Chapitre 10.3

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La porte s'ouvrit, puis se referma. Je l'entendis accrocher son manteau puis avancer dans la pièce. Le reflet que me renvoyait le miroir émit un pâle sourire. Je décidais à aller à sa rencontre quand je le surpris dans l'encadrement. Mon sourire s'effaça en découvrant l'état de sa figure. Un côté de celui-ci portait les traces sanglantes d'une confrontation loin d'être amicale. Je retins un cri.

— Tu es blessé ! Qu'est-ce...

Sa bouche se posa avec gourmandise sur la mienne, me faisant taire par la même occasion.

— Rien de grave, une explication avec un gars de la meute chez qui nous allions qui a un peu dérapé. Je m'en tire avec une égratignure, l'autre par contre t'aurais dû le voir...

— Je m'en moque de l'autre !

Je me défis de son étreinte pour prendre de quoi le nettoyer. Il se laissa faire lorsque je passais le gant mouillé sur sa joue. Effectivement, les marques avaient à peine entamé sa chair.

— Rassuré ? demanda-t-il comme s'il avait lu dans mes pensées.

Je levais la main, mais avec un sourire, il me saisit le poignet au vol, m'attirant tout contre lui.

— J'en ai de la chance que l'on prenne soin de moi quand je rentre. Maintenant, parle-moi de toi. Tu n'as pas l'air dans ton assiette.

Je me nichais contre son torse, l'étreignant avec force. Il me garda dans ses bras. Lorsque je le relâchais, je l'entraînais vers le lit et lui tendis le paquet de feuilles.

— J'ai récupéré ce dossier dans les affaires de mes parents, enfin, parents adoptifs. C'est... Ce sont...

Je me tus, le temps de réprimer l'émotion qui me gagnait. Arenht détacha ses yeux du premier feuillet.

— Des lettres de ta mère. Oh, ma chérie. Viens là.

Je me réfugiais de nouveau contre lui, laissant la vague me traverser avant de refluer. Je m'accrochais à lui, inspirais son odeur. Petit à petit, je me repris. Allongée à ses côtés sur le lit, je lui confiais le contenu de cette correspondance, de cette ébauche de lien tissé avec ma mère biologique. Je lui parlais de cette certitude : m'éloigner d'elle, d'eux, avait été une décision déchirante pour elle. Il écouta patiemment, ses doigts caressant mon dos en des gestes apaisants. Quand j'esquissais à mon tour des aléas sur sa peau, il vint cueillir mes lèvres. Je me lovais contre lui, ayant besoin de son contact, répondant avec de plus en plus de désir à ses effleurements taquins. Il ne se fit pas prier pour me dévorer la bouche.

J'émergeais lentement, bien au chaud sous les draps et contre le corps endormi de mon homme. Je me pelotonnais contre lui tout en me repassant la soirée d'hier. Riche en émotions était un euphémisme. Mes doigts jouèrent avec la chaîne autour de mon cou. Celle-ci supportait un délicat pendentif représentant la silhouette d'un loup à l'intérieur d'un croissant de lune. Je me mordillais la lèvre en repensant à ma surprise. Quelle tête en l'air je faisais ! Oublier la Saint-Valentin, ma première Saint-Valentin. J'avais des circonstances atténuantes, mais tout de même. Devant mon désarroi, Arenht n'avait pourtant pas perdu le nord. Il s'était empressé de me souffler quelques suggestions le concernant. J'en étais presque venue à remercier mon étourderie.

Attablés sur le comptoir du coin repas, nous avalions un rapide déjeuner avant de partir au Complexe.

— Au fait, je me suis entraînée contre Tahlia hier, lâchais-je d'un ton anodin.

Il me regarda par dessous sa mèche rebelle.

— Et ?

— Elle m'a mis une raclée. Mais je compte bien prendre ma revanche aujourd'hui.

Ses yeux pétillèrent.

— Je ne doute pas de toi, ma belle.

Il vint m'attraper par la taille et déposa un baiser dans mon cou, avant de remonter vers mes lèvres. Je ne connaissais pas meilleur stimulant que lui. 

Protège-moi  - T.2: L'Alpha [ Terminé ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant