Chapitre 35.2

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Lors d'un tour dans l'armurerie, je m'étais amusée à faire l'inventaire des lames en stock. J'avais eu l'impression de tomber sur un coffre au trésor en dénichant la collection que possédait le Complexe. Il y en avait de toute sorte, de formes et matériaux différents. Parmi cet arsenal, je dénichais une boîte ancienne à la serrure ouvragée. Je dus un peu forcer, mais le mécanisme céda et je pus jeter un coup d'œil à l'intérieur de l'écrin allongé. J'eus une exclamation d'émerveillement devant le poignard ainsi révélé à ma vue. Il était magnifique et manifestement très ancien. Cédant à ma curiosité, je sortis l'objet à l'air libre, en jouant avec agilité, mes doigts dessinant les contours affûtés de la partie métallique. Vraiment léger et maniable. Examinant le boîtier à la recherche d'une indication sur le propriétaire ou l'origine de cet objet d'art, j'avisais une inscription élégamment tracée à l'encre rouge. Lorsque je déchiffrais l'écriture déliée, j'eus un frisson et un mouvement de recul me fit lâcher l'arme et la boîte. Il devait y avoir une erreur. Ma main tremblante récupéra l'écrin et relut les mots. La mention « lame en argent pur », suivie d'un avertissement: « ne pas manipuler à mains nues » y était toujours présente. J'examinais ma paume. Aucune réaction. Je repris le poignard en main. Mes doigts errèrent sur la lame brillante sans qu'aucune douleur ne me traverse. Je réprimais malgré tout un frisson instinctif lorsque ma peau entra en contact avec le métal froid. Je n'avais pas encore testé l'effet de celui-ci s'il me déchirait le bras. Mais concernant ce point, je n'étais pas particulièrement pressée d'en être avisée. Pour en avoir le cœur net je passais par le bureau de Doc. Il me confirmerait de quel matériau était constitué la lame. Peut-être qu'elle ne contenait qu'une infime partie d'argent et que j'avais développé une certaine résistance à son contact. Je fourrais le boîtier dans le sac contenant mes affaires d'entraînement puis me dépêchais de rejoindre mon ami.

Heureusement il n'avait pas quitté son repère. En quelques mots je lui racontais ma découverte. De suite il demanda à voir l'objet en question, affichant une vive curiosité. La théorie folle selon laquelle l'argent ne me faisait plus rien ne l'étonnait pas plus que cela, au contraire, il envisageait déjà les avantages, recherchait l'origine de ce phénomène. C'est comme si je voyais son cerveau fonctionner à toute allure juste devant moi. Il déballa l'arme avec précaution et posa le bout d'un doigt sur la lame. Il le retira aussitôt, une grimace tordant brièvement ses lèvres.

— Je peux te confirmer qu'elle est fabriquée principalement à base d'argent. Ça ne m'étonnerait pas que cela soit de l'argent pur au vue de la brûlure que je viens de recevoir.

Il le leva devant moi. Mes yeux s'écarquillèrent de surprise en constatant la trace rouge vif s'étalant sur sa chair. Il m'observa alors que, fascinée, je renouvelais mon expérience devant lui. C'est au creux de ma main que je déposais la lame, entrant en contact directe avec celle-ci. Doc retint son souffle avant de bondir, surexcité, lorsqu'il constata qu'aucune douleur ne me traversait.

— C'est incroyable, Ayl ! Tu te rends compte que l'argent n'est plus une faiblesse pour toi !

Je ne pus m'empêcher de rire en voyant dans quel état il était. Cela faisait longtemps que je ne l'avais pas vu aussi enthousiaste.

— C'est vrai que c'est pas mal.

— Pas mal ? Génial tu veux dire ! Si on arrive à trouver d'où te viens cette immunité soudaine, imagine les possibilités pour les loups-garous !

Il commença à me bombarder de questions sur ce que Tanëhl ou ses acolytes auraient pu m'injecter, avec quels produits j'avais été en contact. Je tentais de répondre mais fut bientôt noyée sous son flots de paroles. J'attendis donc qu'il se calme, incapable d'en placer une.

— Il ne m'a rien donné Doc. Désolée pour cette piste mais elle ne mène nulle part. Je ne comprends pas d'où ça vient. Quand il nous a enchaîné, je peux t'assurer que la morsure de l'argent m'atteignait autant que les autres.

— Ça ne te dérange pas si je te prends un échantillon de sang ? me demanda-t-il avec des yeux implorants.

Je grimaçais à l'idée de l'aiguille mais acceptais tout de même. Si cela pouvait apporter des réponses.

Avant de partir, je lui demandais de ne pas ébruiter notre découverte pour l'instant. Nous avions peu d'éléments encore pour expliquer ce qui m'arrivait et je préférais ne pas encore passer pour une bête de foire, en tout cas, pas tout de suite. Il hocha la tête puis se plongea dans ses recherches.

Protège-moi  - T.2: L'Alpha [ Terminé ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant