait toujours pas repris connaissance. J'en étais malade d'inquiétude. Declan le saisit avant de le soutenir dans ses bras.

— Il respire encore, me rassura-t-il en croisant mon regard paniqué.

Je n'avais pas la force de lui révéler tous ce que j'avais appris ici. La jeune femme rousse fut à son tour détachée. Elle ne disait mot, pas encore remise des révélations de son frère. Nos deux sauveurs nous jetaient des coups d'œil inquiets, tout en sachant qu'il faudrait attendre d'être sorti de cet enfer avant d'entendre notre récit. Alors que je me demandais comment ils comptaient nous emmener dans l'état où nous étions, une troisième personne émergea du sombre couloir. Argaëhl. Il surveillait la sortie en attendant que les autres nous détachent. Il retint un juron en découvrant notre état, ses yeux se réduisant à de minces fentes d'un noir d'encre. En avisant Tahlia, sa rage sembla monter d'un cran, il serra les poings jusqu'à s'en faire blanchir les phalanges. Elle faisait partie de sa meute. Quand il la prit en charge, elle se laissa faire, apathique. Ils nous entraînèrent, ou plutôt nous portèrent hors de ces murs sombres.

Débouchant dans un tunnel humide, faiblement éclairé par intermittence, je m'efforçais de ne pas être totalement un poids mort, puisant dans mes dernières ressources pour tenir au moins jusqu'au véhicule nous attendant. Declan veillait à me maintenir consciente et m'insufflait le courage de continuer de mettre un pied devant l'autre. Je ne quittais pas des yeux les deux hommes devant nous. Sheren portait plus qu'il ne soutenait son meilleur ami qui ne semblait toujours pas avoir repris connaissance. Le retour jusqu'à notre base se fit dans le silence. Point de blagues salaces de la part de Sheren, ni de taquineries entre les gars. Les visages portaient tous les traces douloureuses de notre traversée des enfers.

On nous installa dans une pièce transformée en infirmerie pour pouvoir nous mettre ensemble, chacun sur un brancard. Je ne détachais pas mes doigts de ceux d'Arenht. Même si j'étais à peine consciente, sa santé me préoccupait bien plus. Il n'avait toujours pas repris conscience et son souffle était à peine perceptible. Malgré mes poignets douloureux, je ne voulais pas le lâcher, couper le contact avec sa peau. J'avais trop peur qu'en m'éloignant, il sombre encore plus. J'espérais qu'il ressente ma présence. Doc arriva rapidement à notre chevet. Quand il commença à m'ausculter, je le repoussais. Il devait d'abord s'occuper d'Arenht, je pouvais attendre. Mon statut d'alpha me rendait légèrement plus force et je commençais lentement à récupérer. Il n'insista pas, comprenant que je n'en démordrais pas. Lorsqu'il fit l'inventaire des blessures de mon homme, je surpris ses traits se crisper sous l'émotion et l'inquiétude. De voir son ami dans un tel état ne devait pas être facile. Il lui mit une perfusion pour accélérer la guérison naturelle de son corps. Une fois qu'il eut terminé, il s'épongea le front de sa manche avant de croiser mon regard.

— Il va s'en sortir.

Je me laissais retomber sur le fin matelas. Jusque-là j'étais demeurée tendue, en attente du verdict. Mes muscles se firent douloureusement sentir mais je m'en moquais.

Il s'occupa ensuite de mes blessures, pour la plupart en cours de guérison. Les plus profondes étaient celles infligées à nos esprits. Il passa une main douce sur les bleus marbrant mes bras et mon visage. Je me laissais soigner, pour une fois insensible à l'atmosphère d'hôpital qui régnait. Je ne bronchais pas quand il me mit une perfusion.

— Je t'ai mis un peu de somnifère pour aider à t'endormir. Sans rêves, précisa-t-il le regard douloureux.

Il se doutait que ce qu'on avait vécu était horrible, indescriptible. Je serrais sa main en signe de reconnaissance, la gorge trop nouée pour répondre. Refoulant mes larmes, je jetais un dernier regard à mon homme avant que les drogues fassent leur effet et que je sombre dans le sommeil.

Protège-moi  - T.2: L'Alpha [ Terminé ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant