Showcases

592 28 27
                                    

Le showcase à Paris a lieu le 14 janvier, alors autant dire que la date arrive plutôt vite.
Le trajet de Caen à Paris se fait en petit van. On a presque 3h de route et on est six : Skread, Ablaye, Clem, Gringe, Orel et moi. Clem ne les suit pas tout le temps d'habitude, mais quand ils vont à Paris, il les accompagne pour filmer quelques trucs avec sa fidèle caméra.
Le trajet est loin d'être calme, sans grande surprise. C'est Skread qui conduit et il ne prend même pas la peine de leur dire de baisser d'un ton tellement il doit avoir l'habitude. Le bruit atteint son paroxysme lorsqu'ils décident de mettre de la musique. Orel, qui est sur la banquette de devant avec Skread et Ablaye, nous dit qu'il va mettre ce qu'il écoutait au début de son adolescence.

- J'espère que c'est du Mylène Farmer, dit Gringe à ma droite.

On est sur la banquette arrière, lui est au milieu et Clem est à sa droite. Derrière nous, il y a tout le matos.
Je ne savais même pas qu'ils avaient besoin de matos pour faire des showcases.

- Non, et puis arrête avec ta Mylène. J'vais vraiment finir par t'emmener la voir en concert.

- Tu pourrais pas me faire plus beau cadeau mon pote...

- Je sais ce qu'il va mettre, intervient Clément, ma chambre collée à la sienne pendant des années s'en rappelle encore trop bien.

Orel ricane et monte le son.
J'imaginais entendre un Boom-Bap caractéristique du rap des années 90, puisque que je le sais fan du rap américain de ces années-là, mais c'est de la guitare électrique qui résonne dans le petit van.
C'est le morceau Thunderstruck de AC/DC, pour être exacte. C'est marrant, j'aime bien ce morceau, mais je n'imaginais pas du tout Orel le mettre maintenant.

- Depuis quand t'écoutes du rock toi ? je lui crie pour me faire entendre.

- Depuis toujours ! J'étais surtout un fan de rock avant d'écouter du rap.

Vu la façon dont Gringe et Clem miment les paroles (et les instruments), ils ont l'air de beaucoup apprécier aussi. Même Ablaye et Skread secouent la tête. Bon, en fait, on finit tous par chanter les paroles en criant comme des cons. Ça doit être un drôle de spectacle à voir pour les autres conducteurs qui nous doublent sur l'autoroute.

- N'empêche que ça vaut pas Mylène, lâche Gringe quand le morceau vient de s'achever.

Une fois à Paris, après presque 3h dans ce van à chanter faux sur toutes sortes de chansons, on va manger un bout.
Eux sont déjà venus à plusieurs reprises mais pour ma part c'est la première fois que je mets les pieds dans la capitale. Caen me paraissait grand quand j'y suis arrivée, débarquant tout droit de la campagne, mais ce n'est rien face à Paris qui est immense.

Je les aide comme je peux le soir à installer ce dont ils ont besoin. Pendant les répétitions, le propriétaire de la boîte vient nous rendre visite. Il est très sympa et nous prévient qu'il y aura beaucoup de monde ce soir.

- J'peux vous dire qu'ils vous attendent, et à mon avis, ils seront chauds, lâche le barbu en s'adressant au duo.

- Tant mieux. On va bien assurer le truc alors, hein Orel ?

- Ouais. Ils seront pas déçus.

Moi aussi j'ai hâte de les voir. J'ai même hésité à aller dans la fosse, pour voir, quand j'y réfléchissais chez moi. Mais bon, moi et la foule... surtout que les gens risquent d'être surexcités. J'ai moyennement envie de me faire secouer dans tous les sens ou d'être pressée comme un citron pourri. Ou alors d'avoir trop chaud et de manquer de m'étouffer.
Ouais. J'ai la possibilité d'avoir une place bien plus confortable, alors pour une fois que je suis VIP quelque part, ce serait bête de ne pas en profiter.
À 22h, on est dans une salle à boire des coups avec des gens qu'on ne connaît pas. Enfin que je ne connais pas. Je crois qu'il y a des gens du milieu de la musique, des gars qui travaillent dans cette boîte et qui en tiennent d'autres dans Paris, et d'autres personnes qui font je ne sais quoi dans la vie. Ces gens-là ne font pas vraiment parti de leurs supporters, de mon point de vue. Je les vois plus comme leurs... collègues lointains. C'est ça. Ce sont comme des collègues de boulot. En tout cas tous les gars semblent à l'aise et discutent avec le sourire. Ils ont déjà dû prendre leurs marques depuis la sortie de l'album. Et puis même avant, ils étaient déjà plus ou moins dans ce milieu. À plus petite échelle, certes, mais tout ça ne leur est pas totalement inédit.
Même si de mon côté je ne l'ouvre pas tant que ça, je suis toujours près de l'un d'eux alors je suis inclue dans la conversation quand quelqu'un vient en entamer une. Je bois du champagne dans une jolie coupelle et me contente surtout d'observer et d'écouter, et ça me va très bien.

Sous InfluenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant