Protège-moi - T.2: L'Alpha [ Terminé ]

Chapitre 11.2

— Une petite danse pour passer le temps ? proposa-t-il en se tournant vers la piste où des couples se dirigeaient.

— S'il le faut.

— À moins que tu ne préfères que je choisisse une autre partenaire.

— Je ne crois pas que cela sera nécessaire.

Il s'amusa de l'éclair de jalousie dans mon regard.

— De toute façon, je n'aurais pas accepté un refus.

Il m'entraîna au milieu de la pièce. Plus rien n'exista autour de nous dès qu'il m'enlaça, ses yeux m'envoûtant.

— Je me rappelle la première fois que je t'ai vu danser, souffla-t-il tout contre ma joue. Dans cette boîte de nuit. Tu semblais portée par la musique, si sexy.

— Je ne me sentais pas à l'aise pourtant.

— J'ai eu des envies de meurtre quand ce garçon te collait.

— Heureusement que tu es intervenu, même si tu es parti trop vite.

— J'avais peur que tu me reconnaisses, avoua-t-il, et de ne pas pouvoir résister.

— Et moi qui pensais que tu regrettais de m'avoir sauvé.

— Jamais de la vie.

Il se pencha vivement vers moi, posant ses lèvres sur les miennes. Un baiser bien trop bref, mais on était entouré de trop de monde pour laisser libre cours au feu qui nous animait. Le morceau prenait fin justement, nous sortant de notre bulle.

Alors que l'on finissait notre danse, Sohren se matérialisa à côté de nous. M'écartant un peu d'Arenht, je le regardais, incertaine. Une ébauche de révérence et il tendit sa main vers moi.

— Si mademoiselle veut bien m'accorder la prochaine.

Je me tournais vers mon partenaire, guettant sa réaction à cette demande. Il dut prendre sur lui, car il m'incita à accepter. Autant montrer l'exemple et rester dans l'esprit de cette soirée, la bonne entente entre les clans. J'embrassais mon homme avant de poser ma main dans celle de l'Alpha. Je cherchais du regard sa cavalière, mais aucune trace d'elle dans cette salle. Je me doutais qu'elle n'apprécierait pas de me voir au bras de son fiancé ou bien elle ne manquerait pas l'occasion de danser avec Arenht. Je m'efforçais de ne pas y songer.

Le bras de Sohren enlaça ma taille, l'autre venant saisir ma main. L'air d'une valse se déversa autour de nous et il m'emporta dans le rythme de la musique, menant avec agilité. Malgré mon faible niveau dans cette discipline, je n'avais qu'à me laisser guider. Il dansait aussi bien qu'Arenht. Je finis par me détendre et apprécier le moment. De temps en temps, je croisais son regard. Troublée par l'intensité avec laquelle il m'observait, je coupais chaque fois le contact. Il se doutait de mon manège, un sourire jouant au coin de ses lèvres alors qu'il me faisait tournoyer avec élégance. La valse se termina. Il me lâcha comme à regret, me baisant la main avant de s'éloigner. Il allait sûrement rejoindre Tahlia à présent.

Je cherchais des yeux mon homme quand ses bras vinrent se refermer autour de ma taille d'un geste possessif et tendre à la fois. Le connaissant il avait dû rester attentif au moindre mouvement de l'Alpha, veillant à ce qu'il ne se permette pas trop de privautés. Dès la fin de la danse, il avait certainement commencé à se diriger vers nous. Je me laissais aller contre lui, heureuse de retrouver sa chaleur, même si ce moment avec Sohren n'avait pas été aussi étrange que je le redoutais.

— Alors cette danse ? murmura-t-il au creux de mon cou.

— Pas si mal, le taquinais-je, avant d'ajouter, mais tu le surpasses haut la main.

Je sentis son rire vibrer contre ma peau, envoyant des frissons courir le long de mon échine.

— Que penses-tu d'aller boire un verre pour te remettre de tes émotions ?

— Je ne dirais pas non.

En direction du buffet, Antonh nous interpella, apparemment soulagé de tomber sur des visages connus. Voyant qu'ils avaient envie de discuter entre eux, je les laissais. Je rassurais Arenht en l'informant que je sortais prendre l'air. Dans la salle, les chefs de clans et les membres de leur meute formaient une foule compacte qui occupait quasiment tout l'espace. La porte-fenêtre s'ouvrit et une brise fraîche me frôla délicatement la peau. Mes bras nus accueillirent avec bonheur cette caresse légère. Levant la tête, j'observais le ciel nocturne, les milliers d'étoiles sur le vaste rideau de ténèbres au-dessus de moi. Là encore, un souvenir resurgit. Un peu plus loin se trouvaient les jardins où Arenht m'avait emmenée pour me soustraire aux regards de la foule. Il s'était porté à mon secours tellement de fois que je ne les comptais plus. J'effleurais les pétales de roses blanches qui garnissaient les côtés de l'allée. Des éclats de voix percèrent soudain la quiétude de la nuit. M'orientant par rapport aux sons, je débouchais près du belvédère. Sohren et Tahlia. Je ne m'attendais pas à tomber sur eux.

Ils se trouvaient en pleine discussion à ce que j'en voyais. Elle faisait de grands gestes, apparemment bien énervée. A contrario, Sohren restait statique, les bras croisés. De l'endroit où je me tenais, je n'arrivais pas à capter son expression. Était-il crispé, détaché ? Je ne savais pas pourquoi cela me préoccupait autant. J'allais m'en aller pour les laisser à leur discussion privée, mais ils me prirent de vitesse.

Elle partit de son côté, à grands pas décidés. Lui resta immobile, le regard perdu dans le lointain. Puis, il tourna la tête dans ma direction. Gênée qu'il m'ait vue les surprendre, je me détournais prestement.

— Aylyn. Pourquoi te trouves-tu toujours là où l'on ne t'attend pas ? murmura-t-il en pensée.

Je tressaillis.

— Désolée, je ne voulais pas vous observer, m'excusais-je. Je marchais et...

— ... et tu nous as entendus, compléta-t-il.

— Je n'ai rien entendu, précisais-je.

— Cela aurait pu être instructif pourtant.

— Vos affaires de couples ne m'intéressent pas.

Sur ces mots, je m'éloignais de lui.