Sous Influence

Radio Phœnix

La relation que j'ai avec ma famille s'empire. On se supporte de moins en moins. Enfin, surtout moi et mes parents. C'est effrayant à quel point il n'y a plus aucune communication et à quel point j'ai du mal à ressentir un quelconque amour envers mon père. Nous n'avons jamais partagé une bonne relation lui et moi, mais depuis que nous sommes arrivés à Caen, ça se dégrade de jour en jour. Je ne sais même pas ce qu'il cherche à faire en me traitant comme une merde. À me faire partir, peut-être, mais c'est illogique sachant qu'il refuserait catégoriquement que je me barre de cette maison avant mes dix-huit ans.
Je suis persuadée que c'est lui qui a un impact majeur sur mon mental. C'est lui qui contribue le plus à mon mal-être. J'ai mit du temps à le réaliser, mais maintenant que je le sais, je ne vais pas me détacher de cette idée.
Lors de mes heures de lycée, la semaine après la nuit à l'hôtel, j'ai beaucoup pensé à celle-ci et à ce qui a pu se passer. Plus précisément à mon comportement. Je ne vais pas continuer d'insinuer et dire clairement quel est le problème : j'ai essayé de chauffer Orel, comme il l'a dit. Je voulais son attention, je voulais principalement qu'il me touche, qu'il m'embrasse, que l'on se rapproche. Tout ça en étant sobre et dans un état tout à fait normal. Consciente et déterminée, en plus de ça. Sans parler de cette attitude plus qu'agaçante de procéder, quand j'y repense.
C'est déjà arrivé que, dernièrement, les choses soient un peu chaudes entre lui et moi. Je pense par exemple à quand il m'a invitée chez lui et Gringe entre midi et deux, et que nous avons fumé. Mais voilà où est le soucis : nous avions fumé. Là, j'avais une excuse (pas forcément très valable, certes, mais une petite excuse quand même). Mais la nuit dernière, je n'ai jamais été dans un état aussi normal. Alors qu'est-ce qui m'a prit ?
Ce n'est pas que je me trouve dégoûtante d'avoir eu des envies. Je n'ai plus douze ans et il faut arrêter de se voiler la face : c'est assez normal à mon âge. Ce qui l'est moins, par contre, c'est le fait d'avoir fait ça tête baissée sans réfléchir aux événements antérieurs.
J'ai moi-même la désagréable impression d'oublier trop vite tout ce qui a pu se passer. Oui, Orel n'a pas vu Cassandra et ça m'a rassuré de l'apprendre. Oui, il est plus attentionné et gentil depuis qu'il m'est arrivé cette histoire dans le bar et qu'il est allé casser la gueule aux deux autres ordures. Oui, il ne semble pas s'en foutre complètement de moi, puisqu'il s'est montré inquiet par rapport à mon alimentation, à ma santé mentale, et à ce que j'aurais pu tenter avec Gringe.
Mais avant tout ça ? Cette fameuse fois où il m'a rejetée assez froidement, tout ça parce que j'étais vierge et que visiblement ça ne lui convenait pas ?
Il avait bu, oui, et plus que moi, mais ça n'excuse pas son comportement. Il m'avait blessée. Je m'étais sentie mal dans mon corps après ça, va mal dans ma tête, c'est là que ça a commencé à s'intensifier. J'ai bu, fait une crise de panique, le lendemain. Il m'a ignorée à la soirée d'après, a même emballé une énième fille sous mes yeux, et c'est seulement lorsqu'il a vu qu'un garçon me collait un peu trop pour lui qu'il a daigné revenir vers moi et me prendre contre lui comme si de rien n'était. Moi, j'étais bien trop à bout pour réfléchir, ses bras étaient tout ce que je souhaitais, alors je l'ai laissé faire. Mon père en a rajouté une couche quand je suis rentrée chez moi. Je suis repartie aussi vite, il m'est arrivé ce qui m'est arrivé. Et depuis qu'il est devenu plus attentionné comme je l'ai dit plus tôt, je n'ai même plus pensé à cet incident qui m'a pourtant heurtée.

Merde, mais j'ai des pertes de mémoire ou quoi ? Comment j'ai pu passer outre et reprendre comme s'il n'y avait rien eu ? Et surtout, comment j'ai pu vouloir recommencer sans me soucier de rien ?

Voilà donc pourquoi le reste de la semaine, mon cerveau surchauffe. Je sais pourquoi j'ai fait comme si de rien n'était ; beaucoup trop aveuglée par le bonheur de le retrouver. Tellement dépendante de lui que j'ai préféré tout oublier. Mais la nuit à l'hôtel a comme été un déclic et je me suis rendue compte des choses.