Protège-moi - T.2: L'Alpha [ Terminé ]

Chapitre 36.2

Je la sentis prendre possession de moi, s'extirper avec grâce et prendre sa propre enveloppe charnelle. Mes membres s'étirèrent avec souplesse, la force brute m'envahit, délicieuse. Lorsque mes yeux se rouvrirent tous mes sens étaient à leur maximum, comme à vif. Je dardais mon regard affûté sur ma cible, laissant un grognement s'échapper de mes babines retroussées. Peu à peu se fut la pièce entière qui retentit de grondements rauques, chacun s'étant décidé à laisser parler son instinct animal pour régler l'affaire une bonne fois pour toute. Restant à une distance sécuritaire, Tanëhl prenait soin de ne me laisser aucune ouverture, longeant le mur sans nous quitter du regard. Il avait un plan ça ne faisait aucun doute. Alors même que nous étions à trois à le traquer il gardait une assurance qui m'inquiétait. Je jetais fréquemment des coups d'œil derrière nous, m'attendant à voir surgir ces derniers cobayes. Ils ne tarderaient pas à faire leur apparition. Lucius attaqua le premier, sa patience ayant atteint sa limite.

Tanëhl choisit cet instant précis pour se métamorphoser. C'était la première fois que je le voyais sous sa forme animale. Je devais avouer qu'il était impressionnant, son pelage d'un roux flamboyant. Une brusque détente le fit s'écarter de la trajectoire du chef alpha. Les mâchoires de celui-ci claquèrent à quelques centimètres à peine de notre ennemi. Alors que j'allais saisir à mon tour l'occasion de me jeter sur lui, une silhouette que je ne connaissais que trop bien entra dans mon champs de vision. Je stoppais mon mouvement aussitôt.

Ces longs cheveux blonds, la même démarche gracieuse et si énervante. Lahra. Impeccable comme d'habitude, en tout cas pour le moment. J'allais m'assurer qu'elle ne le resterait pas longtemps. Ferghus de son côté avait lui aussi choisi sa propre cible. Il se dirigeait vers son fils. Je frissonnais en imaginant combien il devait être difficile pour lui de se battre contre son propre sang, mais je comprenais qu'il ne pouvait pas laisser un autre s'en charger. Un sifflement perçant me fit tourner la tête et gronder. Elle se permettait de me rappeler à son attention tel un chien. Je me transformais rapidement et allais à sa rencontre, la tête haute et le regard braqué sur son sourire vicieux. J'espérais qu'elle s'était préparée pour ce combat, je n'allais pas lui faire de cadeau. Elle m'entraîna dans une pièce attenante, où nous avions ainsi toute la place nécessaire pour notre duel. Je n'allais pas m'en plaindre. J'avais l'intention de concentrer toute mon attention sur elle.

Une fois suffisait, je ne lui laisserais pas l'occasion de m'humilier davantage. Dans ses mains brillaient deux poignards. Elle s'était équipée depuis la dernière fois. Le combat n'en serait que plus intéressant. J'avais l'intention d'en savourer chaque échange, chaque goutte de sang que je ferais jaillir de sa chair. Je ne doutais pas qu'elle avait pris la précaution de tremper ses lames dans leur nouveau poison. Elle serait surprise de voir comment je réagirais cette fois-ci. Je laissais mes lèvres s'étirer en un sourire légèrement moqueur. Ses yeux restèrent fixés sur moi, attentifs à ma position. Au moins, elle avait l'intelligence de me craindre un minimum. De mon côté, je ne la sous-estimais pas non plus. Les coups bas je commençais à connaître et cette fois pas question qu'elle remporte la bataille. Je m'avançais avec une apparente désinvolture, mes lames argentées se balançant entre mes doigts au rythme de mes pas.

— Cela faisait longtemps, non ? dit-elle d'un ton amusé. Cette fois je ne compte pas te laisser la moindre chance de te relever. La dernière fois, si Tanëhl ne m'avait pas spécifiquement demandé de te laisser en vie, je t'aurais achevé avec plaisir.

J'eus un rire bref dépourvu de joie. Mon énervement monta d'un cran mais j'essayais de ne pas me laisser envahir par ce sentiment. Garder l'esprit clair était vital. Je me mis en position, évaluant mes différentes options, la distance qui nous séparait et les mouvements qu'elle pourrait faire. La marge de manœuvre restait mince.

— Oh, tu veux te la jouer imperturbable ? Tu te crois vraiment supérieur à moi, n'est-ce pas, s'énerva-t-elle en crispant ses lèvres. Je me demande toujours ce qu'il te trouve.

Je tiquais à l'évocation d'Arenht. Je n'avais toujours pas digéré qu'elle ait pu poser ses mains sur lui et sa bouche entre autre chose. Je pris une profonde inspiration en veillant à ne pas montrer mon trouble. J'avais bien compris son jeu. Ma première lame partit et alla se planter derrière elle, non sans avoir laissé une traînée sanglante sur son bras droit. Elle chancela avant de me lancer un regard haineux. Un lent sourire étira mes lèvres alors que je me repositionnais et allais jusqu'à croiser mes bras d'un air détaché. Je la vis littéralement bouillir de rage.

— Ce n'était qu'un avertissement. Tu parles trop, on ne te l'a pas déjà dit ?

— Tu ne perds rien pour attendre sale louve.

— Je prendrais ça pour un compliment. Je vais au moins faire l'effort de t'affronter sous ma forme humaine pour te laisser une chance de me toucher.