Discussion

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J'ai envie de savoir qui c'est. Je sais que c'est une mauvaise idée de m'approcher comme je suis en train de le faire.
Mais bon, au point où j'en suis... je pourrai toujours faire semblant de longer le skate park, comme je fais d'habitude.
Je reconnais facilement cette silhouette de profil.
C'est Aurel. Mon cœur s'emballe.
Je commence à reculer, discrètement, pour ne pas qu'il me voit. Il tourne la tête au même moment. Je prie pour qu'avec la pénombre, il ne me reconnaisse pas.

- Qu'est-ce que tu veux toi ?

Je m'immobilise. Il m'a reconnue ou non ? Je n'ose rien dire, rien faire. Je suis comme paralysée.

- Oh j'te parle, t'es qui ? Pourquoi tu m'observes ?

Je regrette d'avoir eu cet élan de courage.
Je dois me forcer à répondre quelque chose, si je ne veux pas avoir d'ennuis.

- Désolée, je... passais juste. Pardon encore, j'y vais...

- Quoi, Ariana ?

Je grince des dents.

- Euh... ouais. Enfin... Ariane.

- Ah ouais, merde. Tu fous quoi ici en pleine nuit ?

C'est un peu la honte, quand même.

- Je suis juste passée à la boulangerie.

- J'vois. Bah viens t'asseoir, dit Aurel en désignant la place libre à côté de lui du menton.

Quelque chose me dit que refuser encore une fois n'est pas la meilleure des choses à faire. Je songe à mes parents qui m'attendent.
Il ne m'en faut pas plus pour prendre la décision de rester.
Je m'approche timidement d'Aurel, puis m'assois à ses côtés, les pieds dans le vide.
Puis il y a ce silence. Je n'ose même plus respirer. Il dure au moins, quoi... cinq minutes ? Les cinq minutes les plus longues de ma vie.
Je me demande vraiment ce que je fous là. Pourquoi je reste ici ? Avec lui ? Il avait l'air de me détester et tout d'un coup, ma présence ne le dérange plus. Et moi ? Je ne l'apprécie pas spécialement, je crois. Je ne le connais pas en fait. Je ne connais rien de lui. Si ça se trouve, il compte me faire un sale coup, raconter des choses à mon sujet, je ne sais pas, il veut peut-être se venger et...

- Tu sais comment j'm'appelle au moins ? me coupe-t-il dans mes réflexions.

La blague. Bien sûr, que je le sais.

- Ouais... On m'a parlé de toi. Aurel, je crois.

"Je crois".
J'en mettrais ma main à couper.

- C'est ça. Qui t'a parlé de moi ?

- Euh, mes amies, quand je suis arrivée.

Il s'étend en arrière, appuyé sur ses coudes.

- Celles avec qui t'étais l'autre jour ? Quand Gringe est venu te parler ?

- Oui, voilà.

Aurel a un petit rire et secoue la tête.

- Ah ouais, des coincées, quoi.

Super.
Je trouve sa remarque blessante, encore. Il faut que j'arrête d'être susceptible comme ça.
J'hésite à m'excuser pour la veille. Je sais bien qu'un simple "désolée" ne va pas me sauver de tout, mais je trouve ça plus poli.

- Hum... désolée, au fait. Pour hier. J'ai été débile de réagir comme ça.

Le silence s'étend sur plusieurs longues secondes. Je ne sais plus ou me mettre. J'aurais peut-être dû me taire, au final.

Sous InfluenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant